Depuis vendredi, au moins 350 jeunes migrants, dont la minorité n’a pas été reconnue par les autorités françaises, dorment sous des tentes installées en plein Paris devant le Conseil d’État. Le froid glacial et la pluie sont le quotidien de ces personnes originaires de Guinée, du Mali, de Côte d’Ivoire et d’Afghanistan.
« J’ai des couvertures ! Je donne ça à qui ? », lance un homme âgé, croulant sous le poids d’une valise surchargée. Tout près, deux femmes provoquent un attroupement lorsqu’elles ouvrent un sac contenant des paires de chaussures neuves et sèches. Lundi 5 décembre, en plein Paris, les bonnes volontés se multiplient aux abords d’un nouveau camp de migrants. La plupart des bénéficiaires, toutefois, restent inertes sous les tentes, tentant de rattraper le sommeil qu’ils peinent à trouver la nuit.
Depuis vendredi 2 décembre, une foule de tentes, coiffées de couvertures de survie et de bâches imperméables, ont été installées dans le 1er arrondissement de Paris. Au moins 350 jeunes exilés, selon le décompte d’associations présentes sur place, y languissent entre le prestigieux musée du Louvre et le Conseil d’État, sur une place. Dans ce campement sale et ouvert aux vents, les migrants dorment à même le sol humide, chaussures encore aux pieds.
La grande majorité d’entre eux sont en procédure de recours, car les autorités ont jugé qu’ils n’étaient pas mineurs, contrairement à ce qu’ils affirment. Être reconnu mineur ouvre le droit à une prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Mais dans l’attente d’une éventuelle décision de justice en leur faveur, ces jeunes se voient privés d’un hébergement. Le choix du Conseil d’État comme lieu de campement est un symbole : l’institution représente les autorités françaises à qui les associations demandent de prendre en charge ceux qu’ils considèrent comme des mineurs non accompagnés.
Leurs fragiles tentes sont à la hauteur des pots d’échappement des bus et voitures qui circulent constamment sur la rue de Rivoli, sur laquelle donne la place. À l’arrière du campement, des bouteilles en plastique servent de pissotières : les migrants font leurs besoins à l’intérieur et les vident ensuite dans le caniveau. Une large flaque d’urine stagne sur le béton à proximité de l’entrée de certaines tentes.
« La réalité du froid »
« Il fait extrêmement froid, je n’arrive pas du tout à dormir », explique Mamadian Diallo, un Guinéen qui dit avoir 16 ans. La nuit, il se faufile parfois jusqu’à une bouche d’air chaud non loin de là. Auparavant, Mamadian Diallo était à Ivry-sur-Seine, en banlieue parisienne, sous un pont. Les migrants qui campent devant le Conseil d’État, principalement originaires de Guinée, du Mali, de Côte d’Ivoire et d’Afghanistan, sont d’ailleurs des transfuges de ce lieu de vie, ou encore du camp de La Chapelle, sous un métro parisien.
Sources : www.infomigrants.net