Validation du plan Rwanda : les ONG craignent un « effet domino »
Dans la foulée du feu vert donné par la justice britannique à la politique d’externalisation de l’asile vers le Rwanda, les réactions des ONG sont vives. Certaines craignent une accélération de cette tendance à l’échelle européenne. D’autres veulent concentrer leurs efforts sur l’accompagnement juridique des migrants menacés d’expulsion au Royaume-Uni.
Les réactions à la décision de la Haute Cour de Londres, qui a validé hier le plan controversé d’externalisation de l’asile vers le Rwanda, ne se sont pas fait attendre. “Si le gouvernement persiste dans cette politique néfaste, cela abîmera la réputation du Royaume-Uni comme pays respectant les droits de l’Homme », alerte Enver Solomon, directeur général de l’ONG Refugee Council, contactée par Infomigrants. Cette ONG fait partie des requérants dans la procédure judiciaire intentée contre ce plan gouvernemental, jusqu’ici suspendue depuis avril.
« Il est légal pour le gouvernement de prendre des dispositions pour relocaliser les demandeurs d’asile au Rwanda et pour que leurs demandes d’asile soient examinées au Rwanda plutôt qu’au Royaume-Uni », a conclu, lundi 19 décembre, le juge Clive Lewis, à l’issue d’une audience de cinq jours. Désormais, les exilés arrivés sur le territoire britannique de manière irrégulière pourraient donc être envoyés vers cette nation d’Afrique de l’Est. C’est là, à plus de 6 000 kilomètres de Londres, que leurs demandes d’asile seraient étudiées.
« L’arrangement entre le Royaume-Uni et le Rwanda contrevient aux obligations internationales du Royaume-Uni », martèle aujourd’hui le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (HCR). Le HCR ne fait pas partie des requérants dans la procédure judiciaire intentée contre le plan gouvernemental. Mais ses experts ont conseillé le tribunal, en particulier sur le respect de la Convention de Genève de 1951 régissant la protection internationale des migrants.
L’externalisation de l’asile, « un effet domino »
L’idée de l’externalisation de l’asile, défendue ardemment par le ministère de l’Intérieur britannique, est symptomatique d’une tendance globale. « La responsabilité de l’asile est transférée des pays riches vers d’autres pays, dits « en développement » », explique Emilie McDonnell, chargée de plaidoyer chez Human Rights Watch, à l’occasion d’une conférence animée sur Twitter, mardi. « C’est une décision nuisible que de déléguer ainsi ses responsabilités en matière d’asile ».
L’Australie a été le premier pays à appliquer une telle politique à grande échelle, depuis le début des années 2 000. Les demandeurs d’asile sont envoyés par l’Australie sur d’autres territoires, dans des centres de rétention, pour y voir leurs dossiers examinés. Résultat : des « centres de détention externalisés, des prisons en plein air » avec des exilés retenus « dans des conditions atroces », rappelle Graeme McGregor, responsable des campagnes de l’ONG Detention Action, lors de cette conférence.
Sources : www.infomigrants.net