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Grèce : après la quarantaine, la vie reprend dans le camp de Malakasa

Après des semaines de confinement, les migrants du camp athénien de Malakasa en Grèce peuvent à nouveau circuler librement. Mais les problèmes essentiels demeurent.

Le camp de migrants de Malakasa se trouve à environ 40 kilomètres au nord d’Athènes. Le site est entouré de collines et de forêts. Pendant plusieurs semaines, les portes de ce camp normalement ouvertes aux allers-venues sont restées fermées à cause du Covid-19.

La frustration n’avait cessé de grandir parmi les résidents. Certains ont soupçonné les autorités grecques de profiter de la pandémie pour tenir les migrants à l’écart de la société. Car au delà de l’interdiction de mouvement, aucune autre mesure comme des distributions de masques, du désinfectant ou des règles de distanciation physique n’a été mise en place.

Farad vient d’Afghanistan et vit avec son fils de deux ans à Malakasa depuis un an. Le reste de sa famille – sa mère, sa sœur et ses frères – se trouvent en Allemagne. Pour le jeune homme de 24 ans, les restrictions de déplacement ont duré beaucoup trop longtemps.

Farad vit depuis un an dans le camp de Malakasa. Crédit : DR
Farad vit depuis un an dans le camp de Malakasa. Crédit : DR

Depuis la fin de la quarantaine le 12 octobre, Farad et d’autres résidents du camp ont à nouveau la liberté de sortir et de se rendre à Athènes, à environ une heure de train. Il peuvent aussi à nouveau se rendre dans le village voisin de Malakasa.

Accès à l’éducation est à la santé

Mais au-delà du retour de la liberté de circuler, peu de choses ont changé sur le site. Avec 2 225 occupants en septembre, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM), le camp reste largement au dessus de sa capacité maximale d’accueil officielle de 1 589 places.

Un résident de Malakasa a construit un petit jardin autour de son habitation de fortune. Crédit : DR
Un résident de Malakasa a construit un petit jardin autour de son habitation de fortune. Crédit : DR

Hussain* est lui aussi originaire d’Afghanistan. Selon lui, plus de 860 enfants se trouvent dans le camp, dont ses nièces Ferhana* et Firouzeh*. Il explique qu’il est très difficile de trouver des activités pour les occuper. L’OIM affirme également que le camp ne dispose d’aucun espace réservé aux enfants. 

Officiellement, les enfants ont le droit d’aller à l’école publique grecque. Pendant la quarantaine cependant, aucun d’entre eux n’a pu s’y rendre. En réalité, même avant les restrictions liées à la pandémie, à peine la moitié des enfants, soit 450, étaient inscrits à l’école.

Beaucoup de résidents se plaignent en outre d’un manque d’assistance médicale dans le camp. « Il n’y a pas de clinique ici ou quelque chose de ce genre », assure Hussain. « Quand vous appelez l’ambulance le matin, elle arrive dans l’après-midi, cinq heures plus tard », déplore-t-il.

À Malakasa, les enfants n'ont pas d'espaces de jeux pour s'occuper. Crédit : Reuters
À Malakasa, les enfants n’ont pas d’espaces de jeux pour s’occuper. Crédit : Reuters

Coincés sans papiers

Hussain est venu à Malakasa dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure que sur l’île grecque de Lesbos, où il a vécu pendant un an dans le camp désormais détruit de Moria. À l’époque, la situation s’y était déjà tellement dégradée que Hussain a préféré prendre le risque de rejoindre la Grèce continentale bien que ses papiers ne l’y autorisaient pas.

« J’ai fait ce que j’avais à faire », explique-t-il. « J’ai pris un faux document et acheté des billets. Puis j’ai embarqué sur un ferry et suis venu sur le continent. »

Une fois à Athènes, Hussain n’avait aucun endroit où aller. Sa tante lui a alors conseillé d’aller à Malakasa. « Maintenant je suis ici. Sans ce lieu, je n’aurais aucun endroit pour vivre ou dormir. »

Des centaines de personnes vivent là parce que, comme Hussain, elles n’ont aucun autre endroit où aller. Les derniers chiffres du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) montrent également que la moitié des résidents ne sont pas enregistrés. Ils n’ont même pas pu entamer leur procédure de demande d’asile, tant les délais sont longs.

C'est dans cet assemblage de planches de bois, de tissus et de couvertures que vit Hussain. Crédit : DR
C’est dans cet assemblage de planches de bois, de tissus et de couvertures que vit Hussain. Crédit : DR

Comme 75% des résidents de Malakasa, Hussain n’a pas de numéro fiscal, appelé AFM, sans quoi il ne peut ouvrir de compte en banque, louer un logement, obtenir un numéro de sécurité sociale ou encore trouver un travail.

Comme l’explique Minos Mouzourakis, avocat au Refugee Support Aegean, pour obtenir un AFM, Hussain a besoin d’un certificat du camp qui atteste de son adresse, d’une facture d’électricité ou d’un contrat de location à son nom. Il n’a aucun de ces documents. 

Des résidents de Malakasa vendent des fruits et légumes, en octobre 2020. Crédit : DR
Des résidents de Malakasa vendent des fruits et légumes, en octobre 2020. Crédit : DR

Hussain a récemment décidé de retourner à Lesbos avec sa sœur et ses deux enfants. Comme eux, de plus en plus de migrants préfèrent quitter la Grèce continentale où les conditions de vie se détériorent. Sans-papiers, Hussain dit qu’il n’a pas d’autre choix. Il vit désormais dans une tente dans le nouveau camp de Lesbos, avec des milliers d’autres personnes ayant échappé à l’incendie de Moria en septembre.

Sources : https://www.infomigrants.net/

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