Huit personnes sont mortes, jeudi, dans le naufrage de leur embarcation au large des côtes de Chebba, dans le centre-est de la Tunisie. Mais les recherches sont toujours en cours pour retrouver les 12 passagers portés disparus.
Huit migrants tunisiens sont morts noyés jeudi 8 septembre, après que leur bateau a chaviré au large de la ville de Chebba, dans le centre-est de la Tunisie, a annoncé la radio d’Etat Radio Monastir. Si 17 autres passagers qui participaient à cette traversée ont pu être secourus, 12 personnes sont, elles, toujours portées disparues, a indiqué de son côté un responsable sécuritaire à l’AFP. Les recherches menées par la garde nationale maritime sont toujours en cours pour les retrouver, a ajouté la même source.
Selon les témoignages des survivants rapportés par le responsable, 37 migrants au total, tous de nationalité tunisienne, participaient à cette tentative de rallier illégalement les côtes italiennes.
L’été, à la faveur d’une météo plus clémente, les départs depuis les côtes tunisiennes sont nombreux. Et à cause de la dangerosité de cette route, les naufrages également. Dans la nuit de mardi 6 à mercredi 7 septembre, trois migrants morts noyés ont été retrouvés en mer au large de Gabes, au sud de la Tunisie, a annoncé la gendarmerie. Ces personnes étaient portées disparues depuis le naufrage de leur embarcation, dimanche. Les garde-côtes avaient secouru 15 exilés, qui avaient alerté sur la disparition de trois autres compagnons de route.
Le 21 août, trois autres corps – de personnes originaires d’Afrique subsaharienne – avaient déjà été retrouvés près de la ville de Ras Jedir, à proximité de la frontière libyenne. Ils ont depuis été enterrés dans un cimetière, près du port d’El Ketf.
Quatre millions de pauvres
Selon des chiffres officiels, les autorités tunisiennes ont arrêté ou secouru quelque 500 migrants illégaux lors de plusieurs opérations menées en quelques jours. L’Italie, dont certaines côtes sont à seulement 200 km du littoral tunisien, est l’un des principaux points d’entrée pour les migrants en provenance du pays maghrébin, et incarne l’espoir d’une vie meilleure en Europe.
Depuis quelques années, la Tunisie s’enfonce dans une grave crise politico-économique, dont elle peine à s’extirper. Le président Kaïs Saïed, élu en 2019, fait régulièrement vaciller la démocratie dans le pays, durement acquise lors des révoltes du Printemps arabe en 2011. Le 25 juillet 2021, après des mois de blocages politiques, le chef d’Etat a suspendu le Parlement dominé par le parti islamiste Ennahda et limogé le gouvernement pour s’arroger les pleins pouvoirs. Un an plus tard, en juillet 2022, il a fait adopter lors d’un référendum largement boycotté une nouvelle Constitution lui octroyant des vastes pouvoirs, au grand dam de l’opposition.
À ce marasme politique s’ajoute une morosité économique qui a plongé de nombreux Tunisiens dans la précarité. Les attentats et la pandémie de Covid-19 ont notamment mis un coup de frein au secteur du tourisme, qui fait vivre 15% de la population. Selon la Banque mondiale, plus de 480 000 emplois dépendent directement ou indirectement du secteur.
En difficulté, la Tunisie compte aujourd’hui quatre millions de pauvres, sur une population de près de 12 millions d’habitants.
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Ainsi, dans l’espoir d’une vie meilleure, des hommes, des mineurs et des familles, qui pour bon nombre d’entre eux ont déjà épuisé les voies légales pour se rendre en Europe, prennent la mer direction l’Italie. Mais cette route très empruntée est aussi une des voies migratoires les plus dangereuses du monde. Depuis le début de l’année, plus de 1 000 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée centrale en tentant de rejoindre l’Europe. L’an dernier, elles étaient un peu plus de 1 500.
Source : https://www.infomigrants.net