De nos jours, l’immigration clandestine est en passe de devenir un fléau qui affecte dangereusement les pays du tiers-monde. Malgré le fait que la Méditerranée engloutit des âmes humaines, les jeunes gens, comme piqués par le virus de l’exil, abandonnent leurs pays d’origine pour les pays occidentaux prétendument à la recherche d’une vie meilleure.
Les causes de cette fuite massive des cerveaux se situent à plusieurs niveaux. Notamment de l’extrême pauvreté des parents, de la polygamie et de la maltraitance. En témoigne le cas de ce jeune guinéen que nous présentons ici sous l’appellation de Sadio.
Cet adolescent vivait dans la préfecture de Mamou, en République de Guinée. Son père, Mamadou, est un agropasteur et sa défunte mère, Oumou, vendait de l’huile. Son décès est survenu il y a environ un an. Et c’est en Lybie que Sadio l’a appris, sans savoir réellement la cause.
Sa sœur de lait, Aissatou a 20 ans. Elle a divorcé d’avec son mari. Et depuis, c’est elle qui s’occupe de la maison, la maman n’étant plus là. Alors que son frère, Thierno, 13 ans, ne fréquente plus l’école. Il va plutôt vendre du savon au marché. Sadio lui-même a abandonné les cours lorsqu’il était nouvellement collégien. « En 7e année seulement, mon père n’a plus voulu que je continue. Alors, je suis allé moi aussi au marché pour faire le commerce », confie-t-il.
Aujourd’hui, il vit tout seul en France, même sans papier. Le jeune garçon dit avoir quitté le pays parce que son père ne voulait pas que j’étudie. En plus, dit-il, il y avait une mésentente totale au sein de la famille, occasionnée par la polygamie. « Puisque les autres épouses de mon père et leurs enfants me maltraitaient. Et ma mère, elle, elle était traitée comme un animal », relate Sadio.
Trajet
A Mamou, Sadio avait un voisin qui avait sa famille à Bamako, en République de Mali. Lui-même témoin des exactions faites au jeune garçon, il n’a pu décliner l’offre du petit quand celui-ci lui a demandé de l’emmener avec lui au Mali.
Là, le garçon est hébergé par son voisin de Guinée en contrepartie d’écouler sa marchandise d’assiettes. Une activité que Sadio exercera pendant un mois environ, avant de se rencontrer avec un ami du village avec qui il part en Algérie.
« Nous sommes d’abord arrivés à Adrar, en Algérie, où je suis resté 3 mois. Je faisais la manœuvre journalière sur des chantiers de maçonnerie. Puis, j’ai eu un accident avec la machine tronçonneuse. Je me suis grièvement blessé à la jambe. Le patron m’a envoyé à l’hôpital pour me coudre la jambe. Je suis resté un mois sans travailler. Et pour vivre, j’ai utilisé l’argent que gagné le premier mois. Puis, je suis allé, en bus, avec mon ami à Tripoli. Là, j’ai travaillé pendant 3 mois dans un atelier de soudure » raconte l’adolescent qui s’est confié à l’enseignant de l’Éducation nationale auprès de mineurs non accompagnés.
Puis, il est parti de là pour un point de regroupement de jeunes où les employeurs viennent chercher les bras valides au nom d’un prétendu emploi. Sadio se fait arrêter en compagnie de deux autres personnes. Il est fait prisonnier pendant 6 jours dans un premier centre de détention avant de se voir transférer dans une autre prison pour 5 mois.
L’adolescent assimile son séjour carcéral à un enfer sur terre. Bastonné tous les jours que Dieu fait, Sadio est pris un jour avec deux de ses codétenus, des sénégalais. Conduits sur un désert, le jeune garçon dit avoir été déshabillés par les ravisseurs qui ont abusé d’eux en leur soumettant à la sodomie collective.
Il leur est ensuite intimé de ne rien dire sur ce qu’on venait de leur faire subir, au risque de se voir tués. Mais depuis cet abus, le jeune garçon confie ne plus se reconnaitre en tant qu’homme. Soupçonnant avoir perdu sa virilité.
Un jour, des nigérians ont attaqué la prison avant que Sadio ne réussisse à s’évader. Avec les conseils d’un vieux marchand arabe, il rejoint Zintan où il retrouve ses compatriotes guinéens en grand nombre. Il se confie à un navigateur avec qui il part en mer. Sadio débarque en Italie. Là, il est accueilli dans un camp avec un visage pâle. Peu après, il rallie à Nice, en France, où il est arrêté et conduit à la police. Et au terme de son audition, il est confié à une activiste qui l’a placé dans un camp.
Sources : guineenews.org