Un campement installé sur un champ de Grande-Synthe a été évacué mercredi. Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux enfants, vivaient là, selon l’association Utopia 56. Le champ sur lequel elles étaient installées a été labouré pour empêcher leur réinstallation.
Un champ sur lequel vivaient plusieurs centaines de migrants à Grande-Synthe, a été évacué mercredi 13 octobre. Les personnes, dont de nombreuses familles avec enfants, ont été expulsées. « Le champ a été labouré pour créer des ornières et empêcher les gens de se réinstaller », a constaté Marie Chapelle, coordinatrice de l’antenne d’Utopia 56 à Grande-Synthe, interrogée par InfoMigrants.
Ce démantèlement, « avec le concours de la force publique », a été décidé en application « de la décision du tribunal judiciaire de Dunkerque ordonnant l’expulsion des occupants sans droit ni titre de parcelles dit de la ferme Moret », a indiqué la préfecture à l’AFP.
« C’est scandaleux, les personnes sont mal traitées, dénonce encore Marie Chapelle. Il n’y a pas d’informations qui leur sont données. Il n’y a pas toujours d’interprète sur place, et quand c’est le cas, il communique très peu avec les personnes. »
Présentée comme une opération de mise à l’abri, l’évacuation de mercredi n’a pourtant pas permis à tous les exilés d’obtenir une place d’hébergement. « Pour plus de 1000 personnes, seulement 2 bus ont été prévus et seule une centaine a été placée en CAES« , alerte Marie Chapelle. Selon la préfecture, ce sont 118 personnes qui ont été « mises à l’abri ».
« On n’arrive pas à comprendre. Pourquoi tout ramasser et les repousser à côté ? À quoi ça sert ? À une époque, au moins, ils faisaient semblant de mettre tout le monde à l’abri, là, il n’y a même pas assez de places », a déploré Claire Millot de l’association Salam, auprès de l’AFP.
« Solution d’hébergement largement sous-dimensionnée »
« Le discours de la préfecture est toujours : les gens ne sont que de passage ici et ne veulent pas aller dans les lieux d’hébergement. Mais c’est faux, des familles demandent tous les jours à être hébergées. La solution d’hébergement proposée hier était largement sous-dimensionnée », souligne Marie Chapelle.
Les personnes laissées sur place « sont complètement désorientées ». « [Elles] ont été éparpillées et beaucoup sont retournées sur l’ancien campement, évacué il y a trois semaines », explique la militante qui souligne un grave manque de communication entre la mairie et la préfecture. « La mairie venait d’installer des points d’eau sur le champ évacué mercredi. »
Dans un communiqué daté de lundi dans lequel il reprochait au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin d’avoir « occulté » les camps de migrants de Grande-Synthe lors de sa venue sur le littoral samedi, le maire de la ville, Martial Beyaert, plaidait pour l’ouverture de centres d’accueil sur le littoral.
« Ces lieux de refuge nécessaires à la veille de l’hiver permettraient premièrement aux exilés de vivre dans des conditions dignes, mais également de sortir de l’emprise des passeurs », avait affirmé l’édile, demandant également à l’État de « tenir l’engagement pris » quant à « la distribution des repas ».
source : https://www.infomigrants.net/