L’organisation Human Rights Watch accuse Frontex de « complicité » avec les garde-côtes libyens dans les abus perpétrés sur les migrants en Libye. Selon l’ONG, l’agence européenne permet l’interception de migrants par les autorités libyennes en les alertant sur la présence de bateaux en mer grâce à des avions et à un drone qui sillonnent la Méditerranée centrale.
Human Rights Watch persiste et signe. Lundi 12 décembre, l’ONG a commenté un nouveau rapport, publié jeudi, sur les interceptions de migrants en mer au large de la Libye, estimant qu’elles étaient facilitées par Frontex qui se rendrait ainsi « complice » des abus perpétrés en Libye.
« En alertant les autorités libyennes sur des embarcations transportant des migrants, sachant que ces migrants seront renvoyés vers des traitements atroces, et malgré d’autres options, Frontex se rend complice de ces abus », a déclaré Judith Sunderland, directrice adjointe de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch.
Dans les faits, pointe l’ONG, qui a enquêté, comme par le passé, avec l’organisation Border Forensics en s’appuyant sur l’analyses de données et sur des témoignages, Frontex utilise son propre matériel de surveillance aérienne – des avions et un drone – pour aider les forces libyennes à localiser les bateaux de migrants qui tentent de rejoindre l’Europe.
Ces appareils, qui sillonnent la Méditerranée centrale, transmettent des informations à un centre de coordination au siège de Frontex à Varsovie, détaille l’ONG. Là, des décisions sont prises sur la procédure à adopter et sur qui alerter. Selon Human Rights Watch, Frontex alerte alors les autorités libyennes, et non les navires humanitaires, pourtant, eux aussi, parfois présents dans la zone.
« La rhétorique de Frontex restera tragiquement vide de sens »
« Alors que Frontex soutient que la surveillance aérienne sauve des vies, les preuves recueillies par Human Rights Watch et Border Forensics démontrent qu’elle est au service de l’interception d’embarcations par les forces libyennes, plutôt que du sauvetage par des organisations de secours civiles ou des navires marchands également présents dans la zone », indique l’ONG dans un communiqué.
« La rhétorique de Frontex sur le sauvetage de vies restera tragiquement vide de sens, tant que cette agence n’utilisera pas la technologie et les informations à sa disposition pour s’assurer que les personnes soient secourues rapidement et puissent débarquer dans des ports sûrs. »
Sources :www.infomigrants.net