L’île grecque de Lesbos, sur laquelle vivent plus de 15 000 demandeurs d’asile, a été placée sur une liste de territoires qui abritent des « clusters » du coronavirus. Pour l’heure, aucun cas de contamination n’a été détecté dans le camp surpeuplé de Moria, à l’extérieur duquel une clinique spéciale Covid-19 vient d’être inaugurée.
L’île de Lesbos, en Grèce abrite désormais plusieurs « clusters » du coronavirus. Dimanche 23 août, les autorités ont annoncé que l’île était placée en vigilance « renforcée », après que 284 nouveaux cas y ont été déclarés en 24 heures.
Ce territoire a ainsi officiellement été ajouté à une liste de lieux où la propagation du virus est alarmante – dont la capitale Athènes, Thessalonique et plusieurs îles touristiques -, et un couvre-feu y a été instauré. À partir de lundi 24 août, et jusqu’au 1er septembre, les restaurants et les bars de l’île doivent fermer à minuit et les rassemblements en extérieur sont limités à 50 personnes, sauf si les règles de distanciation sociale peuvent être respectées.
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Ces mesures viennent s’ajouter au confinement, toujours en vigueur depuis le mois de mars, dans l’enceinte du camp de Moria, où croupissent environ 13 000 migrants dans un espace prévu pour 2 800 personnes.
À l’image de ceux des milliers de migrants se trouvant dans les camps des îles grecques et du continent, les déplacements des occupants de Moria sont strictement contrôlés afin d’éviter une propagation du virus, et ce jusqu’à la fin de mois d’août.
Contactée par InfoMigrants, l’équipe de Médecins sans frontières (MSF) présente dans le pays confirme toutefois qu’aucun cas de Covid-19 n’a été détecté parmi la population migrante vivant dans ce camp.
Incidents lors de l’inauguration d’une « clinique Covid »
Pour gérer au mieux une éventuelle propagation du virus dans ces lieux insalubres et surpeuplés, une « clinique Covid » a été inaugurée par le gouvernement à l’extérieur du camp de Moria, jeudi 20 août.
Preuve des vives tensions sur l’île : cette inauguration a été le théâtre de débordements. Des manifestants anti-migrants se sont rassemblés à l’extérieur du bâtiment pour jeter des pierres, crier des injures et des menaces, a rapporté MSF dans un communiqué.
Une clinique gérée par MSF, spécialisée en pédiatrie et en santé sexuelle et reproductive, a également été visée lors de ces heurts. « Nos équipes médicales ont dû être évacuées des lieux en bus », a précisé l’ONG dans le communiqué. « Dans quel monde vivons-nous, lorsque des enfants et des femmes enceintes qui sont traités par des docteurs sont la cible de personnes qui leur jettent des pierres?
Fin juillet, un centre d’isolement Covid-19 mis en place à Lesbos par MSF avait été contraint de fermer. Cette fermeture avait été décidée « sous la menace de sanctions administratives, voire de poursuites pénales, prétendument dues à des violations du règlement d’urbanisme de l’île », avait alors annoncé l’organisation.
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»Les gens vivent pratiquement les uns sur les autres [dans le camps de Moria] et les conditions sanitaires sont extrêmement mauvaises », alerte Faris Al-Jawad, chargé de la communication en ce qui concerne les opérations de MSF en Grèce. »C’est une grande chance qu’il n’y ait pas eu de cas de contamination dans le camp mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de risque d’épidémie. Et si il y en a une, les conditions à l’intérieur sont parfaites pour que le virus se propage comme un feu de brousse. »
Au-delà de la menace du coronavirus, la santé mentale des demandeurs d’asile, dans ce contexte particulier, est source d’inquiétudes. « Les restrictions de mouvements [des migrants] ont été prolongées indéfiniment. Cela a un impact sur l’état mental de ces personnes », affirme Faris Al-Jawad.
En dehors de Moria, plusieurs cas de Covid-19 ont été décelés parmi la population migrante en Grèce. Cinq personnes résidant dans le camp de Vial, qui accueille environ 3 000 personnes sur l’île de Chios, ont ainsi été infectées.
Sources :https://www.infomigrants.net/