Le navire humanitaire de SOS Méditerranée a porté secours, samedi, à 92 personnes qui se trouvaient sur un bateau pneumatique, au large de la Libye. Les autorités italiennes ont assigné à l’Ocean Viking le port de Salerne, à une cinquantaine de kilomètres de Naples.
L’Ocean Viking a secouru, samedi 1er avril, 92 migrants, dont neuf femmes et environ 40 mineurs non accompagnés. Les personnes se trouvaient à bord d’une embarcation pneumatique « surchargée et dégonflée » au large de la Libye, a annoncé SOS Méditerranée, ONG humanitaire basée à Marseille (sud de la France) qui affrète le navire.
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Les rescapés sont pour la plupart « épuisés ». « Certains souffrent de brûlures dues à l’essence et de blessures » et ont été pris en charge par SOS Méditerranée et une équipe de la Croix-Rouge. D’autres, trop faibles pour marcher, ont dû être transportés sur une civière et réchauffés par des couvertures.
À la suite du sauvetage, les autorités italiennes ont assigné à l’Ocean Viking le port de Salerne, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Naples, « comme lieu sûr pour le débarquement ». Celui-ci est situé à 450 milles nautiques (environ 833 kilomètres) de distance du lieu où se trouve actuellement le navire humanitaire.
« Les prévisions météorologiques se détériorant, nous craignons que la navigation prolongée affecte l’état fragile des rescapés », a indiqué l’ONG dans un communiqué.
« Entraver l’assistance aux personnes en détresse »
Début janvier, plusieurs ONG internationales engagées dans des opérations de secours aux migrants en Méditerranée avaient dénoncé la volonté du gouvernement italien d’extrême droite « d’entraver l’assistance aux personnes en détresse ».
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Elles pointaient les effets croisés d’un décret obligeant les navires à se rendre « sans délai » vers un port italien après chaque sauvetage et l’assignation désormais habituelle de ports très éloignés, réduisant les capacités d’assistance.
Le nouveau décret adopté par les autorités italiennes impose également à l’équipage des navires de sauvetage d’informer les migrants qu’ils accueillent à bord de leur possibilité de demander la protection internationale dans n’importe quel pays de l’Union européenne et pas seulement dans le pays de débarquement.
S’ils ne respectent pas ces règles, les capitaines des navires s’exposent à des amendes allant jusqu’à 50 000 euros et des infractions répétées peuvent être sanctionnées d’une immobilisation du navire.
Politique sévère à l’égard des ONG
Cette loi n’a d’autre objectif que de « maintenir les navires (…) hors de la zone de sauvetage pendant des périodes prolongées », avaient dénoncé, en janvier dernier, les ONG de sauvetages en mer, dans un communiqué conjoint.
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Depuis sa nomination en octobre à la présidence du Conseil italien, la dirigeante du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, et son gouvernement ont adopté une politique sévère à l’égard des navires humanitaires. Ils les accusent de faire le lit des passeurs et des trafiquants ou encore d’encourager les migrants à tenter la traversée, ce que les associations contestent.
La Méditerranée centrale est la route migratoire la plus dangereuse du monde, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). L’agence onusienne estime qu’en 2022, 1 417 migrants y ont disparu. Et depuis janvier, ce sont déjà 441 personnes qui ont perdu la vie dans ces eaux.
Sources : infomigrants.net