Une fillette de 7 ans est décédée après le naufrage de son embarcation dans le canal de l’Aa, à l’embouchure de la mer du Nord. C’est le troisième drame du genre depuis le début de l’année dans le nord de la France. En tout, déjà 9 migrants sont morts en 2024 en tentant de rejoindre les côtes anglaises.
Une fillette de sept ans s’est noyée dimanche 3 mars à Watten (Nord) dans le canal de l’Aa, non loin de Gravelines, qui se jette dans la mer du Nord. L’embarcation surchargée a chaviré.
Seize migrants, dont dix enfants âgés de sept à treize ans, se trouvaient à bord, selon le parquet de Dunkerque. Celle-ci « n’était pas dimensionnée pour supporter autant de personnes », a affirmé la préfecture du Nord dans un communiqué.
Trois hommes sont en garde à vue. « L’enjeu est de savoir qui était en responsabilité pour ce groupe, qui a amené les victimes sur cette embarcation », a indiqué le parquet. Ce dernier a ouvert une enquête pour « homicide involontaire », « blessures involontaires », « association de malfaiteurs » et « aide à l’entrée et au séjour irrégulier en bande organisée avec mise en danger d’autrui ».
L’enquête a été confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Dunkerque-Hoymille et à l’Office national de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim).
Ce drame est le troisième ayant entraîné des décès en 2024 lors de tentatives de traversée de la Manche pour rejoindre l’Angleterre. Depuis le début de l’année, déjà 9 personnes sont mortes noyées en tenant de rejoindre les côtes anglaises.
Le bateau a chaviré à une trentaine de kilomètres de la côte, « peu de temps après la montée de ces personnes », a-t-elle ajouté, précisant à l’AFP que tous les passagers étaient tombés à l’eau. Ce naufrage si éloigné de la mer pourrait s’expliquer par le fait que les migrants partent aujourd’hui de plus loin dans les terres, afin de contourner la surveillance et cheminer vers les plages à l’abri des regards.
« Avant, les trafiquants enterraient le matériel nautique sur la plage, et ils gonflaient le bateau juste avant la traversée pour ne pas être interceptés », expliquait à InfoMigrants, Xavier Delrieu, chef de l’Oltim. « Maintenant, on a beaucoup de taxi-boats, c’est-à-dire que le bateau est gonflé et mis à l’eau sur des cours d’eau [comme la Canche, l’Aa… NDLR] qui rejoignent la mer. Les passeurs remontent ensuite la côte et chargent les passagers à un endroit bien précis, ce qui permet d’éviter l’interception sur la plage. »
Les parents de la fillette à bord avec trois autres enfants
Alertés par un promeneur, les secours n’ont pas pu réanimer la fillette, qui est décédée « sur place, des suites d’un arrêt cardio-respiratoire », a indiqué le parquet. Les parents de la petite fille, qui se trouvaient là avec leurs trois autres enfants, ont été transportés à l’hôpital de Dunkerque.
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A bord du canot, « vraisemblablement volée », selon la préfecture, « se trouvaient également un couple, deux hommes et six jeunes enfants », dont les « jours ne sont pas en danger ».
Dix personnes au total ont été transportées à l’hôpital. Cinq autres – deux hommes et trois enfants – ont été accueillies dans une salle de sport mise à disposition par la mairie de Watten.
La petite vedette de pêche-plaisance à coque rigide, d’environ quatre mètres, qui transportait les naufragés, était encore à l’eau dimanche après-midi, retournée, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Les constatations sous-marines » ont eu lieu, mais « il n’est matériellement pas possible d’extraire le bateau de l’eau aujourd’hui compte tenu des conditions météorologiques et de l’état de la berge », a expliqué le parquet.
« Aujourd’hui, les politiques aux frontières ont tué, encore », a écrit sur X l’Auberge des migrants, une association d’aide aux exilés. « La colère nous empêche d’avoir les mots », a réagi Utopia 56.
12 morts en 2023
Mercredi 28 février, un migrant turc est mort après être tombé de son embarcation en détresse dans la Manche. Son corps a été récupéré par les secours français et ramené à quai. Deux autres exilés sont portés disparus.
Dans la nuit du 13 au 14 janvier, cinq migrants, dont deux adolescents syriens de 14 ans et 16 ans, avaient péri à Wimereux, au sud de Calais, alors qu’ils tentaient de rejoindre une embarcation déjà en mer dans une eau autour de 9 degrés.
Douze migrants ont perdu la vie en 2023 en tentant de traverser la Manche, selon la Prémar.
Depuis des années, la France et le Royaume-Uni multiplient les mesures pour empêcher les traversées de la Manche. En mars 2023, les deux États ont signé un énième accord pour le déploiement de patrouilles supplémentaires côté français notamment. Coût du dispositif pour Londres : près de 500 millions d’euros.
Le Royaume-Uni s’était même félicité en début d’année d’avoir récolté les fruits de ses lourds investissements dans la militarisation de sa frontière maritime. Le nombre de personnes atteignant le littoral anglais a baissé d’un tiers en 2023. Londres a enregistré 29 437 arrivées de migrants en « small boat » cette année-là, contre 45 000 en 2022.
Sources: infomigrants.net