Le corps d’un exilé a été retrouvé dans un petit bateau, jeudi matin, à son arrivée sur une plage de Cadix, dans le sud de l’Espagne. L’embarcation faisait route depuis six jours dans l’océan Atlantique, avec 38 passagers à son bord.
Macabre découverte en Espagne. Un homme a été retrouvé mort dans une embarcation, sur une plage de Cadix, jeudi 28 septembre. C’est lors de son arrivée dans la matinée sur la plage de Cangrejo Rojo, sous les yeux des promeneurs, que le corps a été découvert par les autorités.
Selon la sous-délégation du gouvernement à Cadix, le passager est décédé pendant la traversée en mer, qui a duré six jours. Un autre exilé a été admis à l’hôpital après son arrivée sur la plage.
Le bateau transportait au total 38 migrants « d’origine maghrébine » et « tous majeurs », indique Europa Press. D’après El Diario de Cadiz, les rescapés, qui ont d’abord pris la fuite en arrivant sur la plage, ont été transférés par la suite dans le centre d’accueil pour migrants de San Roque.
Le 12 septembre, un autre bateau chargé d’une trentaine de personnes avait accosté sur une plage de Cadix. Les passagers avaient quitté l’embarcation alors qu’elle se trouvait au large, « manquant de la faire chavirer » devant « les yeux ébahis » des personnes qui se baignaient à cet endroit, raconte La Voz de Cadiz. Une fois sur le sable, tous ont pris la fuite vers l’intérieur des terres.
Ce débarquement était le quatrième à Cadix en 24h. Pour le journal local, le tremblement de terre survenu dans le sud du Maroc dans la nuit du 8 au 9 septembre dernier pourrait expliquer la multiplication des arrivées de petits bateaux dans la région ces dernières semaines, « les mafias profitant généralement des moments de chaos pour jeter davantage de bateaux à l’eau et ainsi échapper aux contrôles sur les côtes ».
Une route « historique »
La route migratoire empruntée par ces migrants est celle du détroit de Gibraltar. Un itinéraire » historique », privilégié par « des citoyens marocains qui peuvent apercevoir [la ville espagnole de] Tarifa depuis l’autre rive », explique l’association Caminando Fronteras sur son site. En 2016 et 2017, de nombreux Marocains ont pris cette route, suite aux conflits politiques dans la région du Rif.

Mais depuis 2019, la forte militarisation de la zone pousse les candidats à l’exil à envisager d’autres options. Si la distance la plus courte entre le Maroc et l’Espagne dans le détroit n’excède pas 14 km, les exilés empruntent désormais des détours bien plus longs – comme celui qui mène jusqu’à Cadix – pour éviter les contrôles policiers.
D’autres prennent la mer ailleurs, près de Fnideq par exemple, où ils parcourent parfois à la nage, en jet ski ou en kayak, la distance qui les sépare de l’enclave espagnole de Ceuta. Une méthode appliquée d’ailleurs dans le détroit de Gibraltar, pour ne pas se faire repérer. En octobre 2022, trois Marocains ont été secourus alors qu’ils naviguaient, désorientés, à bord d’un kayak dans la zone.
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Mais ces techniques de traversée sont tout aussi dangereuses pour les migrants, voire plus risquées. D’après Caminando Fronteras, « de nombreuses familles se sont mobilisées ces dernières années à la recherche de leurs enfants disparus sans laisser de trace, et sans pouvoir confirmer leur décès en l’absence de témoins ou de corps retrouvés », dans le détroit de Gibraltar.
Selon l’ONG espagnole, en 2022, 10 personnes sont mortes dans le détroit, et 15 autres, portées disparues.
Sources : https://www.infomigrants.net/