Les associations maintiennent la pression dans le nord de la France. Trois cent membres d’Emmaüs ont annoncé mercredi un jeûne de 24h en soutien aux grévistes de la faim de Calais et pour « celles et ceux qui se battent depuis des années pour que les personnes exilées soient enfin considérées et traitées dignement ». Selon Emmaüs, « le gouvernement s’est montré sourd aux appels à l’humanité des associations locales ».
« Emmaüs solidaire des grévistes de la faim à Calais ». Dans un communiqué, Emmaüs a annoncé mercredi 10 novembre que 300 membres de son organisation, des « compagnes et compagnons, des salarié.es en insertion, des bénévoles et des salarié.es », « ont entamé un jeûne symbolique depuis ce matin 8h00, pour une durée de 24 heures ».
Depuis un mois, Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, deux militants associatifs, ont cessé de s’alimenter pour réclamer en priorité un moratoire sur les démantèlements de campements de migrants en période hivernale dans le Calaisis. Ce jeûne permet aussi de « soutenir celles et ceux qui se battent depuis des années pour que les personnes exilées soient enfin considérées et traitées dignement », ajoute le communiqué.
« À Calais, la politique gouvernementale du ‘zéro fixation’ atteint des sommets inédits de violences et d’inhumanité », estiment les membres d’Emmaüs. « On ne compte plus les offenses des pouvoirs publics à la dignité humaine ».
Initialement, le prêtre Philippe Demeestère, 72 ans, était le troisième gréviste de la faim, mais il a mis un terme la semaine dernière à son action, qui a conduit le gouvernement à dépêcher sur place un médiateur pour trouver une sortie de crise.
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Selon Emmaüs, « le gouvernement s’est montré sourd aux appels à l’humanité des associations locales et des organisations partenaires » et la « nomination d’un émissaire gouvernemental n’a apporté aucune réponse concrète au drame humain qui se noue dans le Calaisis ».
Près de 1 400 migrants accueillis dans le nouveau « centre d’accueil temporaire »
Le médiateur Didier Leschi, chef de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), avait annoncé le 3 novembre la création d’un « sas d’hébergement de nuit » de 300 places. En une semaine, 1 380 personnes ont été accueillies dans ce « centre d’accueil temporaire », situé dans la zone industrielle de Calais, à environ quatre kilomètres du centre-ville, a indiqué mercredi à l’AFP la sous-préfecture de Calais.
Les migrants sont acheminés dans la structure par bus. Sur place, ils disposent d’une collation, de prises électriques pour recharger leur téléphone, de sanitaires, d’une brosse à dents ou encore d’une paire de tongs. Les exilés peuvent y passer une nuit, mais doivent quitter les lieux à 8h30.
En moyenne, 197 personnes sont accueillies chaque nuit, d’après la préfecture. Elles sont, si elles le souhaitent, redirigées ensuite vers des hébergements plus pérennes en dehors de Calais.
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Mais ce dispositif, décidé par l’État en réponse aux récriminations des militants associatifs sur les conditions de vie des migrants à Calais, ne convainc ni les associations ni la mairie.
« Ça ne suffit pas », explique à l’AFP Ludivine Colas, coordinatrice d’Utopia 56. « Trois cents places ne peuvent pas combler les besoins de 1 500 personnes présentes sur le Calaisis. On souhaiterait aussi un dispositif […] qui permette [aux migrants] de se reposer sur plusieurs jours », affirme-t-elle.
« C’est toujours ça de pris, mais c’est vraiment insuffisant », tance Pierre Roques, coordinateur de l’Auberge des Migrants.
De son côté, la maire de Calais, Natacha Bouchart, craignant la reconstitution d’une nouvelle « jungle » dans sa ville, a demandé la « suppression » de ce sas, un dispositif « voué à l’échec ».
Source : https://www.infomigrants.net/