L’UE vient en aide à Chypre débordée par l’afflux de migrants
Selon un accord signé lundi entre l’Union européenne et Chypre, les capacités d’accueil des migrants sur cette île méditerranéenne vont être améliorées. Les expulsions, en cas de rejet de leurs demandes d’asile, seront également facilitées. Ce petit pays proche de la Turquie se dit débordé par un afflux de migrants.
Chypre et l’Union européenne (UE) sont parvenus à se mettre d’accord, lundi 21 février, sur la question de la gestion des migrants.
Le ministre chypriote de l’Intérieur, Nicos Nouris, et la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, ont signé virtuellement un mémorandum d’entente qui permettra à la petite île méditerranéenne d’améliorer ses capacités d’accueil mais aussi d’expulser plus facilement les personnes dont les demandes d’asile ont été rejetées.
Cet accord était attendu de pied ferme par les autorités chypriotes qui alertent depuis des mois sur la saturation du pays. En 2021, plus de 13 000 demandes d’asile ont été enregistrées dans le pays qui compte 850 000 habitants. Selon Frontex, l’agence européenne chargée de sécuriser les frontières extérieures de l’UE, le nombre de migrants et demandeurs d’asile arrivés à Chypre a augmenté en janvier de 48 % sur un an.
Une augmentation notable étant donné la taille de l’île : selon Nicosie, 4,6 % de la population de Chypre est désormais constituée de demandeurs d’asile ou de personnes l’ayant obtenue. Un record en Europe.
« La question migratoire est instrumentalisée par la Turquie »
« Aujourd’hui marque un tournant pour la République de Chypre et les efforts fournis par notre gouvernement afin de gérer un problème qui accable notre pays », a déclaré Nicos Nouris.
Selon Ylva Johansson, l’accord aidera Chypre à mettre en œuvre « les procédures d’asile en temps et en heure » afin de réduire l’attente très longue à laquelle sont confrontés les demandeurs d’asile. L’accord permettra aussi « l’intégration efficace [des migrants] et d’améliorer l’efficacité du retour » dans le pays d’origine des personnes déboutées, a-t-elle ajouté.
« Nous tournons la page ensemble », a salué le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas, en visite sur l’île, évoquant « un problème qui était devenu très lourd, créant un fardeau disproportionné en termes de gestion pour Chypre ».
Dans un entretien à l’AFP mi-février, Nicos Nouris avait imputé le « problème » migratoire à la Turquie. « La question migratoire à Chypre est un énorme problème parce qu’elle a été instrumentalisée par la Turquie », avait-il estimé.
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Depuis l’invasion de l’île par les forces turques en 1974, le pays est divisé entre sa partie nord, sous contrôle d’Ankara, et sa partie sud, sous contrôle chypriote, la seule à être reconnue par la communauté internationale. Des migrants souhaitant déposer une demande d’asile dans l’Union européenne arrivent dans la partie nord, plus proche des côtes turques, puis traversent la ligne de démarcation, surnommée « Ligne verte ».
Longue de 180 kilomètres et contrôlée par les Nations unies, cette ligne traverse le centre de la capitale Nicosie, où une zone tampon large de seulement quelques mètres sépare les deux côtés. Aux alentours, les vastes plaines et zones rurales sont, elles, totalement ouvertes.
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Une fois dans le sud, les migrants – généralement venant en premier lieu de la République démocratique du Congo, de Syrie et du Nigeria – se retrouvent généralement bloqués dans des centres d’hébergement aux allures de camps de détention surpeuplés.
Source: https://www.infomigrants.net