Mer Méditerranée : près de 50 migrants en détresse secourus par le navire humanitaire Sea-Watch 5
L’équipage du navire humanitaire Sea-Watch 5 a porté secours à 49 exilés en détresse dans la mer Méditerranée, dans la nuit du 22 au 23 novembre. Les autorités italiennes lui ont assigné le port de Ravenne comme port de débarquement, à 1600 kilomètres de distance.
Dans la nuit de vendredi à samedi 23 novembre, le bateau humanitaire de l’ONG Sea-Watch rapporte être venu en aide à 49 migrants à la dérive en mer Méditerranée. « Leur canot s’était largement dégonflé. Leur moteur était en panne », explique l’association sur le réseau social X, sans préciser le pays de provenance des personnes secourues. Sur les images partagées par Sea-Watch, on aperçoit notamment une femme avec une petite fille parmi les rescapés.
Après le sauvetage, les autorités italiennes ont assigné au Sea-Watch 5 le port de Ravenne comme port d’attache, dans le nord-est de l’Italie, « à 1600 kilomètres et à quatre jours de navigation », dénonce l’ONG.
Le navire humanitaire venait d’être à nouveau prêt à porter assistance aux exilés en Méditerranée, « après des semaines resté à quai pour des réparations et former l’équipage », indique l’ONG sur X. Sauf que la longueur du trajet pour rejoindre Ravenne « signifie que nous allons perdre énormément de temps pendant lequel nous ne serons pas opérationnels [pour d’autres sauvetages, ndlr] », a-t-elle réagi. « La forteresse européenne a des méthodes perfides. Néanmoins, nous sommes heureux et soulagés de ce sauvetage. »
Du temps perdu à rejoindre des ports de plus en plus éloignés
Depuis des mois, les associations déplorent l’attribution de ports italiens de plus en plus éloignés des zones de sauvetage en Méditerranée. En début d’année, SOS Humanity révélait que rien qu’en 2023, les navires humanitaires ont gâché 374 jours – soit plus d’un an – à avaler les kilomètres, en prenant parfois plusieurs jours pour rejoindre des ports.
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« Ce n’est pas une coïncidence, mais bien une tactique politique », assurait SOS Humanity en janvier. Les ONG pointent notamment du doigt le décret Piantedosi, du nom du ministre de l’Intérieur italien, validé fin décembre 2022. Cette loi oblige les vaisseaux à rejoindre sans délai le port de débarquement attribué dès le premier sauvetage. Si les équipages ne s’exécutent pas, ils encourent une amende allant jusqu’à 50 000 euros et leur navire peut également se retrouver immobilisé pendant plusieurs jours à quai.
Pour les militants associatifs, assigner les bateaux de secours à des ports reculés est contraire au droit maritime international, selon lequel les États côtiers responsables – l’Italie et Malte – devraient se coordonner et attribuer un lieu d’accostage à proximité immédiate du navire, afin de permettre un débarquement le plus rapidement possible en lieu sûr.
Surtout, cela implique moins de temps passé à patrouiller dans la zone de recherche pour venir en aide aux embarcations, donc plus de morts en mer. Depuis janvier 2024, 1933 personnes ont disparu ou péri en Méditerranée centrale en tentant de rejoindre les côtes européennes, selon les chiffres de l’Organisation internationale des migrations (OIM).
Avec 30 838 morts ou disparus depuis 2014, année des premiers recensements de l’ONU, la route migratoire en Méditerranée reste la plus meurtrière au monde.
Sources: infomigrants.net