La frontière entre la Finlande et la Russie est fermée depuis fin novembre. Helsinki accuse Moscou de laisser passer des migrants sans-papiers pour déstabiliser le pays, en représailles après l’adhésion du pays scandinave à l’Otan en avril 2023. Le gouvernement finlandais a annoncé préparer de nouvelles mesures pour renforcer la sécurité à sa frontière.
C’est une crise qui dure depuis maintenant trois mois entre Helsinki et Moscou. Des milliers de migrants attendraient de passer dans le pays scandinave depuis la Russie. Voici l’alerte qui a officiellement été lancée mardi 20 février par la ministre de l’Intérieur finlandaise, Mari Rantanen. « Nous disposons d’informations selon lesquelles des milliers de personnes attendent de passer en Finlande du côté russe », a déclaré la ministre lors d’une conférence de presse. Cela représente « une menace pour la société« , a-t-elle ajouté.
Mais la réalité est bien différente, selon Jussi Laine, professeur à l’université de l’est de la Finlande et spécialiste des questions frontalières. « Il n’y a aucune preuve tangible qui confirme cela. Les chiffres dont parle la ministre ne sont que des estimations, pas des données vérifiées. Il n’y a en ce moment que quelques migrants qui attendent de passer côté finlandais », estime-t-il au micro de Julien Chavanne, du service international de RFI.
Durcissement du droit d’asile et renforcement des patrouilles à la frontière
Le gouvernement finlandais préparerait les esprits à un durcissement du droit d’asile. Les migrants pourraient être retenus à la frontière, longue de 1 340 km, le temps que leur dossier soit examiné, selon le ministère de l’Intérieur. Ce dernier a en effet déclaré lundi qu’il mettrait rapidement en place de nouvelles lois afin de renforcer la sécurité aux frontières et de lutter contre l’instrumentalisation des flux migratoires par Moscou. La proposition devrait être présentée au Parlement en mars.
La Finlande a déjà renforcé ses patrouilles le long de sa frontière. L’agence européenne de surveillance Frontex a de son côté déployé 55 agents sur place début décembre. Le pays nordique a également entamé en février 2023 la construction d’une clôture de trois mètres de hauteur sur 200 km à sa frontière, pour endiguer de potentiels futurs mouvements de populations.
Pour le professeur Jussi Laine, cette réaction d’Helsinki est déjà une victoire pour la Russie. « Clairement, ça a secoué la société finlandaise. Et la réaction du gouvernement a été très forte. Donc si l’objectif de la Russie était de déstabiliser et de secouer les Finlandais, dans ce cas, ils ont réussi. Mais à la fin, ce ne sont pas les migrants le problème », lâche l’enseignant.
Frontière fermée au moins jusqu’au 14 avril
Plus de 1 300 demandeurs d’asile originaires du Yémen, de la Somalie ou de Syrie sont entrés en Finlande depuis la Russie entre août et décembre 2023, selon les autorités finlandaises. Un volume inhabituel pour le petit pays nordique de 5,5 millions d’habitants, qui dénombre d’ordinaire plutôt une dizaine de demandeurs d’asile chaque mois à cette frontière.
Le pays scandinave accuse depuis plusieurs semaines Moscou d’orchestrer une crise migratoire à ses portes. De son côté, le Kremlin nie et rejette ces accusations. Malgré tout, la frontière avec la Russie restera fermée au moins jusqu’au 14 avril, a déclaré le gouvernement, si ce n’est plus. Car d’après Helsinki, avec une météo plus clémente, les migrants pourraient être davantage encouragés à traverser la frontière, avec le soutien appuyé des autorités russes.
Sources: https://www.infomigrants.net/