Au Sénégal, alors que chaque semaine les drames de l’émigration clandestine continuent de faire l’actualité, un journaliste, Ayoba Faye, a lancé un hashtag « portés disparus » pour aider les familles de migrants partis par la mer à avoir des informations sur leur enfant et éviter qu’ils ne tombent dans l’oubli.
Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff
« Ousseynou Ndiaye : disparu depuis 20 jours. Point de départ inconnu », peut-on lire sur le compte X (ex-Twitter) du journaliste sénégalais Ayoba Faye. Depuis une semaine, le rédacteur en chef du média en ligne PressAfrik a déjà listé une dizaine de noms de Sénégalais portés disparus après avoir tenté la traversée de la mer vers l’Espagne.
Une démarche entreprise après que de nombreuses familles l’ont contacté, nous explique Ayoba Faye. « Les parents qui entrent en contact avec moi sont dans le désarroi total. Certains sont restés plus d’un mois sans avoir de nouvelles de leurs enfants. Ils n’ont aucune structure étatique vers qui se tourner. C’est alors que j’ai décidé d’utiliser le peu d’influence que j’ai sur les réseaux sociaux pour aider à mettre un visage sur chaque porté disparu parmi les centaines, voire les milliers, depuis le début des vagues migratoires de cette année 2023. Ce n’étaient pas des personnes anonymes ces jeunes qui ont disparu en mer, ils avaient une vie, ils avaient des rêves, ils avaient une histoire, qui méritent d’être connus. »
À chaque nom listé par le journaliste est associée une photo. Avec ses 34 000 followers, Ayoba Faye espère ainsi aider à retrouver des personnes potentiellement décédées lors de cette traversée extrêmement dangereuse. Une façon aussi de les sortir de l’anonymat et de l’oubli alors que plusieurs acteurs de la société civile sénégalaise demandent l’instauration d’une journée de deuil national pour les migrants.
Cette année, les départs depuis les côtes sénégalaises vers les Canaries ont nettement augmenté. Depuis janvier, plus de 17 000 migrants ont atteint l’archipel espagnol depuis les côtes ouest-africaines. Parmi eux, environ 60% sont originaires du Sénégal. Et près de 650 personnes ont péri sur cette route migratoire extrêmement dangereuse, selon les données de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Sources : https://www.infomigrants.net/