Selon un accord conclu avec l’Union européenne, dont les contours exacts n’ont pas été communiqués, des agents de Frontex vont se déployer aux frontières de la Macédoine du Nord, pays non-membre de l’UE. Frontex cherche à renforcer sa présence dans les Balkans.
L’agence européenne de surveillance des frontières continue son expansion dans les États non-membres de l’Union européenne (UE). Bruxelles et Skopje, capitale de la Macédoine du Nord, ont signé un accord, mercredi 26 octobre, concernant le déploiement d’agents de Frontex dans ce petit pays des Balkans.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué un accord « qui renforce notre coopération sur le sujet de la migration ». Les responsables européens n’ont pas communiqué de détails sur ce déploiement, ni sur son calendrier.
Les passages illégaux de migrants le long de la route des Balkans vers l’UE augmentent régulièrement depuis 2018. Dans cette région, plus de 105 000 franchissements de frontières illégaux ont été détectés par Frontex entre janvier et septembre 2022. Une hausse considérable par rapport à 2021, où moins de 62 000 traversées illégales avaient été enregistrées tout au long de l’année.
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Face à cette situation, Frontex cherche à étendre sa présence dans les pays des Balkans qui partagent certaines de leurs frontières avec l’UE, comme la Macédoine du Nord, afin de réguler au mieux le flux de migrants.
Outre l’Albanie, le Kosovo, la Serbie et la Bulgarie, la Macédoine du Nord – qui demande depuis des années à rejoindre le bloc des 27 – partage une frontière avec la Grèce.
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Dans cette même optique, Frontex a déjà conclu des accords avec l’Albanie, la Serbie, le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine. L’agence européenne a promis à ces quatre pays partenaires d’investir 350 millions d’euros dans la lutte contre l’immigration illégale entre 2021 et 2024. Soit une somme supérieure de 60% au budget initialement prévu.
Frontex en plein développement
Frontex a amorcé ces dernières années une phase de déploiement inédite. Alors qu’elle était, depuis sa création en 2005, uniquement composée d’agents d’États-membres détachés, elle a vu ses mandats renforcés en 2019. L’agence prévoit ainsi de disposer d’un effectif propre de 10 000 garde-frontières et garde-côtes à l’horizon 2027. Ils auront leur propre uniforme européen, et leurs propres armes.
En avril, l’ONG StateWatch avait révélé que l’équipement de ces garde-frontières et garde-côtes incluait désormais « des armes létales et non-létales », se basant sur un document décisionnel du conseil d’administration de Frontex.
Les pratiques de l’agence suscitent par ailleurs régulièrement les inquiétudes. Ces derniers mois, un rapport de l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) avait épinglé Frontex, accusée d’avoir dissimulé, entre le printemps et l’automne 2020, des refoulements de migrants en violation du droit international. Des faits que l’agence ne nie plus. Mi-octobre, elle a reconnu de « graves fautes de conduites », assurant qu’elles avaient été commises par les dirigeants de Frontex d’alors.
Sources : https://www.infomigrants.net/