Récemment libérés des « centres de transit » dans lesquels ils sont parfois retenus pendant des mois, plusieurs centaines de demandeurs d’asile ont peu à peu déserté la Hongrie pour poursuivre leur chemin vers l’Ouest. Les nouveaux arrivants sont quasi-inexistants et doivent désormais déposer leur demande d’asile en Hongrie, depuis une ambassade hongroise à l’étranger.
« Le gouvernement s’est pratiquement débarrassé de tous les demandeurs d’asile ». Pour Erno Simon, porte-parole hongrois de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le constat est sans appel : en Hongrie, le Premier ministre conservateur et anti-migrants, Viktor Orban, a durci ces dernières semaines sa politique migratoire qui figurait déjà parmi les plus strictes d’Europe. Il n’est notamment plus possible de déposer une demande d’asile dans le pays, il faut désormais passer par une ambassade hongroise à l’étranger.
Tout a commencé en mai lorsque Budapest a été condamnée par la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) pour la détention systématique depuis 2017, dans deux « camps de transit » à sa frontière sud, des personnes en quête de protection internationale. Une décision qualifiée « d’agression de Bruxelles » par Viktor Orban qui a néanmoins consenti à fermer ces camps de transit controversés et a fait transférer environ 300 demandeurs d’asile dans des centres d’accueil ouverts à l’intérieur du pays. Très peu d’exilés ont, toutefois, décidé d’y rester.
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La Hongrie se vide donc peu à peu de ses demandeurs d’asile, d’autant plus que les autorités ne laissent, depuis juin, plus entrer de nouveaux arrivants aux frontières, ce qui constitue selon l’ONU une violation du droit européen et international. Les demandeurs d’asile ne peuvent plus déposer leurs dossiers sur le sol hongrois. Ils doivent donc se tourner vers les représentations diplomatiques hongroises dans les pays voisins.
20 000 sans papiers arrêtés depuis janvier
Là encore, leur nombre est très faible. En Serbie, le principal pays par lequel passent les migrants, seules sept personnes avaient frappé à la porte de l’ambassade hongroise au 31 juillet, selon les chiffres fournis à l’AFP par le gouvernement. Ensuite, l’autorité hongroise chargée de l’asile dispose de deux mois pour évaluer ces « déclarations d’intention ». Si la demande est approuvée, un mois de détention automatique est ensuite prévue en Hongrie.
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Les départs de migrants n’ont pas, pour autant, permis d’accélérer le traitement des dossiers. L’administration fait preuve d’une lenteur « inexpliquée » selon Timea Kovacs, l’avocate du Comité Helsinki hongrois (HHC), une ONG qui propose une assistance juridique aux réfugiés sur place. « Tout prend beaucoup de temps alors que les enfants manquent l’école et qu’on empêche les adultes de s’intégrer », dénonce-t-elle auprès de l’AFP.
En face, la police hongroise se présente toutefois comme étant proactive : entre janvier et août 2020, selon elle, environ 20 000 personnes ont été appréhendées dans le pays ou en tentant d’y pénétrer sans papiers. Elles ont été placées en garde à vue ou renvoyées en Serbie. Les données des Nations Unies ont montré, en outre, qu’au cours du seul mois de juillet, 804 personnes ont été expulsées de Hongrie vers la Serbie.
Sources : https://www.infomigrants.net/