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Canaries : tensions autour de l’hébergement des migrants dans des hôtels

La maire de la ville Mogan, dans l’archipel des Canaries, a exigé que le gouvernement espagnol prenne en charge dans d’autres lieux les milliers de migrants hébergés actuellement dans une dizaine d’hôtels de sa commune, alors que le secteur touristique est déjà en plein marasme.

Dans les îles Canaries, l’afflux de migrants prend une dimension de plus en plus polémique. Jeudi 26 novembre, Onalia Bueno, la maire de Mogan, l’une des communes de l’île de Grande Canarie les plus touchées par l’arrivée de migrants, a exhorté le gouvernement espagnol à agir.

Sa revendication : que Madrid trouve d’autres hébergements d’ici la fin de l’année pour les 3 471 migrants actuellement logés dans dix hôtels des environs. Au total, environ 5 000 exilés sont hébergés dans des complexes touristiques. “La solidarité dont fait preuve Mogan a une date d’expiration fixée au 31 décembre », a affirmé Onalia Bueno, estimant que l’Espagne continentale devait aider à gérer ces personnes. “Nous ne pouvons pas continuer à accepter que Grande Canarie devienne une prison, un Lampedusa ou un Lesbos à cause de l’inaction de ce gouvernement et de son manque de coordination. »

>> À (re)lire : Reportage : aux Canaries, face à l’afflux de migrants, « la situation devient ingérable »

Pour Onalia Bueno, il en va de la réputation touristique de l’île, où l’automne représente la saison la plus attractive. Plus de 18 000 migrants venus des côtes africaines ont atteint l’archipel espagnol, soit par eux-mêmes soit après avoir été secourus, depuis le début de l’année – contre seulement 1 500 personnes durant la même période en 2019.

En réaction, plusieurs manifestations, en défense de leurs droits mais aussi contre la présence de ces migrants, ont eu lieu ces dernières semaines.

Les hôtels, une solution de transition adéquate

Devant cet afflux, les autorités espagnoles, à court d’hébergement sur cet archipel et peu enclines à transférer les migrants sur le territoire métropolitain, ont installé des campements temporaires – qui devraient à terme pouvoir accueillir jusqu’à 7 000 personnes – mais ont surtout eu recours au secteur hôtelier. 

En raison de la pandémie de coronavirus, les hôtels sont durement touchés par un manque de clients : selon des chiffres officiels, le nombre de nuitées dans l’archipel a chuté de 86,7% en octobre sur un an, à 1,1 million. Ces établissements sont donc, en grande partie, laissés vacants, faute de touristes.

Pour la secrétaire d’État chargée de la Migration, Hana Jalloul, les hôtels sont ainsi une solution de transition adéquate. « Si je laissais ces migrants à la rue maintenant, ce serait les services sociaux qui devraient s’en occuper. Vous pensez que la mairie a les ressources pour héberger 3 400 migrants? », a-t-elle demandé face à des journalistes.

« Un de mes clients va porter plainte contre son agence de voyages »

Pour les professionnels du tourisme, pilier de l’économie de l’archipel, cette nouvelle crise migratoire tombe pourtant très mal. « Cela donne une mauvaise image », accuse Miguel Gonzalez, propriétaire d’un bar, cité par l’AFP. « Un de mes clients va porter plainte contre son agence de voyages. Ils ne lui avaient pas dit que Puerto Rico (station balnéaire sur l’île de Grande Canarie) était pleine de migrants. Il a été une fois à la plage et il y avait des groupes de 15-20 (migrants) sans masques. Il n’est pas ressorti (de son hôtel) et a décidé de partir », poursuit-il.

>> À (re)lire : Les Canaries, une prison pour les migrants qui rêvent du continent européen 

« Nous ne sommes pas contre l’immigration mais il faut des sites spécifiques. Si une personne dépense ses économies pour venir, elle ne veut pas partager son hôtel avec un migrant », dénonce pour sa part Carmelo Suárez, loueur de voitures.

Pour remédier à la situation, Onalia Bueno a, elle, menacé de mettre des amendes aux hôtels qui continueraient à louer des chambres au gouvernement l’année prochaine. Ces amendes pourraient s’élever jusqu’à 300 000 euros.

Faute d’hébergement, des milliers de migrants ont été contraints ces dernières semaines de dormir dehors au port d’Arguineguin « dans des conditions inhumaines », selon la maire de Mogan.

Sources : https://www.infomigrants.net/

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