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À Chypre, des affrontements et un incendie éclatent dans le centre « insalubre » de Pournara

La police chypriote a annoncé, vendredi, avoir tiré des grenades lacrymogènes dans le centre d’accueil de Pournara, en périphérie de Nicosie, où vivent environ 2 000 demandeurs d’asile pour une capacité de 800 places. Des heurts opposant différentes communautés avaient auparavant créé un départ de feu.

Le camp pour demandeurs d’asile de Pournara, en périphérie de la capitale chypriote Nicosie, a été le théâtre d’affrontements ayant débouché sur un incendie, vendredi 28 octobre dans la matinée, ont rapporté plusieurs témoins ainsi que la police. Sur des images amateur tournées vendredi et obtenues par InfoMigrants, d’épaisses colonnes de fumée noire s’élèvent de plusieurs zones et des hommes, dont certains sont munis de barres de fer, déambulent dans les allées de ce centre surpeuplé. 

« Plusieurs tentes ont été brûlées » et une personne a été hospitalisée, a précisé la police, ajoutant que la situation s’était calmée quelques heures plus tard. 

>> À (re)lire : Dans le centre de Pournara, à Chypre, les demandeurs d’asile vivent « comme des lions en cage »

Selon les forces de l’ordre, les heurts ont éclaté lorsque deux groupes d’exilés de nationalités différentes se sont jetés des pierres et d’autres objets. D’après la presse locale, ces affrontements ont opposé des Congolais et des Nigérians, les deux principaux contingents de demandeurs d’asile sur l’île méditerranéenne, suivis par les Syriens. 

La police chypriote a annoncé avoir tiré des grenades lacrymogènes. Elle a par ailleurs assuré avoir renforcé ses effectifs aux abords du centre.

En réaction aux heurts et aux flammes, des dizaines de migrants hébergés ont, dans un premier temps, fui Pournara vendredi, en emportant leurs affaires, a rapporté l’agence Reuters. Quelques heures plus tard, la situation était rentrée dans l’ordre, selon plusieurs sources. « Il y a maintenant du calme, les gens sont retournés au camp de Pournara », a affirmé, lundi, Charly (la personne n’a pas souhaité que son nom de famille soit publié), un migrant résidant à Ayia Napa, à environ 80 km de Nicosie, mais qui est en relation avec des migrants sur place.

Des emplacements calcinés dans le centre de Pournara, à Chypre, après un incendie survenu vendredi 28 octobre 2022. Crédit : capture d'écran / DR
Des emplacements calcinés dans le centre de Pournara, à Chypre, après un incendie survenu vendredi 28 octobre 2022. Crédit : capture d’écran / DR

« Des échauffourées et des bagarres tout le temps »

Des incidents de ce type ont déjà eu lieu par le passé dans ce camp décrit comme un « cauchemar » par ceux qui y vivent. Créé fin 2019 pour faire face à l’afflux de demandeurs d’asile, le camp de Pournara a rapidement atteint ses limites. Doté de 800 places, il accueille désormais plus du double de migrants. 

En lieu et place des containers initiaux, la quasi-totalité d’entre eux dorment désormais sous des tentes installées en urgence. Prévues pour six personnes, les migrants s’y entassent parfois à 18.

>> À (re)lire : « Une bombe prête à exploser » : à Chypre, le centre d’hébergement de Pournara sous le feu des critiques après la visite de députés

Cette surpopulation amène des problèmes de violences récurrents. « Quand je vivais à Pournara, il y avait tout le temps des échauffourées et des bagarres », raconte Ghislain Kengne, un demandeur d’asile camerounais de 30 ans qui a vécu dans le centre pendant quatre mois en 2020. « Il n’y a pas assez de sécurité, et pas assez de personnel tout court dans ce centre. On est livrés à nous-mêmes », poursuit-il, décrivant un endroit insalubre où les migrants n’ont pas accès aux toilettes, aux douches et à la nourriture en quantité suffisante.

Les demandeurs d’asile passent des semaines ou des mois à Pournara, en attendant l’enregistrement de leur demande. Une fois cette étape achevée, ils doivent quitter le camp et se retrouvent souvent sans solution d’hébergement. 

Deux jours avant les heurts de vendredi, Ghislain Kengne avait organisé une manifestation dans le centre de Nicosie, où il vit à présent, pour dénoncer les conditions de vie « alarmantes » des demandeurs d’asile à Pournara, et à Chypre de manière générale. « C’est une prison ici. Tous les droits des demandeurs d’asile sont bafoués. »

>> À lire : Chypre : comment demander l’asile et quels sont vos droits ?

Chypre assure détenir le ratio le plus important de l’Union européenne de demandeurs d’asile comparé à sa population. Elle l’estime à 5 % de ses 915 000 citoyens.

Et les arrivées de migrants à Chypre continuent d’augmenter. Depuis le début de l’année, quelque 17 000 personnes ont franchi la frontière, soit le double de l’année 2021, a indiqué le ministère de l’Intérieur le 20 octobre. Face à cet afflux, l’île a simplifié ses procédures d’expulsion ces derniers mois.

Sources : http://www.infomigrants.net/

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