Une demi-heure après son départ de la ville marocaine de Dakhla, un bateau qui tentait de rejoindre les îles Canaries a chaviré. Le naufrage a fait 42 victimes, dont huit enfants et 30 femmes.
Les départs en mer depuis les côtes nord-africaines et les drames qui les accompagnent ne connaissent aucun répit depuis quelques semaines. Jeudi 5 août, 42 personnes sont mortes dans le naufrage de leur embarcation, au large des Canaries. Parmi les victimes, on compte 30 femmes, huit enfants et quatre hommes, a rapporté l’ONG Caminando Fronteras.
Un peu plus de trente minutes après son départ de la ville de Dakhla, au sud du Maroc, « le bateau a commencé à dériver », raconte la fondatrice de l’ONG espagnole Helena Maleno sur son compte Twitter. Une vague a fait chavirer le bateau, les pêcheurs témoins de la scène ont alors prévenu la gendarmerie ».
Six femmes et quatre hommes ont tout de même pu être secourues. Une des rescapées « a perdu ses deux enfants », ajoute Helena Maleno. À ce jour, seul le corps de l’une des filles de cette femme a été retrouvé. « Elle nous a dit, dévastée, que demain, elle avait rendez-vous à la morgue pour l’identifier et que son seul souhait était de l’enterrer dignement », ajoute la militante.
D’après Caminando Fronteras, qui a compilé les données des autorités marocaines et espagnoles, ainsi que des informations des familles de victimes, au moins 2 087 migrants sont morts ou ont disparu en essayant d’atteindre l’Espagne dans des embarcations de fortune au premier semestre 2021.
La route des côtes ouest-africaines qui mène aux îles Canaries, dans l’Atlantique, concentre la plupart de ces drames, avec 1 922 morts ou disparus, tandis que le reste correspond aux migrations en Méditerranée.
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Selon Helena Maleno, l’augmentation du nombre de décès cette année serait dû à une plus grande utilisation des bateaux pneumatiques, moins sûrs, les migrants ayant du mal à trouver des bateaux en bois. La militante dénonçait également, début juillet, une coopération insuffisante entre les services de secours espagnols et marocains. « Il n’y a pas de coordination. Les informations ne circulent pas entre les deux États », avait-t-elle déploré.
Elle avait affirmé qu’il arrivait régulièrement qu’aucun secours – espagnols ou marocains – ne soit envoyé vers les embarcations en détresse. « Les migrants peuvent passer une journée entière à se noyer ».
Des sauvetages quasi quotidiens
Ces derniers jours, de nombreux sauvetages ont été opérés sur cette route. Jeudi 5 août, 26 Africains subsahariens ont été secourus au large de Grande Canarie, par les sauveteurs espagnols. Les migrants, tous des hommes, sont sains et saufs et ont été emmenés au port d’Arguineguín.
Les autorités marocaines de Laâyoune ont, elles aussi, intercepté 75 Africains subsahariens dont l’embarcation était à la dérive. Lors d’une seconde opération, 54 personnes ont été secourues. À Laâyoune même, 79 candidats au départ, originaires d’Afrique subsaharienne, qui s’apprêtaient à prendre le large vers les îles Canaries, ont été interpellés.
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Les différents services de sécurité marocains ont également mis en échec deux tentatives de départ : la première à 36 km de Boujdour, au sud de Laâyoune, et la deuxième dans la localité d’Amgriou, dans la province de Tarfaya.
Jusqu’ici, cette année, les îles Canaries ont accueilli près de 200 embarcations de 7 531 migrants, soit 136,5 % de plus qu’à la même période en 2020, d’après le dernier bilan du ministère de l’Intérieur espagnol.
Au cours des sept premiers mois de 2021 – les arrivées des 17 et 18 mai à Ceuta exceptées – plus de 16 500 migrants sont arrivés en Espagne par des moyens irréguliers.
source : https://www.infomigrants.net/fr