La nouvelle ministre de l’Intérieur britannique, Suella Braverman, a exposé ses intentions d’accélérer les expulsions et de concrétiser l’accord passé avec le Rwanda, devant son parti, mardi. Malgré ce contexte politique tendu, les tentatives de traversée de la Manche continuent de se multiplier. Dans la nuit de lundi à mardi, les secours français ont porté assistance à plus de 80 exilés en détresse dans le détroit.
Avec l’arrivée du nouveau gouvernement au pouvoir au Royaume-Uni, le contexte politique britannique est toujours plus hostile à l’immigration. Mardi 4 octobre, la nouvelle ministre de l’Intérieur Suella Braverman a annoncé son intention d’accélérer les expulsions ainsi que l’externalisation du traitement des demandes d’asile.
« Si vous entrez illégalement au Royaume-Uni en provenance d’un pays sûr, vous devez rapidement être renvoyé dans votre pays d’origine ou relocalisé au Rwanda, où votre demande d’asile sera considérée », a-t-elle déclaré lors du congrès annuel du Parti conservateur à Birmingham.
>> À (re)lire : Royaume-Uni : après Boris Johnson, une nouvelle Première ministre toujours aussi hostile aux migrants
Le gouvernement britannique avait déjà tenté d’expulser vers le Rwanda des demandeurs d’asile, au printemps. Mais pour l’heure, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) bloque cette politique. Le 14 juin, la CEDH avait ainsi empêché in extremis le décollage du premier vol à destination de Kigali, estimant que la justice britannique devait en examiner la légalité dans le détail.
Contre ce blocage de la CEDH, Suella Braverman a appelé à « reprendre le contrôle » face à ce qu’elle estime être « un tribunal étranger qui met en danger notre souveraineté ».
Plus de 80 naufragés secourus, alors que certains étaient déjà à l’eau
En même temps que ces déclarations d’intention, les tentatives de traversée ne cessent de s’intensifier. Lundi 3 octobre, pas moins de 541 personnes ont atteint les eaux anglaises après avoir traversé la Manche, réparties sur neuf canots, d’après le décompte quotidien des autorités britanniques. La semaine précédente, au total, 693 personnes avaient atteint les côtes britanniques après avoir traversé le détroit.
Dans la nuit du lundi 3 au mardi 4, les secours français ont porté assistance à 84 migrants dans la Manche. La Marine nationale, via son patrouilleur Flamant, a procédé à deux opérations de sauvetage successives. D’abord, en début de soirée, une embarcation est repérée au large de Leffrinckouke (59). Les 48 personnes à bord sont ramenées au port de Calais.
Puis, dans la foulée, une seconde embarcation de 36 personnes est repérée au large de Calais. À ce moment-là, le bateau « commence à prendre l’eau », relate la préfecture maritime dans son communiqué. Une fois sur zone, les secours découvrent que « plusieurs personnes sont à l’eau ». L’équipe du Flamant parvient à secourir l’ensemble des naufragés, selon les autorités, et à les débarquer au port de Calais mardi au petit matin.
>> À (re)lire : « Trois personnes sont tombées à la mer » : dans la Manche, des naufrages évités in extremis
La préfecture maritime continue de mettre en garde sur le danger des traversées : « ce secteur maritime est une des zones les plus fréquentées au monde, avec plus de 400 navires de commerce qui y transitent par jour et les conditions météorologiques y sont souvent difficiles ».
86 % des demandes d’asile validées
Malgré cette route maritime extrêmement périlleuse, plus de 33 500 migrants ont déjà réussi à atteindre le Royaume-Uni depuis le début de l’année.
Pour ces derniers, les chiffres de la demande d’asile ne sont pas négligeables. Selon le Home Office, 94% des 50 000 personnes arrivées sur le sol britannique après avoir traversé la Manche via des embarcations de fortune entre janvier 2018 et juin 2022 ont demandé l’asile.
>> À (re)lire : Au Royaume-Uni, les migrants trop peu protégés face aux risques d’esclavage moderne
Parmi ceux dont la demande a été prise en compte, 86% ont obtenu l’asile.
De quoi contredire les propos de Suella Braverman, qui a également estimé lors du congrès du Parti conservateur que les demandeurs d’asile font preuve d’ »abus » en se faisant passer pour des victimes « d’esclavage moderne ».
Source : http://www.infomigrants.net