Une embarcation de migrants partie du sud du Maroc a fait naufrage samedi sur la route des Canaries. Au moins 51 personnes sont mortes. Seules quatre ont survécu et ont été hospitalisées. Selon des médias et associations, le drame s’expliquerait par un manque de coordination entre les services de secours espagnols et marocains.
Ils avaient déjà passé huit jours en mer, selon Helena Maleno, la fondatrice de l’association de défense des droits des migrants Caminando fronteras. Samedi 1er juillet, au moins 51 migrants sont morts dans le naufrage de leur embarcation partie de Tan Tan, dans le sud du Maroc. Caminando Fronteras a précisé que onze femmes et trois enfants figuraient parmi les victimes.
Ce naufrage est le second en une semaine, rappelle le journal Canarias ahora. Le premier a eu lieu le 21 juin. Au moins 2 personnes sont mortes et 37 ont disparu lors de ce drame. Cette tragédie est imputée au manque de coordination entre les services de secours espagnols et marocains.
La radio espagnole Cadena SER a obtenu des enregistrements radios prouvant que les secours espagnols ont délégué l’opération de sauvetage à leurs homologues marocains.
Selon Cadena SER, un avion des services de secours espagnols survolait la zone où se trouvait l’embarcation après que celle-ci a été signalée par Caminando fronteras. Repéré au large du Sahara occidental, le bateau aurait dû être pris en charge par les secours espagnols, a estimé le pilote de l’avion. Mais les Espagnols ont préféré faire intervenir les Marocains jugeant que le bateau était plus proches de leurs côtes. Une décision tragique car les Marocains ont mis 12 heures à se rendre sur la zone, rapporte Cadena SER. Sur place, ils ont demandé des renforts aux secours espagnols.
Seule une jeune fille a pu être secourue par l’hélicoptère espagnol. Les Marocains, eux, ont récupéré un corps et secouru 24 personnes.
Moins d’arrivées mais toujours des drames
En 2022, l’Espagne et le Maroc ont repris leurs relations diplomatiques après un an de brouille. Depuis, Madrid compte sur ce partenaire pour stopper les candidats à l’immigration vers les Canaries.
La stratégie est payante : début avril, un bilan du ministère espagnol de l’Intérieur indiquait que le nombre d’arrivées aux Canaries avait chuté de 63 % au cours du premier trimestre 2023 par rapport à la même période en 2022. Mais les drames sont loin d’avoir disparus car les jeunes Marocains et Subsahariens continuent à tenter leur chance, malgré les refoulement de la police marocaine des ôtes vers l’intérieur du pays.
En mer, la présence renforcée de la marine marocaine est également loin d’être un gage de sauvetage pour les exilés. « Contrairement au Salvamento maritimo espagnol qui est un vrai service de secours, la marine marocaine n’a pas vocation à sauver des vies », indiquait Txema Santana, journaliste et conseiller sur les migrations auprès de la vice-présidence du gouvernement des Canaries à InfoMigrants en mai dernier.
Confusion autour des zones de sauvetage
Les tensions autour du Sahara occidental n’arrangent en rien la situation des sauvetages dans la zone, alors que la plupart des départs de bateaux de migrants se font actuellement depuis le sud du Maroc, tout près de cette région revendiquée par Rabat mais où le Front Polisario milite pour son autonomie.
« Les cartes marines, les cartes de l’Organisation maritime internationale (ONU) et la Société d’État de sauvetage maritime elle-même désignent les eaux du Sahara occidental comme une SAR zone (zone de recherche et sauvetage) espagnole », indique Cadena SER. Mais la radio précise aussi que, dans cette SAR zone espagnole, ces acteurs « agissent sur place en collaboration avec le Maroc ».
Cette confusion risque de provoquer de nouveaux drames dans les semaines à venir alors que les températures estivales ont relancé le rythme des départs sur cette route. Rien qu’entre le 10 et le 12 juin dernier, plus de 330 personnes ont débarqué aux îles Canaries.
La route des Canaries est toujours considérée comme l’une des plus dangereuses pour les candidats à l’exil qui tentent de rejoindre l’Union européenne. D’après l’Organisation internationale des Nations unies pour les migrations (OIM), depuis 2021, 1 500 personnes ont perdu la vie dans cette zone de l’océan Atlantique. L’association Caminando Fronteras, elle, a comptabilisé 1 784 décès pour la seule année 2022.
Sources : https://www.infomigrants.net/