Un cadavre a été retrouvé, le 31 mars, dans le fleuve Bidassoa, à la frontière entre la France et l’Espagne. D’après les autorités, « tout semble indiquer » qu’il s’agit du migrant disparu le 12 mars dernier, alors qu’il tentait de rejoindre à la nage la rive française.
Découverte macabre dans la Bidassoa. Le corps sans vie d’une personne a été retrouvé dans le fleuve frontière entre la France et l’Espagne, ont indiqué les autorités espagnoles, jeudi 31 mars. Selon les premiers éléments, « tout semble indiquer » qu’il s’agit du migrant disparu le 12 mars, « mais cela reste encore à confirmer », a indiqué une porte-parole de la Garde civile espagnole à l’AFP. Le corps a été retrouvé « dans une zone proche du lieu de disparition », a précisé la préfecture du Pays basque espagnol dans un communiqué.
Il présentait « un haut niveau de décomposition », a ajouté la Garde civile qui a entamé la procédure d’identification.
Ce migrant avait disparu à la mi-mars alors qu’il tentait de traverser (la Bidassoa) à la nage vers la France et la ville frontalière d’Hendaye (sud-ouest), a rappelé la préfecture. Une opération de recherche franco-espagnole avait alors été lancée. Côté espagnol, trois bateaux et un hélicoptère avaient été déployés, avec le soutien des pompiers français des Pyrénées atlantiques. Sans succès.
Ce jour-là, trois personnes au total avaient sauté dans le fleuve, mais seules deux avaient réussi à le traverser.
« J’ai vu quelqu’un se jeter à l’eau »
Face à la hausse des contrôles à la frontière franco-espagnole, les exilés prennent de plus en plus de risques pour entrer en France. Quitte à le payer de leur vie. L’année dernière, trois personnes, dont un Ivoirien et un Guinéen, se sont noyées dans la Bidassoa. Au mois de mai, Anaïtze Aguirre, membre de Irungo Harrera Sarea, confiait ses craintes à InfoMigrants : « Pour ces gens qui ont traversé le désert et la mer dans des conditions chaotiques, relier les deux rives d’un fleuve semble anecdotique. Et pourtant, c’est tout aussi dangereux ».
Malgré les apparences, les courants sont très forts dans le cours d’eau. En mai dernier, un adolescent de 16 ans originaire du Burkina Faso avait lui aussi, failli ne jamais arriver de l’autre côté de la rive. « En me promenant avec des amis au bord du fleuve, j’ai vu quelqu’un sur l’île des Faisans [un îlot situé sur la Bidassoa, à mi-chemin entre Irun et Hendaye NDLR] qui, après s’être débarrassé de quelques affaires, s’est jeté à l’eau, avait raconté à InfoMigrants Tom Dubois-Robin, un habitant. À 10 mètres de l’arrivée, il commençait vraiment à peiner, alors je suis un peu descendu sur la rive et je l’ai attrapé. On lui a donné des vêtements et un peu de café. Et puis, au bout d’une demi-heure, il est reparti ».
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Des risques par voie terrestre
En octobre 2021, pour échapper eux aussi aux contrôles de police, un petit groupe de quatre Algériens avait privilégié la frontière terrestre entre l’Espagne et la France. Trois d’entre eux sont morts percutés par un train à Ciboure, alors qu’ils longeaient la voie de chemin de fer.
D’après Amaïa Fontan, porte-parole du collectif d’associations Etorkinekin (« avec les migrants » en langue basque), « il n’est pas rare de voir des migrants longer la voie ferrée pour échapper aux contrôles policiers, très nombreux dans la région, avait-elle affirmé à InfoMigrants. En venant ici, les migrants arrivent sur un territoire qu’ils ne connaissent pas, ils sont perdus. Alors ils cherchent par tous les moyens à trouver des endroits à l’abri des contrôles, sans forcément se rendre compte du danger ».
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En 2021, le nombre de non-admissions à la frontière franco-espagnole dans le département des Pyrénées-Atlantiques a plus que doublé par rapport à 2020 (13 164 contre 5 976, soit une augmentation de 120%), selon la préfecture.
Parmi ces migrants, plus de la moitié est originaire de pays du Maghreb, et un tiers de pays francophones d’Afrique subsaharienne (Mali, Guinée, Côte d’Ivoire, Sénégal), selon les autorités françaises.
Sources : https://www.infomigrants.net/