Le nombre d’arrivées en Italie a été divisé par quatre depuis le mois de juillet.
Deux cents par jour. C’est le rythme des arrivées de migrants en Italie, venus d’Afrique du Nord, essentiellement de Libye, au mois d’octobre. Un rythme ramené à un quart du niveau du mois de juin, selon des chiffres diffusés mardi par le commissariat aux réfugiés des Nations unies. La chute est aussi spectaculaire, de 75 %, entre l’été 2016, au pic de la crise, et la période équivalente de 2017, selon une évaluation récente du patron de Sophia, la force navale européenne en Méditerranée, Enrico Credendino. Le nombre de noyés a aussi baissé de 60 % cet été.
Rome explique ce reflux par l’efficacité de Sophia , lancée par l’Union européenne en 2016, qui intercepterait les deux tiers des navires repérés en pleine mer, ainsi que par le soutien apporté aux gardes-côtes libyens. Ces derniers ont bénéficié d’actions de formation, de financement et ont reçu quatre patrouilleurs italiens.
Des Libyens cooptés
Les autorités libyennes semblent aussi s’être laissé convaincre par les diplomates européens de lutter contre les passeurs qui profitent du chaos dans le pays. Le contexte est encore tendu : le chef du gouvernement reconnu par les Occidentaux, Fayez al-Sarraj, et l’homme fort de l’est du pays, le général Khalifa Haftar sont convenus d’un cessez-le-feu en juillet, mais tardent à trouver une solution politique.
Programme de financement d’infrastructures
Le ministre italien de l’Intérieur, Marco Minniti, a lancé un programme de financement d’infrastructures dans le sud libyen en échange de l’engagement de maires locaux de patrouiller pour intercepter les passeurs. L’action occidentale porte aussi sur le hub d’Agadez, au Niger. Rome dément avoir coopté, avec Tripoli, des gangs de passeurs pour qu’ils réduisent leur activité en échange de statut politique et de cash. Toutefois, le regain en septembre et octobre de trafic de migrants au départ du port libyen spécialisé, Sabratha, s’expliquerait par des rivalités entre gangs, dont certaines auraient été exclues du « deal » avec Rome.
Les flux demeurent toutefois élevés , avec plus de 110.000 arrivées en Italie depuis le début de l’année. Au total, depuis le début de la crise des migrants, 600.000 Africains ont débarqué en Italie par la route centrale, libyenne, par opposition à la route orientale via la Turquie puis la Grèce et les Balkans.
Très peu sont éligibles au droit d’asile
L’UNHCR estime que 80 % des migrants sont économiques et donc non éligibles à l’asile en Europe . La grande majorité d’entre eux ne provient en effet pas de pays en guerre. Ainsi, sur les douze principaux pays d’origine, un seul, le Nigéria (au premier rang, 17 % des migrants enregistrés) connaît un conflit meurtrier. Suivent dans l’ordre la Guinée, le Bangladesh, seul pays asiatique utilisant la filière libyenne, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, la Gambie, l’Erythrée (au régime très répressif), le Soudan et le Maroc.
Sources : lesechos.fr