• ACCUEIL
  • Nos Chaines
  • Actualites
  • NOS EMISSIONS

À Grande-Synthe et Dunkerque, sauveteurs et associations redoutent un prochain naufrage de migrants

  • ACTUALITES

Sur le littoral français, le naufrage du 24 novembre dernier dans la Manche et ses 27 morts, hante encore les esprits des sauveteurs en mer et des associations d’aide aux migrants. À Dunkerque, comme à Grande-Synthe, tous redoutent un nouveau naufrage meurtrier. Car malgré les températures hivernales, les tentatives de traversées ne faiblissent pas.

Julia Dumont, envoyée spéciale dans le nord de la France.

Il faisait froid, le vent était fort et les vagues hautes. Pourtant, Barkoud, Abidi et Nadia sont montés dans le bateau qui a quitté, jeudi 10 février, à l’aube, les côtes françaises, au niveau de Leffrinckoucke, à quelques kilomètres au nord de Dunkerque.

Dix minutes après le départ, le bateau s’est effondré sur lui-même, racontent, le lendemain, les trois jeunes Érythréens, autour d’un petit feu, allumé près de leurs tentes. Les occupants du canot ont appelé le 112, le numéro d’urgence international, et une équipe de douaniers français est venue leur porter secours. Ramenés au port de Dunkerque, les jeunes Érythréens sont rentrés au campement de Grande-Synthe en bus, trempés jusqu’aux os. Vendredi après-midi, leurs vêtements sont encore étalés sur des palettes de bois devant leurs tentes. Ils les avaient mis là à sécher.

>> À (re)lire : « Bien sûr que j’ai peur » : à Grande Synthe et Calais, les migrants déterminés à partir malgré le naufrage meurtrier

Sur le littoral français, de la frontière belge à Boulogne-sur-Mer, les départs d’embarcations de migrants ne faiblissent pas malgré l’hiver. Face à un phénomène qui, généralement, se réduit lors des mois les plus froids puis repart au printemps, sauveteurs et associations tirent la sonnette d’alarme. Tous craignent qu’un nouveau drame, semblable au naufrage du 24 novembre dernier, ne se reproduise. Vingt-sept migrants avaient perdu la vie dans la Manche en espérant atteindre les côtes anglaises.

« Notre activité a été multipliée par six ces quatre derniers mois »

Ces trois dernières semaines, les départs ont été moins nombreux à cause du mauvais temps. Mais avant que cette météo défavorable ne s’installe dans la zone, la Société nationale des sauveteurs en mer (SNSM) de Dunkerque a connu une période particulièrement intense. « Notre activité a été multipliée par six ces quatre derniers mois, assure Alain Ledaguenel, président de l’organisation à Dunkerque. En temps normal, on fait une centaine de sorties [en mer] par an. Là, en octobre, novembre, décembre, on en a déjà fait 50, juste pour les réfugiés. »

Alain Ledaguenel, dans le port de Dunkerque, le 10 février 2022. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Alain Ledaguenel, dans le port de Dunkerque, le 10 février 2022. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Parmi les personnes à qui lui et son équipe – tous bénévoles – ont porté secours début novembre, il y avait une famille de Kurdes. Une mère et ses trois enfants : deux adolescents et une petite fille de sept ans. Alain Ledaguenel l’a tout de suite reconnue quelque jours plus tard, quand l’identité des victimes du naufrage du 24 novembre a été révélée. Ils en faisaient partie. Le marin a encore la photo de la fillette, enroulée dans une couverture de survie, dans son téléphone.

>> À (re)lire : Nord de la France : installation de caméras sur le littoral pour freiner les traversées de la Manche

Un passage au camp de Grande-Synthe confirme l’intensité des départs. Ali et Seyran, eux aussi kurdes, sont arrivés dans le camp le 25 novembre dernier avec leur quatre enfants âgés de un à neuf ans. Depuis, la famille a déjà tenté sept fois de traverser la Manche en bateau.

Leur dernière tentative remonte au mercredi 9 février. « Des policiers nous ont arrêtés avant qu’on monte à bord et ils ont crevé le bateau avec un couteau », explique le père devant la tente qu’occupe la famille. À ses côtés, un jeune homme affirme vivre à Grande-Synthe depuis un mois et avoir déjà tenté 15 fois de traverser la Manche. Soit une tentative tous les deux jours, malgré des températures qui atteignent parfois 0 degré.

Ali, sa femme Seyran et trois de leurs quatre enfants. La famille a déjà tenté sept fois de traverser la Manche. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Ali, sa femme Seyran et trois de leurs quatre enfants. La famille a déjà tenté sept fois de traverser la Manche. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Zahra, elle, est arrivée jeudi dans le camp, avec ses cinq enfants. Mère de quatre filles et d’un fils, cette Afghane a quitté Kaboul après la chute de la ville aux mains des Taliban, de peur de voir ses filles être données en épouses à des islamistes. Les valises neuves et les vêtements propres de la famille dénotent dans le camp boueux et couvert de déchets. Zahra n’a pas l’intention de s’éterniser ici et espère passer en Angleterre au plus vite.

Conditions de vie indignes et emprise des passeurs

Alors que c’est Calais qui concentre encore la majeur partie des exilés présents sur le littoral français, les départs s’organisent de plus en plus en périphérie de la ville, où la présence policière est moins importante. Plus à l’ouest, vers Wimereux et Boulogne-sur-Mer. Et plus à l’est, vers Loon-Plage et Dunkerque. « Ça n’évolue pas dans le bon sens », souffle Alain Ledaguenel qui peste contre l’indifférence générale face au désespoir des exilés qui les pousse à prendre la mer.

>> À (re)lire : Mettre à l’abri les mineurs isolés de Calais : un défi quotidien

Anna Richel, coordinatrice de l’association Utopia 56 à Grande-Synthe, confirme que « ça passe beaucoup à Dunkerque » car la zone est un peu moins militarisée que Calais. Mais la jeune femme assure, pour autant, que les populations exilées de Calais et Grande-Synthe sont différentes et qu’il n’existe que peu de transfert d’une ville à l’autre.

Le camp de Grande-Synthe n'a ni eau courante, ni sanitaires. Les jours de pluie, la vie y devient encore plus dure qu'à l'accoutumé. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants
Le camp de Grande-Synthe n’a ni eau courante, ni sanitaires. Les jours de pluie, la vie y devient encore plus dure qu’à l’accoutumé. Crédit : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Dans le campement de Grande-Synthe, installé le long d’une voie ferrée désaffectée et habité en majorité par des Kurdes, les conditions de vie misérables sont aggravées par l’emprise que les passeurs font peser sur certaines personnes, dénonce-t-elle. « Cela pousse les personnes à partir au plus vite. » Selon la militante, certaines nationalités ne sont même pas acceptées. « L’autre jour, on a retrouvé un jeune Soudanais perdu en banlieue de Dunkerque. Il était allé au camp de Grande-Synthe mais on lui avait interdit de rester là-bas. »

« Il va y avoir de la casse »

En mer, Alain Ledaguenel voit ces exilés, pressés de quitter la France, accepter de monter à bord d’embarcations de qualité déplorable. « Généralement c’est un gros pneumatique mal foutu, vendu sur internet par des boîtes chinoises. Je n’en voudrais pas pour traverser ne serait-ce que le bassin du port. C’est criminel. »

Il n’est pas rare que ces bateaux, à la « matière toute fine » et « sans point d’ancrage », s’effondrent après quelques minutes en mer. C’est qui est arrivé, le 18 décembre dernier, à 2000 mètres seulement de la plage de Malo-les-bains, juste à côté de Dunkerque. Une embarcation, partie de Leffrinckoucke, avec 24 hommes à bord, s’est désintégrée dans une eau à 7 degrés. « Il faisait 3 degrés à l’extérieur », se souvient Alain Ledaguenel, qui n’a pas participé au sauvetage mais a eu plusieurs fois ses coéquipiers de la SNSM au téléphone au cours de la soirée.

>> À (re)lire : Calais : le nombre de migrants naufragés pris en charge par l’État a triplé en 2021

Malgré trois plongeurs à l’eau pour aider les membres de l’équipage à hisser les naufragés à bord, les secouristes se sont trouvés en difficultés. « Les gars m’ont appelé deux fois pour me dire : ‘On n’y arrive pas. Il va y avoir de la casse' », se remémore le marin. Finalement, tous les exilés ont été secourus. Il s’en est fallu de peu. Sans l’assistance des sauveteurs, « un quart d’heure plus tard, on avait 24 morts. »

Source: https://www.infomigrants.net

Partager :

  • Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)
  • Cliquez pour partager sur Tumblr(ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Articles similaires

février 15, 2022 Cheikh Moustapha Ndiaye

Post navigation

La Marine marocaine porte secours à 120 migrants en mer → ← L’Union européenne veut déployer Frontex au large des côtes sénégalaises

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A2i Music

To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video

A2i Religion

To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video

A2i Radio

To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video

A2i Naija

To view this video please enable JavaScript, and consider upgrading to a web browser that supports HTML5 video

Diapo

Abonnez-vous à ce blog par e-mail.

Saisissez votre adresse e-mail pour vous abonner à ce blog et recevoir une notification de chaque nouvel article par e-mail.

Rejoignez les 16 965 autres abonnés

                      Investo in Senegal

ArabicChinese (Simplified)EnglishFrenchGermanItalianSpanish
Via Vecchia Trevigiana 80
31015 Conegliano / TV ITALIA
+39 / 366 326 2008
direction@a2itv.com
Copyright © 2021 A2itv . Tous droits réservés.
We use cookies on our website to give you the most relevant experience by remembering your preferences and repeat visits. By clicking “Accept”, you consent to the use of ALL the cookies.
Do not sell my personal information.
Cookie SettingsAccept
Manage consent

Privacy Overview

This website uses cookies to improve your experience while you navigate through the website. Out of these, the cookies that are categorized as necessary are stored on your browser as they are essential for the working of basic functionalities of the website. We also use third-party cookies that help us analyze and understand how you use this website. These cookies will be stored in your browser only with your consent. You also have the option to opt-out of these cookies. But opting out of some of these cookies may affect your browsing experience.
Necessary
Toujours activé
Necessary cookies are absolutely essential for the website to function properly. These cookies ensure basic functionalities and security features of the website, anonymously.
CookieDuréeDescription
cookielawinfo-checkbox-analytics11 monthsThis cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Analytics".
cookielawinfo-checkbox-functional11 monthsThe cookie is set by GDPR cookie consent to record the user consent for the cookies in the category "Functional".
cookielawinfo-checkbox-necessary11 monthsThis cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookies is used to store the user consent for the cookies in the category "Necessary".
cookielawinfo-checkbox-others11 monthsThis cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Other.
cookielawinfo-checkbox-performance11 monthsThis cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Performance".
viewed_cookie_policy11 monthsThe cookie is set by the GDPR Cookie Consent plugin and is used to store whether or not user has consented to the use of cookies. It does not store any personal data.
Functional
Functional cookies help to perform certain functionalities like sharing the content of the website on social media platforms, collect feedbacks, and other third-party features.
Performance
Performance cookies are used to understand and analyze the key performance indexes of the website which helps in delivering a better user experience for the visitors.
Analytics
Analytical cookies are used to understand how visitors interact with the website. These cookies help provide information on metrics the number of visitors, bounce rate, traffic source, etc.
Advertisement
Advertisement cookies are used to provide visitors with relevant ads and marketing campaigns. These cookies track visitors across websites and collect information to provide customized ads.
Others
Other uncategorized cookies are those that are being analyzed and have not been classified into a category as yet.
Enregistrer & appliquer