Royaume-Uni : 9 ans de prison pour un Sénégalais qui « pilotait un canot » dans la Manche
Accusé d’être responsable de la mort de 4 migrants lors d’une tragique traversée de la Manche en décembre 2022, un Sénégalais, Ibrahima Bah, a écopé de 9 ans de prison par la justice britannique. L’homme se défend pourtant d’être un passeur. Il a affirmé, sans convaincre l’accusation, que les trafiquants l’avaient obligé à conduire le canot sous peine de le tuer.
Un demandeur d’asile sénégalais jugé pour homicides involontaires par un tribunal britannique 2022 a été condamné vendredi 23 février à neuf ans et demi de prison. L’homme devait répondre de la mort de quatre migrants lors d’une tragique traversée de la Manche le 14 décembre 2022.
Ibrahima Bah avait été arrêté pour avoir piloté l’embarcation qui a fait naufrage. Quatre exilés, dont un adolescent, étaient morts lors de cette traversée de la Manche, 39 autres avaient pu être secourus. Contrairement aux autres passagers dans le bateau, Ibrahima Bah n’avait pas payé sa traversée en échange de quoi il devait conduire le canot.
The pilot of a small boat has been jailed for nine years and six months after four migrants on his unseaworthy boat drowned.
Ibrahima Bah was sentenced today for manslaughter.
The only people who profit from these illegal, dangerous journeys are criminal gangs. pic.twitter.com/LKGGat5jeT— Home Office (@ukhomeoffice) February 23, 2024
Lors du prononcé de la peine, le juge a insisté sur le fait que le bateau était « hors d’état de naviguer ». « C’était un piège mortel, tout comme chaque bateau de ce type qui entreprend la traversée de la Manche […] est un piège mortel », a-t-il déclaré. L’embarcation, prévue pour une vingtaine de personnes, transportait quarante-trois migrants. Il n’y avait pas suffisamment de gilets de sauvetage, pas de fusée éclairante ni de radio à bord.
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Lors du procès, l’un des survivants a raconté les cris et les appels à l’aide, avant qu’un bateau de pêche ne vienne à leur secours. Il a aussi défendu Ibrahima Bah en expliquant que ce dernier avait essayé de rapprocher l’embarcation du bateau de pêche, et que sans lui « nous serions tous morts ».
Ibrahima Bah has been criminalised as a « boat pilot » as he was forced to steer a dinghy that collapsed in the English Channel. He will be sentenced on Friday.
Ibrahima is being made a scapegoat for a lack of #saferoutes to the #UK.#JusticeForIbrahima pic.twitter.com/x0sP89ck2Z— Refugee Legal Support (RLS)???? (@RLSAthens) February 21, 2024
Une trentaine de minutes après avoir quitté les côtes françaises, l’eau arrivait déjà aux genoux des passagers de l’embarcation.
« Un bouc émissaire »
Ce Sénégalais, âgé de plus de 18 ans selon la justice britannique mais dont l’âge précis reste incertain, avait affirmé lors du procès que les passeurs avaient menacé de le tuer s’il ne pilotait pas le bateau, mais sans parvenir à convaincre l’accusation.
« This young man, who wanted only to ask for sanctuary, never stood a chance, » commented Hannah Marwood, our Legal Access Department Manager. « The Government wanted him scapegoated. He is being used as an example in the most disgusting way I can imagine. »
https://t.co/4jFvAzF9v8— Care4Calais (@Care4Calais) February 23, 2024
« Ce jeune homme, qui voulait seulement demander l’asile, n’a jamais eu la moindre chance [à son procès] », a commenté en colère Hannah Marwood, de l’association Care4Calais sur X. « Le gouvernement a voulu en faire un bouc émissaire. Il en ont fait un exemple de la manière la plus répugnante que je puisse imaginer. »
Il avait aussi raconté avoir initialement donné son accord pour traverser gratuitement, mais s’être ravisé face au trop grand nombre de migrants qui devaient embarquer.
Près de 30 000 migrants ont traversé la Manche l’an dernier, après un record de plus de 45 000 en 2022.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a fait de la lutte contre l’immigration illégale une de ses priorités. À quelques mois des élections législatives, il espère toujours faire adopter l’une de ses mesures phares, l’expulsion de migrants vers le Rwanda.
Sources: https://www.infomigrants.net/
