L’organisation mandatée par l’État pour distribuer de la nourriture aux migrants de Calais organise désormais des « maraudes alimentaires ». Des camionnettes de la Vie active sillonnent la ville d’est en ouest à la rencontre des exilés. Mais les associations parlent d’un système inefficace et dénoncent « une opération de communication ».
La préfecture du Pas-de-Calais change de stratégie. Après le tollé provoqué par l’arrêté interdisant aux associations d’aide aux migrants de distribuer de la nourriture dans le centre-ville de Calais, la Vie active organise désormais des « maraudes alimentaires ».
Les associations visées par l’arrêté avaient accusé les autorités d’affamer les migrants, qui pour la plupart ne pouvaient se rendre aux points de distributions de l’organisation mandatée par l’État, trop éloignés de leurs lieux de vie.
« Éviter les grands rassemblements »
Ce nouveau dispositif intervient quelques jours après l’important démantèlement de la « zone de Virval », où des centaines de migrants ont été évacués et envoyés dans des centres d’accueil répartis sur tout le territoire national. L’État ne souhaitait pas que les exilés se réinstallent au même endroit et avait alors annoncé la mise en place de « nouvelles modalités de distributions ».
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Ainsi, depuis vendredi 2 octobre, les distributions de repas ne sont plus fixes et se font à bord de deux camionnettes ambulantes deux fois par jour – de 9h30 à 11h30, et de 14h15 à 16h30. Deux véhicules de la Vie active sillonnent la ville d’est en ouest* et les équipes s’arrêtent lorsqu’elles aperçoivent des groupes de migrants.
Selon la préfecture du Pas-de-Calais contactée par InfoMigrants, le nouveau mode de distribution permet « d’aller à la rencontre des migrants à proximité des lieux de vie recensés », et « limite le rassemblement des personnes » alors que la pandémie de coronavirus continue de se propager en France.
« Une opération de communication »
Reste que pour les associations, ces distributions mobiles gérées par l’État ne sont pas satisfaisantes. D’après François Guennoc de l’Auberge des migrants, qui a suivi les camions de la Vie active jeudi, le parcours initial prévu par les autorités n’est pas respecté, les véhicules ne s’arrêtant pas à tous les endroits indiqués.
De plus, le militant affirme que les maraudes n’atteignent pas l’ensemble des exilés vivants à Calais. « On estime que 400 repas ont été distribués hier [jeudi 8 octobre, NDLR], 200 le matin et 200 l’après-midi. Or il y a entre 550 et 600 migrants en ce moment à Calais » malgré les évacuations de campements de la semaine dernière, explique-t-il à InfoMigrants.
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La préfecture rétorque de son côté que « 1 200 à 1 400 repas [sont] distribués actuellement chaque jour », « ce qui permet de couvrir l’essentiel des besoins de la population migrante présente à Calais ».
L’Auberge des migrants dénonce « une opération de communication ». « Les autorités veulent pouvoir dire qu’ils continuent de distribuer de la nourriture aux exilés », ajoute François Guennoc, qui précise que les distanciations sociales ne sont pas plus respectées lors des distributions de la Vie active que celles des autres associations, non mandatées par l’État.
*Côté ouest, la Vie active passe par le secteur rue de Toulavenue Salengro – entrée du fort Nieulay – rue de Mogador – rue d’Orléansville – Citadelle. Côté est, la Vie active passe par la zone Marcel Doret-Turquerie, au bout de la grande rue du Beau-Marais – Hôpital – petit Courgain, derrière le stade de l’Épopée, jusqu’à la route de Gravelines et la rue des Huttes.
Sources : https://www.infomigrants.net/