Crise des déplacés ukrainiens, arrivées toujours plus nombreuses au Royaume-Uni, « réactivation » de la route des Balkans… En 2022 encore, InfoMigrants s’est rendu sur les terrains foulés par les migrants, à leur rencontre.
1/ Guerre en Ukraine : la fuite de la population
Conséquence de l’offensive russe lancée en Ukraine le 24 février 2022, des millions de déplacés ukrainiens ont fui leur pays pour se réfugier dans l’Union européenne. Dès les premiers jours du conflit, InfoMigrants est allé en Hongrie et en Roumanie, pour raconter les arrivées de ces femmes et enfants, accueillis à la hâte dans des centres d’hébergement d’urgence ou chez des citoyens parfois, pour pallier le manque de réaction des autorités.
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InfoMigrants a aussi rendu compte des refoulements de personnes d’origine africaine résidant en Ukraine, pour la majorité des étudiants, lorsqu’ils ont tenté de franchir les frontières du pays pour se mettre à l’abri.

Moustapha, un étudiant guinéen à Kharkiv, dans l’est du pays, faisait partie de ceux-là : il s’est retrouvé bloqué, début mars, à la frontière avec la Pologne. « On nous a dit que les Noirs ne passaient pas, alors qu’on voyait les Blancs passer », avait-il confié à InfoMigrants, qui l’avait rencontré dans la gare de Lviv, en Ukraine.
2/ À Chypre, le combat quotidien des migrants
En 2022, la petite île de la Méditerranée a été dépassée par une augmentation constante des arrivées de migrants.

Sur place, la situation est critique. Les exilés passent des semaines, voire des mois, dans le centre surpeuplé de Pournara à attendre l’enregistrement de leur demande d’asile. Puis, une fois sortis du camp, l' »enfer » commence car ils n’ont nulle part où aller. InfoMigrants s’est rendu dans plusieurs villes chypriotes pour rendre compte de ce quotidien.
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3/ Le Royaume-Uni, l’anti-eldorado au système d’accueil verrouillé
InfoMigrants est parti à la rencontre de migrants ayant traversé la Manche à bord de petites embarcations. En 2022, les arrivées au Royaume-Uni, notamment à bord de « small boats », ont battu des records : environ 45 000 arrivées ont été recensées, contre près de 30 000 en 2021. Des traversées terrifiantes à bord de canots en mauvais état, ballottés au milieu de l’une des zones maritimes les plus denses au monde.

Une fois les côtes anglaises atteintes, la gestion des candidats à l’asile se révèle militaire. Les migrants se retrouvent trimballés de centres en hôtels, selon un système d’accueil hostile et opaque dont ils peinent à comprendre les règles. InfoMigrants a donné la parole à des migrants hébergés dans les casernes de Napier dans le Kent, mais aussi à Londres, dans des hôtels en périphérie de la capitale.
4/ En Calabre, les mains tendues envers ceux qui arrivent par la mer
En 2022, plus de 100 000 migrants ont débarqué sur les côtes italiennes. Terre d’accueil historique, la région de la Calabre s’est trouvée particulièrement dans leur radar. Venus de Tunisie, de Libye, mais aussi de beaucoup plus loin, comme des côtes libanaises ou turques, ils ont été nombreux à emprunter « la route de la Calabre » à travers la Méditerranée, évitant ainsi Chypre et la Grèce.

Ceux qui y arrivent sans encombre sont accueillis dignement dans cette région pauvre aux opportunités économiques limitées. Mais ce manque de perspectives est l’une des raisons qui font que beaucoup en repartent rapidement. Certains exilés acceptent néanmoins les mains tendues de villageois calabrais ravis à l’idée de repeupler leur bourg grâce à ces nouveaux arrivants. InfoMigrants est parti à leur rencontre.
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5/ En Serbie, la route des Balkans se referme sur les migrants
L’année 2022 a vu l’augmentation des passages de migrants par la Serbie, pays de transit pour rejoindre l’Union européenne mais dans lequel les candidats à l’exil finissent souvent bloqués. Franchir la frontière avec la Hongrie, notamment, est rendu très difficile par une double clôture de barbelés. Conséquence : des camps informels, en pleine nature, apparaissent dans le nord du pays.

Dans cette zone, InfoMigrants a été témoin de l’organisation de ces tentatives de traversée, observant notamment le ballet des passeurs venant chercher des migrants en taxi dans les centres où ils se trouvent.
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6/ À Calais et Dunkerque, des arrivées et des départs incessants
Malgré les naufrages dans la Manche, dont le dernier en date, le 14 décembre, a coûté la vie à quatre personnes ; la détermination de Londres à envoyer les demandeurs d’asile au Rwanda ; et les conditions déplorables dans laquelle ils vivent dans le nord de la France, toujours plus de migrants ont afflué dans les environs de Calais et de Dunkerque en 2022 dans l’espoir d’embarquer pour le Royaume-Uni.

Tout au long de l’année, InfoMigrants a interviewé des dizaines d’exilés, dans le camp de Loon-Plage, dans des bois en bord de littoral ou encore dans le centre-ville de Calais, pour connaître leurs motivations et leurs craintes.
7/ Au Niger, le calvaire des migrants refoulés par l’Algérie
InfoMigrants est parti au Niger, dans le désert, aux côtés de ceux qui ont été violemment refoulés par Alger. Après des jours de marche dans le Sahara, ces migrants africains, qui avaient pour certains une vie en règle en Algérie, arrivent à Assamaka, seul village à la ronde, où démarre pour eux une infernale attente.

La multiplication des vagues d’expulsion conjuguée au ralentissement des rapatriements a fait gonfler le nombre de migrants sur place à près de 3 000 individus – plus du double de la population initiale d’Assamaka. Le camp de transit de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) étant saturé, la grande majorité des exilés dort à la belle étoile, s’abritant comme ils le peuvent dans des hangars ouverts.
Sources : http://www.infomigrants.net/