Royaume-Uni : Rishi Sunak promet d’expulser « rapidement » les migrants arrivés en bateau
Dans l’une de ses premières prises de parole depuis le début de l’année, le Premier ministre britannique a promis, mercredi soir, de renvoyer « rapidement » les migrants arrivés au Royaume-Uni illégalement. Pour y parvenir, il compte faire adopter de « nouvelles lois », sur le sujet. Le gouvernement a pourtant le plus grand mal à faire appliquer les mesures prises au cours des derniers mois et, en premier lieu, l’envoi des exilés vers le Rwanda.
C’est une nouvelle promesse de durcissement de l’arsenal législatif britannique envers les demandeurs d’asile arrivés de manière irrégulière au Royaume-Uni. Le Premier ministre Rishi Sunak a déclaré, mercredi 11 janvier, vouloir faire adopter de nouvelles lois indiquant « clairement et sans ambiguïté que si vous entrez illégalement [au Royaume-Uni], vous n’aurez pas le droit d’y rester et vous serez expulsé ».
Le dirigeant entend notamment que soient déclarées comme « non-valables » les demandes d’asile déposées par des personnes passées par un pays tiers sûr tel que la France, affirme le Daily mail.
>> À (re)lire : Royaume-Uni : un gouvernement toujours plus hostile aux migrants alors que les traversées de la Manche s’intensifient
Rishi Sunak a déclaré compter sur le nouvel accord passé avec la France pour faire baisser « de 40 % » les arrivées de migrants au Royaume-Uni, rapporte la BBC.
Mi-décembre, Londres a également signé un accord avec l’Albanie pour renvoyer des « milliers » d’Albanais arrivés illégalement sur le territoire. Rishi Sunak avait alors détaillé un éventail de mesures prises en ce sens : l’envoi d’agents de la police aux frontières britannique à l’aéroport de Tirana, un durcissement des conditions pour qu’un demandeur d’asile soit considéré comme victime d’esclavage moderne, ainsi que des assurances de la part de l’Albanie pour que les victimes soient protégées.
« Le nouvel accord avec l’Albanie nous permettra de renvoyer un plus grand nombre de migrants qui sont venus de ce pays vers l’endroit d’où ils viennent. Ils représentent un tiers de toutes les traversées en petit bateau au cours de la dernière partie de l’année dernière et cela peut faire une très grande différence », a-t-il déclaré mercredi soir.
Mesures inapplicables
Depuis des mois, le gouvernement britannique annonce des mesures visant à freiner les arrivées de migrants au Royaume-Uni. La principale est l’accord passé, en avril 2022, avec le Rwanda mais qui n’a toujours pas pu être appliqué. Le premier vol à destination de ce pays d’Afrique de l’est, prévu le 14 juin, avait été annulé in extremis par une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Le 19 décembre, les juges de la Haute Cour de Londres ont estimé que le plan de relocalisation de demandeurs d’asile vers le Rwanda était bel et bien légal. Ils ont cependant ordonné aux autorités d’étudier la situation particulière de chaque demandeur d’asile avant de l’envoyer au Rwanda.
>> À (re)lire : « Inhumain », « cruel », « cynique »… L’accord entre le Rwanda et le Royaume-Uni sur l’envoi des demandeurs d’asile à Kigali fait polémique
Et ce, afin de vérifier qu’il n’y a pas de « circonstances particulières » qui feraient que « sa demande d’asile doit être examinée au Royaume-Uni », ni « d’autres raisons pour lesquelles il ne devrait pas être relocalisé au Rwanda ».
S’agissant par exemple de la précédente tentative du gouvernement de faire décoller un avion vers Kigali, « le ministre de l’Intérieur n’a pas correctement examiné la situation des huit demandeurs individuels dont nous avons examiné les cas », a déclaré l’un des juges. Leurs dossiers seront réexaminés par le système d’asile britannique. Cette nuance dans la décision des juges de la Haute Cour ouvre de nouveaux leviers pour des recours juridiques, du côté des ONG.
>> À (re)lire : Royaume-Uni : la détresse psychologique des demandeurs d’asile menacés d’expulsion vers le Rwanda
Le 13 décembre dernier, Rishi Sunak avait également promis de s’attaquer au problème des dossiers de demande d’asile en attente dans le pays. Plus de 110 000 dossiers sont en attente d’instruction et certaines personnes sont en attente d’une réponse depuis plus de six mois. Le Premier ministre a notamment indiqué que les demandes d’asile des Albanais devaient être considérées comme « clairement infondées », a rapporté la BBC.
Selon les calculs de l’AFP à partir des chiffres du ministère de la Défense, 45 756 migrants ont effectué la dangereuse traversée de l’un des passages maritimes les plus fréquentés au monde, aux eaux très froides une grande partie de l’année, contre seulement 28 526 en 2021, pourtant déjà une année record.
Sources : https://www.infomigrants.net/