L’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) a rendu public une étude sur l’immigration clandestine en s’appuyant notamment sur des enquêtes sur le terrain. L’étude rend compte de l’ampleur de ce phénomène ancré dans la société tunisienne depuis les années 1970. Des décennies marquées par des évolutions socio-économiques et géographiques.
Voici les points à retenir de cette étude
Les moyens: Les voyages clandestins sont organisés par des réseaux criminels qui gagnent environ 400 milliards de dollars à travers leurs actions qui peuvent englober toute la région. L’étude souligne l’apparition de groupes mafieux d’envergure internationale italiens, albanais et autres.
Le candidat à l’immigration clandestine doit dépenser entre 3000 et 8000 dinars.
Les méthodes déployées: Pour traverser la mer, les migrants sont tassés dans des bateaux de pêche ou des embarcations en bois ou gonflables. L’étude montre que l’affluence des migrants originaires d’Afrique subsaharienne ou maghrébins est due au fait que le trajet vers l’Italie est plus sûr au départ de la Tunisie que de la Libye où il y a eu beaucoup d’accidents dramatiques.
Les causes de l’immigration: L’ITES s’appuie sur une enquête faite en 2016 par le Forum pour les droits économiques et sociaux et la Fondation Rosa Luxemburg réalisée auprès de 1168 jeunes tunisiens âgés entre 18 et 34 ans, et qui montre que le chômage est la première cause d’immigration. Ainsi 54.6% ont exprimé leur volonté de quitter le pays et 31% trouvent que l’immigration clandestine en est le moyen.
L’ITES a également réalisé une enquête sur le terrain auprès d’un village à Mahdia et dans les quartiers populaires des cités Ettadhamen et Douar Hicher. L’étude évoque « une société souterraine » qui vit en marge de la « société officielle », où les origines de l’immigration sont diverses entre l’abandon scolaire, le chômage, la volonté de « réussir » matériellement et d’acquérir un pouvoir comme les Tunisiens qui vivent en Europe et qui « brandissent » leur richesse en revenant au pays.
L’autre cause invoquée est d’ordre culturel. L’étude parle de l’émergence d’une « anti-culture » qui est fondée sur la volonté de fuir. Ceux qui souhaitent immigrer usent de termes comme « fuite », « fugue » et la volonté de ne pas sombrer dans la criminalité qui les guette. D’autres rêvent d’un Eldorado européen qui rime avec beauté, argent et liberté.
Le profil du migrant: La majorité des migrants sont âgés entre 21 et 30 ans, 16% âgés entre 31 et 40 ans, 14% sont âgés de 15 à 20 ans parmi eux des enfants et 3% sont âgés de plus de 41 ans. Les femmes constituent 4% des migrants. Les étrangers sont majoritairement issus du Nigeria, Côte d’Ivoire et Algérie. Ils représentaient 9.3% des migrants en 2016 contre 12,4% en 2017.
Recrudescence: L’étude note une montée du nombre des tentatives d’immigration ces derniers mois avec en août 36 opérations, septembre 69 et octobre 78.
Sources : huffpostmaghreb.com