Neuf migrants morts et six autres portés disparus dans un naufrage au large de la Tunisie
Neuf personnes originaires d’Afrique subsaharienne sont mortes et six autres sont portées disparues dans le naufrage de leur embarcation au large de la Tunisie, ont indiqué jeudi les autorités tunisiennes. La veille, une ONG avait retrouvé une fillette de 11 ans seule en mer Méditerranée. Les 44 autres passagers de son canot, également parti de Tunisie, étaient morts noyés quelques heures plus tôt.
Les drames en Méditerranée s’enchaînent ces derniers jours. Jeudi 12 décembre, les autorités tunisiennes ont annoncé le chavirage d’une embarcation provoqué par le mauvais temps au large de Mahdia, une ville située au centre-est de la Tunisie. Des pêcheurs présents a proximité ont alerté les gardes-côtes qui sont parvenus à porter assistance à 27 exilés, originaires du Cameroun, du Sénégal et de Guinée.
Neuf corps ont été récupérés par les autorités mais six migrants manquent encore à l’appel. Ils sont portés disparus.
Selon les témoignages des rescapés, au total 42 personnes se trouvaient dans le canot de fortune parti dans la nuit de mardi à mercredi depuis la zone de Jebeniana, près de Sfax (centre-est de la Tunisie), a précisé à l’AFP Farid Ben Jha, porte-parole des tribunaux de Monastir et Mahdia.
Quarante-quatre morts dans un autre naufrage
La veille, l’ONG Compass collective avait indiqué avoir secouru une fillette de 11 ans retrouvée seule en mer au large de l’île italienne de Lampedusa. « Originaire de Sierra Leone, [elle] flottait dans l’eau depuis trois jours avec deux gilets de sauvetage improvisés faits de chambres à air et d’un simple gilet de sauvetage », avait affirmé l’ONG.
Le médecin Mauro Marino, qui l’a examinée, a déclaré au quotidien italien La Repubblica qu’il pensait que la fillette avait passé environ 12 heures dans l’eau.
L’enfant a expliqué aux sauveteurs que l’embarcation en métal était partie de Sfax, et qu’elle avait coulé dans une tempête « avec des vagues de 3,4 mètres de haut et des vents de 23 nœuds », précise le communiqué des humanitaires. Selon son témoignage, tous les occupants du canot ont été emportés par les vagues. Au total 44 personnes ont péri noyées.
Entre 600 et 700 décès ou disparitions de migrants dans des naufrages
Si la distance qui sépare la Tunisie de Lampedusa n’est que de 150 km, la traversée de la Méditerranée n’en est pas moins risquée. Fin novembre, trois migrants tunisiens avaient péri dans le naufrage de leur bateau au large de Mahdia. Fin octobre, 15 corps non identifiés avaient été retrouvés au large de Mahdia. Un mois plus tôt, 36 migrants, dont 20 Tunisiens et 16 Égyptiens, avaient été secourus par les garde-côtes après que leur bateau en panne eut dérivé vers Nabeul, dans le centre-est du pays.
Depuis le début de l’année, plus de 1 500 exilés sont morts en Méditerranée centrale, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM). Dans le même temps, le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) a recensé entre 600 et 700 décès ou disparitions de migrants dans des naufrages au large du littoral tunisien.
Pour tenter de rejoindre l’Italie, les migrants prennent aussi la mer depuis les côtes libyennes. Jeudi, l’Ocean Viking, de l’ONG SOS Méditerranée, a secouru 34 exilés au large de la Libye. Le navire humanitaire s’est vu attribuer le port de Ravenne pour débarquer les naufragés. « Un port situé à plus de quatre jours de navigation de la zone de sauvetage. En plein hiver, avec des conditions météorologiques difficiles, cette politique d’attribution de ports éloignés est une mesure encore plus intolérable pour les ONG de sauvetage en mer et inhumaine pour les rescapé.e.s », déplore SOS Méditerranée sur le réseau social X.
Si de nombreuses ONG patrouillent régulièrement dans la SAR zone (zone de recherche et de sauvetage) près de la Libye pour secourir des embarcations en détresse, les autorités libyennes sont aussi très présente pour tenter d’empêcher les migrants d’atteindre les eaux italiennes. Depuis janvier, près de 21 000 personnes ont été interceptées en mer par les gardes-côtes libyens et renvoyées dans le pays, selon l’OIM. Un chiffre qui dépasse le bilan annuel de 2023 quand 17 000 migrants avaient été récupérés en mer par l’armée libyenne.
Lors des interceptions, les forces libyennes sont accusées de faire usage de la force envers les exilés. Et quand les migrants sont renvoyés en Libye, ils sont transférés dans des prisons du pays où ils risquent d’y subir des violences des tortures, de l’extorsion, de l’esclavage sexuel ou encore du travail forcé. Ces dernières années, InfoMigrants a reçu de nombreux témoignages de migrants décrivant « l’enfer libyen ».
Sources: infomigrant.net