Craignant des arrivées de migrants orchestrées par la Russie, le ministre de la Défense polonais a annoncé mercredi la construction « immédiate » d’une barrière à la frontière avec le territoire russe de Kaliningrad, dans le modèle du mur déjà élevé à la frontière biélorusse.
Une barrière de 2,5 mètres de haut, avec trois rangées de barbelés, s’élèvera bientôt le long des 210 kilomètres de frontière qui séparent la Pologne de Kaliningrad, une exclave russe située sur la côte baltique, entre la Lituanie et la Pologne, et séparée de la Biélorussie par un couloir frontalier. Une mesure préventive annoncée mercredi 2 novembre par le ministre de la Défense polonais, Mariusz Blaszczak, pour “renforcer la sécurité à la frontière” : Varsovie craint de nouvelles arrivées de migrants orchestrées par la Russie pour faire pression sur l’Union européenne.
Cette décision fait suite à l’annonce, le 30 septembre, des autorités aéronautiques russes de libéraliser le trafic aérien avec Kaliningrad. “L’aéroport de Kaliningrad accepte désormais les vols en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord », a expliqué M. Blaszczak lors d’une conférence de presse. “Nous voulons que la frontière soit complètement étanche.”
Si Varsovie semble si pressée de construire ce mur – les travaux ont commencé dès mercredi -, c’est pour éviter la répétition du scénario qui se joue depuis plus d’un an avec la Biélorussie. L’Union européenne accuse en effet le dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, grand allié de Vladimir Poutine, de pousser des milliers de migrants à traverser les frontières avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie : une stratégie qualifiée de “guerre hybride”.
>> À (re)lire : Les migrants, armes diplomatiques pour « affaiblir » l’Europe
Si aucun de ces vols ne semble encore confirmé, la libéralisation de l’aéroport de l’exclave pour une période de deux ans permettrait aux compagnies aériennes nationales d’opérer des vols entre Kaliningrad et n’importe quel pays tiers. “Hypothétiquement, Belavia, la compagnie nationale bélarussienne, pourrait désormais faire venir à Kaliningrad des passagers du Moyen-Orient et d’Afrique sans aucune restriction”, explique le journal Balkan Insight.

Une utilité questionnée
En juillet, le Premier ministre polonais avait inauguré un mur de près de cinq mètres de haut le long de la frontière biélorusse. Fin août, la Lituanie a également achevé la construction d’une clôture de barbelés sur ses 550 kilomètres de frontière. Le 6 juin, la Finlande avait, quant à elle, annoncé vouloir clôturer sa frontière Est avec la Russie, craignant des représailles “hybrides” dans le contexte de la guerre en Ukraine et de sa candidature à l’Otan.
Mais certains spécialistes questionnaient alors l’utilité de cette mesure. Damien Simonneau, maître de conférences à l’Inalco et spécialiste des sécurités frontalières, avait nuancé ce qu’il appelle un “fantasme migratoire”, dans un entretien avec InfoMigrants en juin. “Ce que l’on apprend depuis quelques années, c’est que la question migratoire est facilement manipulable. On redoute que des hordes de personnes déferlent sur un pays. Mais rien n’atteste que cet afflux se produira à la frontière russo-finlandaise”, avait-il expliqué.
Sources : www.infomigrants.net