Ce jeudi matin, à 7h, les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation d’une partie du camp de migrants de la porte de la Chapelle, occupé par plus de 400 personnes. Les migrants se sont pressés pour monter dans les bus. Mais près de 200 sont restés sur place, faute de places dans les centres d’hébergement.
Une opération d’évacuation de migrants vers des structures d’hébergement a eu lieu jeudi 4 avril, dans un climat tendu, porte de la Chapelle dans le nord de Paris, où un campement comptait au moins 400 personnes.
À 7h, les hommes, debout au milieu des tentes, ont attendu autour de braseros. Nerveux, ils se sont pressés au bord du trottoir, contenus par les forces de l’ordre qui les maintenaient sur le parvis à coups de sifflets. « L’ambiance était très tendue. Il y avait un cordon de sécurité autour des migrants. Ça poussait beaucoup. Il y a eu des coups, les policiers ont repoussé les migrants qui voulaient absolument monter dans les véhicules », raconte Alexis Bedu, journaliste à RFI, qui était sur place.
L’arrivée du premier bus a en effet provoqué un mouvement de foule. « Reculez ! Reculez ! Repoussez-moi ça ! », ont crié les policiers, qui s’arc-boutaient pour repousser les hommes. Certains exilés sont tombés à terre, mais le groupe continuait à pousser. Voir l’image sur Twitter
Évacuation de 300 réfugiés sur le campement de la porte de La Chapelle tôt ce matin. Tous veulent entrer dans les bus. Des centaines toujours dans la zone @RFI211:43 – 4 avr. 2019Voir les autres Tweets de Alexis BéduInformations sur les Publicités Twitter et confidentialité
Au total 321 hommes et 14 personnes vulnérables ont été pris en charge et orientés vers les cinq CAES d’Ile-de-France où leur situation administrative sera examinée, a indiqué à la préfecture de région à InfoMigrants. « Nous avons dépêché 6 bus aujourd’hui pour quelque 300 places parce que c’est le nombre de lits qui se sont libérés cette semaine dans les CAES. Si nous avions plus de lits disponibles, nous aurions pris plus de monde ».
Près de 200 personnes n’ont donc pas pu monter dans les bus, selon l’AFP. Près de 300, selon Utopia 56, l’association d’aide aux migrants.
« Ils voudraient se reposer »
Après le démantèlement, « les gens râlaient. Comment voulez-vous appeler ça une mise à l’abri si tout le monde n’a pas de place », s’agace Yann Manzi, le fondateur d’Utopia 56. « Les migrants de la Chapelle sont fatigués. S’ils voulaient monter dans les bus pour aller se reposer ».
Ce campement, installé depuis des mois sous les bretelles de l’autoroute A1, abrite Soudanais, Érythréens et Afghans sous de petites tentes bulles posées à même le bitume, à quelques mètres des tuyaux d’échappement des voitures.
Il comptait 424 tentes au dernier décompte réalisé par France terre d’asile (FTDA) il y a quelques semaines, et plusieurs maraudes de mises à l’abri y ont déjà eu lieu pour orienter les migrants vers des structures d’hébergement.
La veille, mercredi, Anne Hidalgo, la maire de Paris, avait promis d’améliorer les conditions de vie des occupants du camp de La Chapelle en y installant des douches.
Anne Hidalgo✔@Anne_Hidalgo · 3 avr. 2019En réponse à @Anne_Hidalgo
Des centaines de femmes et d’hommes dorment dans des campements dans l’attente de leur prise en charge par l’Etat. Je suis indignée par cette situation inhumaine aux portes de #Paris.
La Ville de Paris et les associations ont mis en place des aides d’urgence : distributions alimentaires, maraudes sociales, points d’eau, sanitaires et nettoyage renforcé par les équipes de propreté. pic.twitter.com/VzzmxvMSQr1714:29 – 3 avr. 2019Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité
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« Les gens vivent avec les rats, il y en a un millier ici c’est horrible. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. Ce ne sont pas des conditions dignes d’un pays développé », a raconté John, un Somalien.
Mercredi, la maire de Paris Anne Hidalgo a dénoncé un « déni de réalité » de la part de l’État à propos de ces campements où règne selon elle « le chaos ».
Entre 900 et 1 800 migrants ont été recensés mercredi sur l’ensemble des campements parisiens, et la ville redoute une dégradation avec la fin de la trêve hivernale et l’arrivée de migrants plus nombreux au printemps.
Sources : infomigrants.net