Le navire humanitaire de SOS Méditerranée attend depuis une semaine l’attribution d’un port sûr pour débarquer les 294 migrants secourus au large de la Libye. L’état psychologique des naufragés, traumatisés par leur passage en Libye et leur traversée de la mer, empire de jour en jour. « Retenir sur un navire de sauvetage des rescapés ayant frôlé la mort en mer est indigne », a affirmé l’ONG.
Depuis une semaine, l’Ocean Viking a demandé à 12 reprises aux autorités libyennes, italiennes et maltaises l’assignation d’un lieu sûr pour y débarquer les 294 personnes secourues quelques jours plus tôt en Méditerranée centrale. Toutes les requêtes faites à Malte et la Libye sont restées sans réponse, tandis que l’Italie a refusé.
Le navire avait porté assistance aux exilés entre dimanche 24 et mercredi 27 avril lors de quatre opérations au large des côtes libyennes. Parmi les rescapés se trouvent 127 mineurs, dont le plus jeune n’a qu’un an, et plusieurs femmes. Certains dorment donc sur le pont de l’Ocean Viking depuis 10 jours, à la merci des intempéries.
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Cette attente en mer « exacerbe de jour en jour la souffrance et la détresse psychologique » des migrants, insiste l’ONG dans son journal de bord.
SOS Méditerranée rappelle que même si l’équipage fournit une « assistance médicale et psychologiques aux survivant.e.s 24 heures du 24 », un bateau « n’est pas un lieu approprié pour prendre en charge de manière prolongée des personnes extrêmement vulnérables et traumatisées ».
« Plus l’attente est longue, plus le désespoir s’installe »
De nombreux migrants ont raconté aux humanitaires les violences subies en Libye, pays décrit par beaucoup comme « l’enfer » sur terre. À cela s’ajoute, les drames vécus en mer pendant leur tentative de traversée de la Méditerranée. Plusieurs exilés secourus le 24 avril ont confié aux équipes que 12 occupants de leur embarcation étaient tombés à l’eau et s’étaient noyés.
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Inoussa affirme que « plus l’attente est longue, plus le désespoir s’installe et plus l’espoir s’éloigne ».
En outre, les conditions météorologiques aggravent les conditions de vie, déjà précaires, sur le navire humanitaire. Lundi dernier, « une forte houle a provoqué le mal de mer chez plus des trois-quarts des rescapé.e.s », signale l’ONG. Dans l’après-midi, un homme, « dont l’état de santé se détériorait rapidement » a été évacué sur un navire des garde-côtes italiens pour être pris en charge à l’hôpital.
SOS Méditerranée exhorte une énième fois aux « autorités compétentes de mettre fin à cette impasse et de s’acquitter de leur obligation légale de désigner un lieu sûr sans plus tarder ». Comme le stipule le droit maritime, les gouvernements ont l’obligation de fournir un port sûr aux naufragés « dans un délai raisonnable ».
Près de 550 exilés ont déjà perdu la vie en Méditerranée centrale depuis le début de l’année. Et au total depuis 2014, ce sont près de 24 000 personnes qui sont mortes ou ont disparu en mer.
La rédaction tient à rappeler que les navires humanitaires (Ocean Viking, Sea Watch, Mare Jonio…) sillonnent une partie très limitée de la mer Méditerranée. La présence de ces ONG est loin d’être une garantie de secours pour les migrants qui veulent tenter la traversée depuis les côtes africaines. Beaucoup d’embarcations passent inaperçues dans l’immensité de la mer. Beaucoup de canots sombrent aussi sans avoir été repérés. La Méditerranée reste aujourd’hui la route maritime la plus meurtrière au monde.