L’Autriche prolonge ses contrôles aux frontières
L’Autriche entend prolonger les contrôles à la frontière avec la Slovénie et la Hongrie pour empêcher les entrées de migrants irréguliers sur son sol. L’an dernier, le pays a vu le nombre de demandes d’asile tripler par rapport à 2021.
« Nous informerons la Commission européenne dans les prochains jours que nous devrons étendre les contrôles aux frontières ». Le ministre de l’Intérieur autrichien Gerhard Karner a annoncé, mardi 11 avril, la prolongation pour six mois des contrôles à la frontière avec la Slovénie et la Hongrie, dans une interview à la radio publique ORF.
L’Union européenne (UE) permet aux États membres de l’espace Schengen de rétablir les contrôles aux frontières pour une période de six mois. La réintroduction de ces contrôles n’est autorisée, en théorie, que dans des circonstances exceptionnelles.
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La Cour de justice de l’UE (CJUE) avait critiqué l’année dernière les contrôles introduits depuis 2015 par certains États membres comme l’Autriche et la France, rappelant qu’ils ne devaient pas dépasser une durée de six mois.
Hausse des demandes d’asile
Le gouvernement autrichien justifie cette décision par une augmentation des arrivées illégales de migrants sur son sol. La route des Balkans occidentaux, via la Turquie, la Bulgarie, la Macédoine du Nord et la Serbie, reste la principale porte d’entrée dans l’UE pour les exilés.
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En 2022, Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, a enregistré 330 000 franchissements illégaux aux frontières extérieures de l’UE, soit une augmentation de 64 % par rapport à 2021. Ce chiffre est le plus élevé depuis 2016.

Dans le même temps, les demandes d’asile ont augmenté de 46,5 % l’an dernier par rapport à 2021 avec près de 924 000 dossiers déposés dans l’UE, d’après la Commission. Et l’Autriche a vu le nombre de demandes d’asile tripler en 2022. Le pays est l’État de l’Union avec la plus forte augmentation des demandes sur tout le territoire européen.
Briser le « tabou de la clôture »
Pour empêcher les arrivées en Autriche depuis la Slovaquie, les deux pays ont mis en place en mars des patrouilles policières conjointes. Vienne agit même en dehors de son sol, en déployant 100 officiers de police en Serbie, à la frontière avec la Macédoine du Nord.
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L’Autriche prône depuis des années la fermeté dans la lutte contre l’immigration irrégulière. Le chancelier Karl Nehammer a estimé, en décembre dernier, que les murs de barbelés étaient essentiels pour protéger les frontières de l’UE.
Selon le gouvernement autrichien, il est temps de briser le « tabou de la clôture » et de construire une barrière à la frontière bulgaro-turque, dont le coût est estimé par Sofia à 2 milliards d’euros. Vienne plaide pour une aide financière de l’UE. « Nous devons appuyer la Roumanie et la Bulgarie dans la gestion des frontières extérieures », a martelé le chancelier autrichien en fin d’année.
Dans une lettre rendue publique par le site Statewatch fin mars, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen indiquait au Conseil européen prévoir une enveloppe de 600 millions d’euros pour le renforcement de la frontière entre la Bulgarie et la Turquie.
Mais ce projet de financement de surveillance de la frontière bulgaro-turque choque des groupes de défense des droits humains. Car les migrants passés par la Bulgarie au cours de leur exil rapportent presque tous avoir subi des graves violences ainsi que des vols, des détentions illégales ou encore des refus de dépôts de demande d’asile.
Sources : infomigrants.net