Malte à nouveau accusé de refoulements de migrants, cette fois vers l’Égypte
Plusieurs ONG opérant des sauvetages en mer Méditerranée ont accusé le gouvernement maltais d’avoir donné l’ordre à un navire marchand de faire cap sur l’Égypte, en septembre, après avoir secouru une vingtaine de migrants à proximité de l’île européenne.
Malte est une nouvelle fois soupçonné de refoulement de migrants en mer Méditerranée. Quatre ONG ont accusé, mercredi 19 octobre, le gouvernement de La Valette de violation du droit international. Selon elles, le Centre de coordination des secours en mer de Malte (RCC) a ordonné à un navire marchand d’amener en Égypte des migrants secourus, fin septembre, à moins de 300 kilomètres des côtes maltaises.
Malte a violé une partie de la Convention de Genève de 1951 qui stipule que les États ne doivent pas expulser ou renvoyer une personne « aux frontières de territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée », ont ainsi alerté les ONG Alarm Phone, Mediterranea Saving Humans, Médecins Sans Frontières (MSF) et Sea-Watch.
Interrogé par Reuters, le gouvernement maltais n’a pas répondu aux questions de l’agence de presse sur cette affaire.
Un sauvetage « considérablement » retardé
Les ONG ont déclaré que l’incident s’est produit le 26 septembre, lorsque 23 migrants qui étaient en mer, à bord d’une petite embarcation, depuis quatre jours, ont été sauvés par le navire marchand Shimanami Queen.
« Le Centre de coordination des secours en mer de Malte (RCC) a donné des instructions aux navires marchands se trouvant à proximité immédiate du bateau en détresse de poursuivre leur voyage ou de rester en attente, ce qui a considérablement retardé le sauvetage, mettant ainsi des vies en danger », ont fait savoir les ONG.
>> À lire : Le drone de Frontex « facilite les interceptions et les retours en Libye » d’après des ONG
Après le sauvetage, le RCC de Malte a demandé au Shimanami Queen d’emmener les personnes secourues en Égypte, à 760 miles nautiques (1 200 kilomètres) de là. Et ce, alors que Malte et l’Italie étaient plus proches, respectivement situées à 159 et 146 miles nautiques (235 et 255 kilomètres) du lieu du sauvetage.
« En tant qu’organisations engagées dans des activités de SAR (recherche et sauvetage) en mer, nous dénonçons le transfert forcé de ces 23 personnes vers l’Égypte et demandons des poursuites à la suite des violations flagrantes du droit maritime et international par Malte », ont demandé les ONG concernées.
Appels au secours ignorés
Depuis des années, les ONG dénoncent le comportement de ce petit État européen, accusé de laisser les canots de migrants à l’abandon en Méditerranée sans leur porter secours. Dans un rapport publié en mai, le Conseil européen sur les réfugiés et exilés (ECRE) avait, une nouvelle fois, fustigé Malte pour sa politique migratoire.
Également en mai, après avoir secouru près de 400 personnes, dont une partie avait été sauvée dans la zone de sauvetage maltaise, le navire humanitaire Geo Barents n’avait pas réussi à entrer en contact avec La Valette, ni pour se faire aider à sortir les migrants de l’eau, ni pour un éventuel débarquement des rescapés dans un port maltais.
>> À lire : Malte, ou le refus assumé de porter secours aux migrants en détresse en Méditerranée
Pour ne pas avoir à porter secours dans sa zone, Malte ne répond pas aux appels de détresse et laisse parfois carte blanche aux garde-côtes libyens pour s’occuper des interceptions des canots d’exilés. En 2019, InfoMigrants avait pu retracer le parcours d’une cinquantaine de migrants interceptés dans la zone de recherche et de sauvetage maltaise par une patrouille de garde-côtes libyens, après avoir été abandonnés par les garde-côtes maltais. Alarm Phone avait pu documenter cette violation du droit maritime international en détails.
Le Premier ministre maltais, Robert Abela, a été visé à plusieurs reprises par des plaintes. L’une d’entre elles a fait suite à la mort, faute de secours, en avril 2020, de cinq migrants en Méditerranée au large de l’île. Le dirigeant a été innocenté depuis.
Sources : https://www.infomigrants.net/