Pour faire face à l’augmentation des arrivées de migrants, 350 soldats bulgares ont été envoyés à la frontière turque, dont certains secteurs frontaliers sont déjà recouverts de barbelés. Leur mission : surveiller la zone, en collaboration avec la police déjà sur place.
La Bulgarie emboîte le pas à la Pologne. Depuis lundi 1er novembre, des militaires supplémentaires surveillent, en soutien à la police frontalière, la frontière avec la Turquie. « Trois-cent cinquante personnes avec quelques 40 unités d’équipement ont été envoyées », a précisé le ministre de la Défense Gueorgui Panayotov à la télévision bTV.
En cause ? L’arrivée de 6 500 personnes – majoritairement originaires d’Afghanistan – entrées illégalement dans le pays et arrêtées, entre janvier et septembre. Soit trois fois plus qu’à la même période l’année dernière, a-t-il assuré.
Pour faire face à cet afflux, le Parlement avait déjà décidé en août d’envoyer 400 à 700 militaires aux frontières de la Bulgarie avec la Turquie et la Grèce. En plus d’une mission de surveillance, les soldats avaient été dépêchés pour aider à la construction de barrières.
Entre 2013 et 2018, la Bulgarie avait déjà érigé une clôture de barbelés de 259 km à sa frontière avec la Turquie, au sud-est du pays. Cependant, du fait d’un manque d’entretien, certains migrants ont pu pénétrer sur le territoire et transiter à travers le pays.
Depuis la Bulgarie, le risque d’un retour en Afghanistan
Entrée dans l’Union européenne en 2007, la Bulgarie, son membre le plus pauvre, n’est qu’un pays de transit pour les milliers de demandeurs d’asile qui la traverse. La plupart repartent avant même d’obtenir un réponse concernant leur statut de réfugié.
Cette situation peut s’avérer dangereuse pour les migrants afghans, car Sofia n’a pas suspendu les renvois vers l’Afghanistan malgré la prise de pouvoir des Taliban en août dernier. Si par exemple, un demandeur d’asile afghan est arrêté en France, il pourra alors être « dubliné » en Bulgarie, premier pays d’Europe où la demande d’asile a été déposée. Et risque donc un rapatriement.
Fin septembre, quatre Afghans ont été renvoyés par la préfecture du Bas-Rhin vers la Bulgarie. Une décision qu’avait déploré l’Ordre des avocats de Strasbourg, pour qui cette expulsion s’était faite au « mépris d’une décision de justice ».
>> À (re)lire : Migrants : la Bulgarie envoie des centaines de militaires à ses frontières grecque et turque
Depuis le mois d’avril et le début d’une crise politique dans le pays, « le thème des migrants afghans est venu empoisonner un peu plus les débats entre les différents acteurs politiques du pays, qui n’ont pas hésité à dramatiser la situation », affirme Courrier International. D’après le quotidien en ligne Dnevnik cité par le média, « tous les partis politiques, en plus des formations nationalistes, ne manqueront pas d’instrumentaliser le sujet aux prochaines élections ».
À l’image de Slavi Trifonov, animateur de télévision et fondateur du parti « Un tel peuple existe ». « Un million d’Afghans sont prêts à quitter leur pays pour échapper au régime des Taliban, a-t-il déploré. Je comprends que ces gens-là souffrent, mais nous allons nous aussi souffrir si on les laisse entrer chez nous ».
source : https://www.infomigrants.net/