Les naufrages d’embarcations de migrants se multiplient au large des Baléares

Ces derniers jours, le nombre de migrants portés disparus ou décédés lors de la traversée entre l’Algérie et l’archipel espagnol des Baléares se multiplie. Car depuis le début de l’année, cette route migratoire connait un fort regain : selon les autorités locales, les Baléares enregistrent une hausse de 77% d’arrivées de migrants par rapport à l’année dernière.
Les drames en mer ne cessent de s’accumuler sur la route migratoire des Baléares ces dernières semaines alors que les arrivées de migrants connaissent une importante hausse depuis le début de l’année.
Parmi les derniers naufrages en date, celui d’une embarcation de fortune, partie des côtes algériennes le 13 août avec 26 personnes à bord. Le bateau a été secouru vendredi 22 août en fin de journée à 58 km au sud-ouest de l’île de Cabrera, avec à son bord 14 personnes a indiqué la délégation gouvernementale des Baléares. Selon l’ONG Caminando Fronteras, tous les migrants sont d’origine algérienne et il y aurait également au moins deux mineurs. L’un des migrants a été évacué par hélicoptère vers un centre hospitalier en raison de son mauvais état de santé, a rapporté la Garde civile.
Douze personnes, également maghrébines, restent toujours portées disparues, après avoir sauté à l’eau. Un dispositif de recherche mené par la Garde civile et le Salvamento maritimo avait été mis en place pour tenter de les localiser.
Selon les informations communiquées par les familles de migrants, l’ONG Caminando Fronteras avait déjà alerté les autorités espagnoles concernant une seconde embarcation partie d’Algérie quelques jours plus tôt, le 17 août, avec une vingtaine de passagers. Le sauvetage, opéré trois jours plus tard, a permis de secourir 19 survivants tandis qu’un corps a également été retrouvé dans l’embarcation. Trois personnes (deux Somaliens et un Sud-Soudanais) sont toujours portés disparues.
L’ONG a également indiqué aux autorités qu’une autre embarcation partie d’Algérie le 18 août ne donne plus signe de vie. Vingt-six personnes (dont six femmes) se trouvaient à bord, huit sont Somaliens et 18 originaires du Maghreb.
En tout, plus d’une vingtaine de migrants sont portés disparus ou ont perdu la vie ces derniers jours en tentant de traverser la Méditerranée depuis les côtes algériennes pour rejoindre l’archipel espagnol des Baléares.
Forte hausse des arrivées
Cette route migratoire connait un fort regain depuis le début de l’année, notamment du fait des contrôles renforcés sur les autres routes vers l’Europe. Depuis 2022, elle se déplace de plus en plus à l’est, les Baléares étant une zone moins surveillée.
Entre le 1er janvier et le 15 août, 4 323 migrants et 230 bateaux sont arrivés dans l’archipel, contre 2 443 à la même période en 2024, soit une hausse de 77%, selon les données du ministère de l’Intérieur espagnol. Dans le même temps, le nombre d’arrivées aux îles Canaries a baissé de 46,7%, avec 11 883 arrivées.
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Depuis le 11 août, plus de 600 exilés sont arrivés aux îles Baléares à bord d’une trentaine d’embarcations. Il s’agit de « l’une des arrivées de bateaux les plus intenses que nous ayons jamais eues en si peu de temps », a déclaré le délégué du gouvernement sur l’île, Alfonso Rodríguez. Les autorités affirment que le nombre de bateaux, provenant principalement d’Algérie, a plus que doublé.
Les embarcations ont été interceptées à Majorque, Ibiza et Formentera, selon les données fournies par la délégation du gouvernement aux Baléares. À leur bord figurent principalement des migrants algériens et subsahariens. Les autorités notent également la présence de plus en plus forte d’exilés venant d’Afrique de l’Est dans les bateaux.

« Il s’agit du drame humanitaire de l’immigration clandestine arrivant dans nos îles », a réagi la présidente du gouvernement des îles Baléares, Marga Prohens. Face à cette augmentation considérable, elle a exigé, lors d’une conférence de presse tenue le 21 août, le déploiement urgent de troupes de l’agence européenne de gardes-frontières et gardes-côtes Frontex dans l’archipel. « Nous avons examiné les données et la route entre l’Algérie et les îles Baléares est celle qui connaît la croissance la plus rapide, non seulement en Espagne mais aussi dans toute l’Europe », a déclaré la dirigeante régionale, attribuant l’effet d’attraction au fait que les îles sont devenues l’épicentre européen de la migration irrégulière. Une rencontre avec le commissaire européen aux Affaires intérieures et à l’Immigration, Magnus Brunner, est prévue en septembre.
Elle a également réclamé au gouvernement espagnol de Pedro Sanchez d’intensifier ses relations diplomatiques avec l’Algérie pour contrôler l’arrivée des embarcations de migrants et de lutter contre les mafias qui font du trafic d’êtres humains pour s’enrichir. « Nous ne pouvons pas permettre que des personnes continuent de jouer avec leur vie en mer. Nous devons combattre par tous les moyens les mafias qui jouent sur leur désespoir et agissent dans les pays d’origine et de transit. La politique migratoire ne peut se limiter à créer des espaces pour ceux qui arrivent » a-t-elle dit.
Une route périlleuse
Et même si cet itinéraire requiert une moins longue traversée en bateau comparé à la route au départ de l’Afrique de l’Ouest, il est tout aussi « périlleux », prévient Caminando Fronteras. « Le peu de moyens de recherches dont disposent les autorités de l’archipel » constitue un risque supplémentaire, ajoute l’ONG.
La route algérienne – qui comprend les arrivées aux Baléares et sur la côte sud-est de l’Espagne -, de la Méditerranée occidentale a causé la mort de 328 personnes en 2024. « Les dangers de cette traversée (vers les Baléares) sont aussi plus importants (que les traversées vers le sud-est de l’Espagne) en raison des distances plus longues, mais aussi parce qu’il existe un risque élevé de perdre le cap et de se retrouver dans les zones les plus hostiles de la mer Méditerranée », estime l’ONG.
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Depuis le début de l’année, le nombre de corps retrouvés sur les côtes insulaires liés à l’immigration irrégulière a augmenté. Au 7 juillet, 37 corps avaient été localisés, dont 14 à Majorque, 2 à Minorque, 7 à Ibiza et 14 à Formentera, affirme la télévision locale IB3.
Sources: infomigrants




