« Ne venez pas en Belgique » : une campagne gouvernementale pour décourager les migrants de venir dans le pays

Lors d’une intervention à la télévision belge, mercredi, la nouvelle ministre de l’Asile et de la Migration, Anneleen Van Bossuyt, a déclaré que le gouvernement venait de lancer une campagne sur les réseaux sociaux visant à décourager les migrants de venir en Belgique. « Les centres d’accueil sont pleins », a-t-elle notamment expliqué.
« Nous lançons des campagnes de découragement sur différents réseaux sociaux. Notre message est le suivant : les centres d’accueil en Belgique sont pleins, ne venez pas ici ». Voici les déclarations de la nouvelle ministre belge Anneleen Van Bossuyt (du parti de droite N-VA) sur le plateau de télévision « Play 4 », mercredi 19 mars.
Ces campagnes de dissuasion ont été lancées sur YouTube et WhatsApp, a confirmé l’Office des étrangers contacté par InfoMigrants, sous la forme de vidéos « shorts ». Elles expliquent que les « centres d’accueil sont pleins » et que « les dossiers [de demandes d’asile] ne cessent de s’accumuler ». Le tout sur fond de tentes déployées sur les trottoirs du pays. Conclusion : « Ne venez pas en Belgique », peut-on lire sur les vidéos.
Ce n’est pas la première fois que des pays occidentaux s’appuient sur les réseaux sociaux pour promouvoir leur politique migratoire. En juin 2023, le Royaume-Uni avait décidé de publier des messages sur Facebook et Instagram pour décourager les candidats albanais à l’exil. Les posts prévenaient notamment les migrants qu’ils « risqu(ai)ent d’être détenus et expulsés » s’ils arrivaient illégalement dans le pays.
Crise de l’accueil
Depuis plusieurs mois, une crise de l’hébergement des exilés secoue la Belgique. Les capacités d’accueil saturent. Fin 2024, environ 3 000 demandeurs d’asile étaient en attente d’une place d’hébergement dans le réseau d’accueil national (Fedasil). Beaucoup d’entre eux vivent actuellement à la rue ou dans des squats.
La plupart, des hommes palestiniens et afghans, doivent attendre six mois pour obtenir une place dans un centre. Depuis presque deux ans, le gouvernement a décidé de ne plus offrir de places d’accueil aux hommes seuls, pour laisser la priorité aux familles, aux femmes et aux enfants.

De nombreuses personnes ont ainsi dû passer leurs nuits dehors sous un hiver glacial. « On ne demande pas grand-chose, un immeuble désaffecté avec des toilettes ça irait. Ce qu’il nous faut, c’est juste un endroit où se poser l’esprit le soir. La vie est déjà assez dure ici », confiait au mois de décembre Pascal, un Congolais arrivé en Belgique à l’été 2024 et sans-abri à Bruxelles. Les exilés sont éparpillés dans la capitale, cachés dans les recoins de la ville. « Je fais des tours de vélos la nuit, ça me réchauffe un peu et ça m’aide à ne pas pleurer », témoignait aussi un Burundais.
La Belgique épinglée par la CEDH
Et leur nombre ne cesse d’augmenter. « Je fais des rapports régulièrement depuis que je suis devenu bénévole », expliquait aussi en décembre un retraité bruxellois qui participe à des maraudes pour nourrir les demandeurs d’asile à la rue. « Il y a trois ans, en 2022, on ne faisait qu’une maraude le mercredi pour une moyenne de 60 bénéficiaires. En 2023, c’était environ 88 par maraudes. Maintenant, on fait des maraudes supplémentaires le dimanche pour une centaine de personnes ».
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Même des familles se retrouvent à la rue. « Depuis le début de l’année, sur les 521 familles qui se sont présentées en demande d’un logement [auprès des autorités], plus de la moitié (276) n’a pas pu trouver une place dans le réseau d’hébergement d’urgence car ce dernier est totalement saturé », explique Danièle Morritti, coordinatrice logistique du « hub humanitaire », grand accueil de jour bruxellois où les organisations mutualisent l’aide aux migrants.
Le pays a a été épinglé, en septembre dernier, par le Conseil de l’Europe pour son non-accueil des demandeurs d’asile. La Belgique a été sommée d’augmenter la capacité de son réseau d’accueil, car elle ne respecte pas les décisions de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Mais l’ancienne ministre Nicole de Moor ne comptait pas ouvrir de nouveaux centres. « La solution à la crise ne consiste pas uniquement à créer davantage de places », avait-elle plaidé. « [La solution repose sur] un partage plus équitable de la charge au niveau européen ».
Sources: infomigrants