Tunisie : huit migrants morts et 29 secourus après le naufrage d’un bateau

La Garde nationale tunisienne a indiqué lundi que huit migrants avaient été retrouvés morts après le naufrage de leur bateau au large de la Tunisie. Vingt-neuf personnes ont par ailleurs pu être secourues.
Les drames se succèdent au large de la Tunisie. Lundi 28 avril, le porte-parole de la Garde nationale tunisienne a indiqué à l’AFP que huit migrants avaient été retrouvés morts après le naufrage de leur bateau au large des côtes d’El Aouabed, près de la grande ville de Sfax, dans le centre-est du pays.
Le naufrage a eu lieu dimanche matin et 29 personnes ont pu être secourues. Selon le porte-parole Houcem Eddine Jebabli, tous les naufragés sont étrangers, de différentes nationalités, dont des personnes d’Afrique subsaharienne.

La Tunisie, dont le littoral se trouve à certains endroits à moins de 150km de l’île italienne de Lampedusa, est devenue ces dernières années l’un des principaux points de départ en Afrique du Nord des migrants cherchant à gagner l’Europe.
Mais la route maritime vers l’Europe est quasiment bloquée, Tunis ayant conclu, sous l’impulsion de l’Italie toute proche, un partenariat avec l’Union européenne contre l’immigration irrégulière.
Camps démantelés
Les autorités ont commencé début avril à démanteler des camps informels de migrants installés dans des oliveraies près de Sfax, où vivaient au total une vingtaine de milliers de personnes.
Après ces démantèlements, la plupart des Subsahariens ont rejoint les campements alentours. Certains ont pu emporter avec eux des couvertures ou quelques affaires. Mais la majorité passent désormais leurs nuit sous un olivier, à même le sol. « Nous dormons sous les arbres et nous n’avons que trois couvertures pour 24 personnes, la police a brûlé toutes les autres », a confié à InfoMigrants un jeune Gambien expulsé du campement où il vivait.
D’autres auraient aussi été expulsés dans le désert, à la frontière avec l’Algérie et la Libye. C’est ce qu’a vécu un proche de cet exilé. « Mon ami s’est blessé en courant lorsque la police est arrivée dans le camp. Il a été arrêté et emmené en prison. Il m’a raconté que, trois jours plus tard, il a été emmené en bus dans le désert avec une trentaine d’autres personnes. Il a finalement réussi à revenir et nous rejoindre mais il a mis une semaine à arriver ici à pied », a-t-il détaillé.
Depuis l’été 2023, les Subsahariens vivant en Tunisie sont régulièrement raflés par les autorités tunisiennes et envoyés le désert, à la frontière algérienne ou libyenne. Le 17 mars, plus de 600 personnes ont disparu après avoir été interceptées en mer par les gardes-côtes tunisiens. Elles ne sont pas revenues dans les champs d’oliviers d’El-Amra.
InfoMigrants est parvenu à entrer en contact avec une soixantaine de ces exilés : ils se trouvaient alors à Tebessa, ville algérienne près de la frontière tunisienne, après avoir été abandonnés dans le désert par les forces tunisiennes.
Intensifier les retours volontaires
Fin mars, le président tunisien Kaïs Saïed avait appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays.
Sur l’ensemble de l’année 2024, 7 250 migrants subsahariens vivant en Tunisie sont rentrés « volontairement » dans leur pays via l’Organisation internationale des migrations (OIM), a indiqué fin janvier le secrétaire d’État tunisien auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ben Ayed.
La présence des migrants alimente régulièrement de vives tensions en Tunisie. En février 2023, le président Saïed avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la composition démographique » du pays.
Sources : infomigrants




