L’OIM et le gouvernement nigérian ont annoncé avoir rapatrié, mardi, 117 migrants nigérians coincés en Libye. La semaine dernière, la mission nigériane à Tripoli avait déjà annoncé avoir rapatrié 137 exilés.
Pour la deuxième fois en moins de deux semaines, le gouvernement fédéral du Nigéria a annoncé, mardi 1er novembre, avoir évacué 117 migrants nigérians de Libye en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Parmi les 117 rapatriés se trouvent 22 femmes et six enfants, a précisé Kabiru Musa, chargé d’affaires de la mission nigériane en Libye. Quarante-huit d’entre eux auraient été libérés de centres de détention libyens, connus pour leurs conditions de détention très difficiles.
Un autre groupe de 137 ressortissants nigérians a également été évacué de Libye vers le Nigeria lundi 24 octobre, indique le journal nigérian The Sun, en même temps que 542 personnes rapatriées depuis les Émirats arabes unis, où de nombreux migrants tombent également dans des situations d’exploitation.
Extorsion, torture et détention
“Les efforts de sauvetage et de rapatriement se poursuivront dans le cadre des responsabilités consulaires de la mission envers les citoyens nigérians”, a déclaré Kabiru Musa, suite à cette première évacuation, indiquant que “jusqu’à présent, près de 3 000 Nigérians ont été rapatriés de Libye au Nigeria entre janvier et octobre grâce au programme de retours volontaires de l’OIM.”
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Selon des chiffres de l’OIM datant de juin 2022, environ 31 000 migrants originaires du Nigeria se trouveraient en Libye, soit 5% du total de plus d’un demi-million d’exilés présents dans le pays. Beaucoup espèrent y trouver un moyen de rejoindre l’Europe, mais la plupart se retrouvent coincés dans un cercle vicieux d’extorsion, de détention et même d’esclavage.
InfoMigrants reçoit régulièrement des témoignages de migrants, notamment nigérians, coincés en Libye. En janvier, deux femmes nigérianes victimes de trafic et d’exploitation sexuelle ont notamment porté plainte devant le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes des Nations unies (CEDAW). Elles affirmaient avoir été victimes d’un réseau criminel qui opère entre le Nigeria et la Libye pour les forcer à la prostitution. Pendant leur voyage vers la Libye, elles disaient avoir été réduites en esclavage et vendues à de multiples reprises, avant même d’atteindre les frontières libyennes.
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Retours difficiles
Cependant, les conditions des “retours volontaires” des migrants dans leurs pays d’origine ne sont pas toujours faciles. Beaucoup croulent sous les dettes, incapables de trouver du travail et brisés par ce que les trafiquants leur ont fait subir. De nombreux rapatriés souffrent de sérieuses séquelles psychologiques, et sont souvent stigmatisés et rejetés à leur retour, pointait en 2019 un rapport de l’organisation Human Rights Watch sur les rapatriés au Nigeria.
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« Les retournés sont vus comme des personnes qui viennent pour causer des problèmes à la communauté », avait expliqué à l’Agence France Presse (AFP) Lilian Garuba, de la Force Spéciale nigériane contre la migration illégale. « La société les perçoit comme des problèmes et non pour ce qu’ils sont : des victimes. »
En particulier, les femmes ayant été victimes d’abus sexuels et de traite en Libye sont souvent confrontées à une forte stigmatisation lors de leur retour. « Pour certaines femmes, leurs souffrances sont aggravées par les familles qui les accusent d’être responsables des abus et les ostracisent. D’autres se plaignent qu’elles ne sont pas revenues avec suffisamment d’argent”, précise le rapport de Human Rights Watch.