Surnommé « la Pierrefitte connexion », un réseau d’immigration clandestine actif entre Paris et la Grande-Bretagne a été démantelé suite à l’interpellation de sept membres, la semaine dernière. Les organisateurs faisaient embarquer les migrants dans des camions sur des aires d’autoroutes de Bourgogne.
Sept membres d’un réseau d’immigration clandestine, actif entre Paris et la Grande-Bretagne, ont été interpellés la semaine dernière, a appris l’AFP lundi 9 novembre de source policière. Parmi les interpellés, trois ont été écroués et quatre placés sous contrôle judiciaire, pour aide à l’entrée et au séjour irréguliers et participation à une association de malfaiteurs.
Selon le fonctionnement de cette filière, les migrants – principalement des hommes jeunes et des familles originaires d’Irak, d’Iran, d’Afghanistan, de Syrie et du Pakistan – étaient pris en charge à Paris puis convoyés vers des aires d’autoroutes où ils embarquaient ensuite dans des camions pour la Grande-Bretagne.
Ce démantèlement a nécessité un an d’enquête de la part de l’Office central pour la répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest), un service rattaché à la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF). « On estime que le réseau a fait entre 1,5 et 3 millions de chiffre d’affaires », chaque migrant devant débourser « 3 000 euros » pour un passage, a expliqué à l’AFP Jean Arvieu, chef adjoint de l’Ocriest.
Une organisation « pyramidale », des prises en charge chaque soir
Les membres de ce réseau, d’origine irako-kurde, étaient tous établis légalement en France. L’organisation était, elle, « pyramidale » avec un chef irakien « installé régulièrement en France », un « bras droit » de sa famille et des « passeurs chauffeurs » dont les véhicules étaient fournis « avec la complicité d’un garagiste pakistanais », a détaillé Jean Arvieu.
Concrètement, les candidats au départ étaient pris en charge à Paris et, surtout, en Seine-Saint-Denis, dans la ville de Pierrefitte-sur-Seine, où l’organisation avait basé l’essentiel de son activité. Cette filière, surnommée la « Pierrefitte connexion » par les enquêteurs, conduisait ensuite les migrants, à la nuit tombée, sur des aires d’autoroutes de Bourgogne, avant de les aider à monter clandestinement dans des camions à destination de la Grande-Bretagne.
Au plus fort de l’activité, les « passeurs chauffeurs » effectuaient cet itinéraire chaque soir.
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« Cela se passait spécifiquement sur les aires d’autoroutes de la région Bourgogne, l’A5 et l’A31 », que les organisateurs « se sont appropriées à la suite de guerres de territoire » avec d’autres réseaux, a encore expliqué Jean Arvieu. « Lors de nos surveillances, nous avons vu un enfant chargé par le toit d’un camion via un trou fait dans la remorque. »
« Plus les chargements se font loin, moins la vigilance des garde-frontières va être grande »
Le choix de la Bourgogne, pourtant très éloignée du nord de la France – environ 600 kilomètres séparent cette région de l’entrée du tunnel de la Manche, à Calais -, était stratégique.
« Plus les chargements se font loin de la zone de contrôle, moins la vigilance des garde-frontières va être grande et moins la vigilance des chauffeurs de camion va être exacerbée », souligne le commissaire Arvieu. Aucune complicité chez ces derniers n’a été matérialisée par l’enquête.
Alors que les tentatives d’entrée en Grande-Bretagne se multiplient, un autre réseau de passeurs avait été démantelé début octobre. Les membres de ce réseau officiaient, eux, dans la Manche. Le tarif d’une traversée était, là aussi, de 3 000 euros par personne en moyenne.
Sources : www.infomigrants.net