Devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), le président de la Fifa Gianni Infantino a semblé établir un lien mercredi 26 janvier entre son projet de Coupe du monde tous les deux ans et la tragédie des migrants en Méditerranée à qui il faut « donner de l’espoir », déclenchant une polémique qu’il a tenté d’éteindre en évoquant des propos « mal interprétés ».
« Je comprends qu’en Europe, la Coupe du monde a lieu deux fois par semaine, parce que les meilleurs joueurs jouent en Europe », mais il convient de penser « au reste du monde (…) qui ne voit pas les meilleurs joueurs, qui ne participe pas aux compétitions de haut-niveau », a déclaré Infantino devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) à Strasbourg.
« Jusqu’où peut s’abaisser Infantino ? »
« Nous devons les inclure, nous devons trouver des moyens d’inclure le monde entier, de donner de l’espoir aux Africains afin qu’ils n’aient pas besoin de traverser la Méditerranée pour trouver peut-être une vie meilleure, mais plus probablement la mort dans la mer. Nous devons donner des opportunités, et nous devons donner de la dignité, non pas en faisant la charité, mais en permettant au reste du monde de participer », a déclaré le dirigeant italo-suisse.
Des propos qui ne sont pas passés inaperçus, et qui ont été commentés largement sur les réseaux sociaux. « Jusqu’où peut s’abaisser Infantino ? Instrumentaliser la mort en Méditerranée pour vendre son projet mégalomaniaque, laisse sans voix », a réagi Ronan Evain, directeur-général du collectif Football Supporters Europe.
« Mes collègues d’Human Rights Watch interviewent des réfugiés partout dans le monde à peu près chaque jour. Nous écrivons des rapports sur les raisons (…) qui les contraignent à quitter leurs foyers. Ils ne mentionnent jamais le calendrier de la Coupe du monde », a ironisé Andrew Stroehlein, en charge des médias au sein de cette ONG.
Des propos sortis « de leur contexte »
Gianni Infantino, par le biais du compte Twitter de la Fifa, a souhaité revenir sur le sens de ses propos, estimant que certaines remarques qu’il a faites devant le Conseil de l’Europe plus tôt dans la journée avaient été « mal interprétées » et « sorties de leur contexte ».
Gianni Infantino a expliqué que son message plus général était que « toute personne en position de décision a la responsabilité de contribuer à améliorer la situation des gens dans le monde. » Et d’ajouter : « S’il y a plus d’opportunités disponibles, y compris en Afrique, mais certainement pas seulement sur ce continent, cela devrait permettre aux gens de saisir ces opportunités dans leur propre pays. C’était un commentaire général, qui n’était pas directement lié à la possibilité de jouer une Coupe du Monde de la Fifa tous les deux ans ».
Défendue par Gianni Infantino, l’hypothèse d’une compétition biennale, et non plus quadriennale, est combattue par un front allant des fédérations européennes et sud-américaines jusqu’aux grands clubs. Mais elle bénéficie du soutien unanime des 54 fédérations africaines.
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Source: https://www.infomigrants.net