Une cinquantaine de migrants irakiens raccompagnés à Erbil lors d’une opération franco-allemande inédite
Ce jeudi 3 septembre, 51 migrants irakiens qui vivaient en France et en Allemagne ont été raccompagnés à leur demande à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, à l’occasion de la « première » opération conjointe européenne du genre.
Ces ressortissants irakiens, essentiellement des Kurdes, ont bénéficié en France comme en Allemagne du programme d’aide au retour volontaire, qui consiste pour un étranger à rentrer dans son pays contre une somme d’argent.
« Cette opération franco-allemande est une première et un exemple de bonne coopération entre pays européens » sur les questions migratoires, s’est félicité Didier Leschi, patron de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), auprès de l’AFP, soulignant que le vol Paris-Munich-Erbil avait été financé par Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Union européenne.
Mercredi après-midi, 15 Irakiens qui avaient été déboutés de leur demande d’asile et qui vivaient dans le nord de la France ont embarqué sur ce vol, après avoir subi un test Covid-19 qui s’est révélé négatif, contre une somme de 1 800 euros chacun, à laquelle s’ajoutera un montant de 3 000 euros une fois sur place au titre de « l’aide à l’insertion », explique Didier Leschi.
À Munich, 36 de leurs compatriotes ont embarqué à leur tour dans cet avion dans lequel ils ont été escortés par des fonctionnaires français et allemands. Ils devaient être 75 (soit 90 au total avec les Irakiens de France) mais plusieurs personnes infectées par le coronavirus n’ont pas pu monter à bord.
Le groupe a d’abord atterri jeudi à Bagdad, la capitale irakienne, avant de poursuivre leur vol jusqu’à Erbil, dans le nord du pays. L’initiative de cette opération conjointe, « qui en appelle d’autres » selon le directeur de l’OFII, a été prise par Berlin, explique-t-il.
Des retours freinés par la crise sanitaire
En France, « il y a une demande » pour les retours volontaires, « accélérée par la crise du Covid-19 », qui a rajouté de la tension notamment sur le marché de l’emploi, assure Didier Leschi.
Mais les difficultés de circulation et la chute des vols depuis le début de la crise sanitaire ont surtout freiné la possibilité d’effectuer ces retours : « Il y a même des demandes de retour que je n’arrive pas à satisfaire, émanant surtout des ressortissants algériens et marocains, car leurs pays ne veulent pas les reprendre, justement en raison du Covid-19 », ajoute-t-il.
En 2019, la France a réalisé quelque 8 500 retours volontaires, contre 2 300 depuis début 2020 avec cette formule plébiscitée par le gouvernement car elle est beaucoup moins onéreuse qu’un éloignement contraint. Selon un rapport parlementaire de 2018, le départ « forcé » revient en moyenne à 14 000 euros, contre 2 500 à 4 000 euros pour le « retour aidé ».
Sources : https://www.infomigrants.net/