Jeudi soir, un voilier transportant des migrants a fait naufrage au nord de l’île d’Anticythère, non loin de la Crète, après avoir heurté un îlot rocheux, faisant onze morts. Les naufragés ont attendu les secours toute la nuit, empêchés de se rendre sur place à cause du mauvais temps.
Au moins 11 personnes, dont cinq hommes et deux femmes, sont mortes au large de l’île d’Anticythère, dans le sud de la Grèce, d’après les garde-côtes grecs. Leur voilier a fait naufrage dans la soirée du jeudi 23 décembre après avoir heurté un îlot rocheux, affirme l’édition grecque de la chaîne CNN.
L’alerte a été donnée par les passagers eux-mêmes peu de temps après le drame, mais les navires des garde-côtes n’ont pu être déployés que vendredi matin, en raison des mauvaises conditions météorologiques, a expliqué la télévision d’État.
>> À (re)lire : En Grèce, face aux restrictions, les migrants cherchent d’autres routes maritimes
Les rescapés du naufrage, environ 90 personnes, sont donc restés bloqués toute la nuit au beau milieu de la mer Égée. Ce matin, ces 52 hommes, 11 femmes et 27 enfants ont finalement pu être secourus. Les recherches se poursuivent, en revanche, pour retrouver d’autres disparus dans cette zone difficile d’accès. « Les opérations de sauvetage continuent parce qu’il n’est toujours pas clair de savoir combien de personnes se trouvaient dans le bateau avant qu’il sombre », a assuré un responsable des garde-côtes à l’AFP.

Mardi soir, un autre bateau – un canot pneumatique – a chaviré au large de l’île de Folegandros dans le sud des Cyclades. Au moins trois personnes sont décédées, et des dizaines d’autres sont toujours portées disparues. Les 13 exilés secourus ont affirmé que l’embarcation transportait entre 32 et 50 migrants au moment où elle a pris l’eau.
Ce drame « nous rappelle douloureusement que des personnes continuent à s’embarquer dans des voyages périlleux en quête de sécurité », a réagi Adriano Silvestri, le représentant adjoint du Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) en Grèce.
« Changement de tactiques »
Ces deux naufrages se sont produits loin des routes habituelles empruntées par les migrants qui veulent atteindre l’Union européenne depuis la Turquie. Situées dans le sud de la Grèce, Folegrandos et Anticythère sont à des kilomètres de Lesbos ou de Samos, étapes privilégiées des exilés jusqu’ici, et bien plus proches des côtes turques.
Mais face à la politique migratoire restrictive mise en place par le gouvernement conservateur grec, et aux refoulements réguliers et violents des garde-côtes, « les passeurs semblent changer de tactiques », écrit le New York Times.
Depuis quelques mois, de nombreux bateaux, dont des voiliers, font directement chemin vers le sud de l’Italie. C’est « la route calabraise », moins surveillée. Selon l’agence de presse AP, les arrivées en Calabre se sont multipliées par quatre en 2021 et représentent désormais 16% des arrivées en Italie par la mer. Près de 9 700 personnes sont arrivées dans la région, contre quelque 2 500 en 2020, d’après le HCR.
>> À (re)lire : Italie : la route calabraise, la nouvelle route migratoire en Méditerranée
Cette voie, qui contourne la Grèce par le sud, n’en est pas pour autant moins dangereuse. Les courants y sont forts, et les nombreux îlots rocheux qui s’y trouvent rendent la traversée très périlleuse. D’après le HCR, le naufrage de Folegandros était le plus meurtrier en mer Égée cette année. Jusqu’au drame d’Anticythère.
ET AUSSI
- Mer Égée : trois personnes meurent dans un naufrage au sud des Cyclades
- Naufrage meurtrier dans la Manche : la 27e victime est un jeune homme de nationalité vietnamienne
- « Des migrants menacent de jeter des bébés » dans la Manche : les propos de Darmanin ulcèrent les associations
- Vingt-sept migrants meurent dans le naufrage de leur embarcation au large de Calais
Source: https://www.infomigrants.net