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Route des Canaries : « Le plus important pour Madrid, c’est que les migrants restent au Maroc, à n’importe quel prix »

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En 2022, l’Espagne et le Maroc ont repris leurs relations diplomatiques après un an de brouille. Ce réchauffement a conduit à un renforcement des efforts sécuritaires de Rabat pour surveiller ses frontières et faire baisser le nombre d’arrivées aux Canaries. Mais le désir de quitter les côtes marocaines est intact chez les candidats à l’immigration, qui continuent à prendre la mer au péril de leurs vies.

« Même si ce n’est pas parfait ici, c’est beaucoup mieux que tout ce que j’ai vécu. » Keïta (toutes les personnes interrogées ont souhaité être présentées avec leur prénom uniquement), 27 ans, a le sourire ce jeudi après-midi dans les rues de Las Palmas de Grande Canarie. Ce Malien est arrivé il y a une semaine sur l’île de Fuerteventura et a été transféré dans le camp de Canaria 50, sur Grande Canarie, trois jours plus tard.

Pour ce jeune homme, l’archipel espagnol des Canaries est un point de chute, un espace de sécurité longuement recherché. Parti du Mali il y a deux ans, Keïta a connu la Libye puis l’Algérie, avant d’arriver au Maroc en février 2022. De là, il a tenté différentes options pour entrer en Espagne. « Je suis passé à Melilla mais j’ai été expulsé vers le Maroc. Quelques mois plus tard, je suis entré à Ceuta mais j’ai aussi été expulsé. Alors je suis parti vers Tan-Tan. Là-bas, j’ai travaillé et j’ai fini par monter sur un canot pour rejoindre les Canaries », explique-t-il au milieu du groupe d’amis qui l’entourent.

Les centres d’hébergement pour hommes seuls des îles Canaries – les principaux sont Canaria 50 à Grande Canarie et Las Raices à Tenerife – sont remplis de jeunes hommes originaires d’Afrique subsaharienne, comme Keïta, et de Marocains qui ont voulu fuir les difficultés de leur pays.

Quelque 445 personnes sont arrivées au cours de la semaine du 17 avril sur plusieurs îles de l’archipel. Un nombre en hausse par rapport aux semaines précédentes et qui serait lié à la fin du mois de ramadan et à de bonnes conditions climatiques. Mais cette hausse est temporaire, car le nombre général des arrivées de bateaux d’exilés aux Canaries est globalement en baisse.

Début avril, un bilan du ministère espagnol de l’Intérieur indiquait que le nombre d’arrivées aux Canaries avait chuté de 63 % au cours du premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022.

>> À lire : Baisse des arrivées en Espagne depuis le Maroc : derrière les chiffres, une réalité nuancée

Nouvelle relation

Pour Txema Santana, journaliste et conseiller sur les migrations auprès de la vice-présidence du gouvernement des Canaries, le début de cette baisse remonte à mars 2022. Au moment où l’Espagne annonçait soutenir officiellement la position du Maroc sur le Sahara occidental pour mettre fin à une brouille diplomatique qui durait depuis un an et handicapait Madrid dans le dossier migratoire.

Txema Santana, à Las Palmas de Grande Canarie, le 26 avril 2023. Crédit : InfoMigrants
Txema Santana, à Las Palmas de Grande Canarie, le 26 avril 2023. Crédit : InfoMigrants

Rabat et Madrid ont fait la paix. Et cette nouvelle amitié passe par davantage de surveillance aux frontières : le Maroc annonce le renforcement des patrouilles de la marine marocaine en mer et plus de vigilance aux abords des enclaves de Ceuta et Melilla. Sur les côtes marocaines, Rabat s’engage à intercepter les exilés susceptibles de prendre la mer et de les renvoyer dans le centre du pays, dans la région de Ouarzazate, loin des plages.

Les autorités marocaines remplissent donc leur part du contrat : empêcher les migrants de rejoindre l’Espagne. Mais cela ne se fait pas à n’importe quel prix, à terre, comme en mer, souligne Txema Santana. « Contrairement au Salvamento maritimo espagnol qui est un vrai service de secours, la marine marocaine n’a pas vocation à sauver des vies », met-il en garde.

>> À lire : Maroc : 11 migrants en route vers les Canaries meurent noyés

Si la marine intercepte régulièrement des centaines d’exilés en mer, de nombreuses embarcations disparaissent aussi dans l’immensité de l’océan Atlantique. L’une de ces « embarcations fantômes » a été retrouvée en mai 2021 sur l’île de Tobago, dans les Caraïbes. « Selon l’Organisation internationale pour les migrations, au moins 1 109 personnes sont mortes ou ont disparu sur la route Atlantique en 2021 […], rappelle l’agence Associated Press. D’autres estimations sont plus élevées. Caminando Fronteras a enregistré plus de 4 000 morts ou disparus sur la même route en 2021, avec au moins 20 bateaux manquant après avoir quitté la Mauritanie. »

Dans les Canaries, nombreux sont les acteurs de la migration qui s’inquiètent des dérives que pourrait engendrer la nouvelle relation Espagne-Maroc. « Les autorités marocaines sont insatiables dans leurs demandes, sur le Sahara occidental, sur les accords commerciaux, sur les contreparties financières… Et l’Espagne accepte », s’alarme Juan Carlos Lorenzo, coordinateur de la Commission espagnole pour les réfugiés (CEAR) aux Canaries. « Le plus important pour l’Espagne, c’est que les migrants restent au Maroc, à n’importe quel prix », souffle-t-il depuis les locaux de l’organisation, dans le centre de Las Palmas de Grande Canarie.

« Au départ, je ne pensais pas partir »

Pourtant, depuis les côtes marocaines, les tentatives de départs de jeunes Subsahariens et Marocains ne faiblissent pas. Les premiers décrivent des conditions de vie de plus en plus difficiles au Maroc qui les poussent à partir.

Devant le centre d’hébergement de Las Raices, sur l’île de Tenerife, Oumar, un Guinéen de 27 ans, affirme que les actes de racisme et les agressions de personnes noires sont en forte augmentation au Maroc. « J’ai passé 3-4 ans au Maroc. J’ai notamment travaillé dans un centre d’appels […] Au départ, je ne pensais pas partir mais la vie est vraiment devenue plus difficile là-bas. La veille de mon départ, un enfant m’a craché au visage dans la rue », raconte-t-il sous les grands eucalyptus qui ombragent les abords du centre.

Oumar, 27 ans, est guinéen. Il a quitté le Maroc après y avoir vécu environ 3 ans. Il affirme y avoir été victime d'agressions racistes. Crédit : InfoMigrants
Oumar, 27 ans, est guinéen. Il a quitté le Maroc après y avoir vécu environ 3 ans. Il affirme y avoir été victime d’agressions racistes. Crédit : InfoMigrants

« Nous sommes parti de Tan-Tan et sommes restés pendant deux jours dans le bateau. De l’eau entrait, nous n’avions plus de carburant. Je ne pensais pas que la traversée allait se passer comme ça. J’y repense tout le temps quand je dors », explique ce jeune diplômé en informatique qui a dû quitter son pays en 2017 où il était menacé en tant qu’homosexuel.

Yassine et Saïd, eux, ont voulu « améliorer leur vie ». Les deux jeunes Marocains travaillaient dans le commerce de fruits dans leur pays et ont décidé de partir sans en informer leurs familles. Ils ont quitté la côte marocaine, dans les environs de Laayoune, et sont arrivés aux Canaries après cinq jours en mer.

Comme c’est la procédure dans l’archipel, ils ont d’abord passé 72 heures dans les locaux du Centre d’accueil temporaire pour étrangers (CATE). Ils y ont été interrogés par la police sur les conditions de leur voyage et la présence à bord d’un passeur ou non. Puis ils ont été envoyés dans le centre d’hébergement de Las Raices où ils vont passer plusieurs mois avant de pouvoir gagner l’Espagne continentale.

Mais certains migrants marocains et sénégalais sont envoyés en Centre d’internement pour étrangers (CIE) en vue d’être expulsés vers leurs pays d’origine. « Seules ces deux nationalités sont concernées », explique Txema Santana qui déplore qu’il n’existe aucun critère clair déterminant quelles personnes y sont envoyées. « Les femmes et les enfants ne sont pas envoyés en CIE. Pour le reste, cela dépend de votre nationalité et de s’il y a des places disponibles », dénonce-t-il.

À Tenerife, Yassine et Saïd ont échappé à l’envoi en CIE. Mais les difficultés ne sont pas terminées pour eux pour autant. « Je suis conscient que je vais devoir vivre quelques années de souffrance ici, anticipe Yassine. Mais après, j’espère qu’une nouvelle vie pourra commencer. »

Sources : https://www.infomigrants.net/

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