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Séparation de couples de demandeurs d’asile au Danemark : ouverture du procès de l’ex-ministre Inger Støjberg

Inger Støjberg, ex-ministre de l’Intégration du Danemark, est jugée à partir de jeudi devant la Cour spéciale de justice danoise, une procédure rarissime dans le pays scandinave. Elle est accusée d’avoir contrevenu à la loi en séparant d’office un couple de demandeurs d’asile arrivant dans le pays.

Inger Støjberg sera jugée à partir de ce jeudi 2 septembre. Proche de l’extrême-droite et farouchement anti-immigration, elle devra faire face à une cour spéciale de justice.

Elle est accusée d’avoir contrevenu à la loi en séparant d’office un couple de demandeurs d’asile, une procédure extrêmement rare dans l’histoire du pays.

« C’est le premier cas en 25 ans et avant il y a eu seulement un seul cas comparable […] C’est historique », a déclaré à l’AFP Frederik Waage, professeur de droit à l’Université du Danemark du sud.

En 2016, Inger Støjberg avait ordonné aux services d’immigration du Danemark de séparer les couples de demandeurs d’asile, lorsque l’un d’entre eux était âgé de moins de 18 ans pour lutter contre les mariages d’enfant forcés. Cette même année, 23 couples, dont la différence d’âge était majoritairement peu importante, avaient été séparés, sans examen individuel de leur dossier, en vertu de la consigne donnée par la ministre libérale.

>> À (re)lire : Inger Stojberg, la Dame de fer danoise qui ne voulait pas de migrants dans son pays

Mais cette consigne constituait-elle une « violation de la Convention européenne sur les droits de l’Homme » ? C’est ce que vont tenter de déterminer les 26 juges de la Cour pendant les 46 jours d’audience.

Selon le journal britannique The Guardian, « Inger Støjberg pourrait écoper d’une amende ou d’une peine de prison de deux ans maximum ».

Circonstance aggravante, Inger Støjberg a menti devant la commission d’enquête

Circonstance aggravante, interrogée en commission d’enquête en février, elle aurait donné des « informations incorrectes ou trompeuses ». La députée estime toutefois être accusée à tort.

« Une grande majorité me trouve coupable mais contrairement à vous, je sais que je n’ai pas ordonné quelque chose d’illégal », avait-elle dit dans l’hémicycle. « Imaginez que vous arriviez dans un pays comme le Danemark, un pays de parité, en tant que jeune fille victime d’un mariage forcé, et que vous découvriez qu’au lieu de vous donner la possibilité de rompre votre mariage forcé, l’État vous y force en vous logeant ensemble dans un centre d’asile », avait-elle plaidé.

Ministre de l’Immigration de 2015 à 2019 dans un gouvernement de centre-droit soutenu par la droite populiste anti-immigration DF (parti du peuple danois), Inger Støjberg assumait la très restrictive politique d’accueil du Danemark et s’enorgueillissait d’avoir adopté plus de 110 amendements restreignant les droits des étrangers.

« Zéro demandeur d’asile » au Danemark

En 2016, le Danemark s’était déjà illustré par sa politique stricte anti-migrants quand le pays avait imposé une taxe pour les migrants entrant dans le pays. La loi controversée – et portée par Inger Støjberg – permettait de confisquer aux demandeurs d’asile argent et biens de valeur pour financer leur séjour.

Au mois de février, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, elle aussi anti-immigration, avait affirmé vouloir poursuivre une politique visant « zéro demandeur d’asile ». Le pays ne croule pourtant pas sous les demandes de protection internationale. En 2020, environ 1 500 personnes ont demandé l’asile au Danemark, le chiffre le plus bas depuis 1998.

C’est la troisième fois depuis 1910 qu’un responsable politique est renvoyé devant la cour spéciale de justice, destinée à juger des ministres ayant commis des malversations ou négligences dans l’exercice de leurs fonctions.

Elle est composée d’un maximum de 15 juges de la Cour suprême et d’un nombre identique de membres choisis par le Parlement. Le dernier cas jugé par cette cour spéciale remonte à 1993 avec le « Tamoulgate », le gel illégal du regroupement familial des réfugiés tamouls qui avait été décidé en 1987 et 1988 par l’ancien ministre conservateur de la Justice Erik Ninn-Hansen. Il avait écopé ensuite d’une peine de quatre mois de prison avec sursis.

source : https://www.infomigrants.net/fr

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