Uncategorized

Tunisie : plus de 260 migrants guinéens ont bénéficié de l’aide au « retour volontaire » en août

Le bureau tunisien de l’Organisation internationale des migrations (OIM) a indiqué avoir facilité le retour volontaire de 268 migrants guinéens en août via l’affrètement de deux vols spéciaux. En raison de conditions de vie extrêmes, des violences subies et des arrestations arbitraires répétées, les Subsahariens clandestins présents en Tunisie sont de plus en plus nombreux à faire appel au programme de « retour volontaire » de l’organisation.

Selon les données communiquées par le bureau tunisien de l’Organisation internationale des migrations (OIM), 268 migrants guinéens ont pu être rapatriés dans leur pays d’origine durant le mois d’août.

Deux vols spéciaux ont été affrétés pour organiser ces retours : un premier vol charter a été opéré le 20 août avec à son bord 159 migrants puis un second a suivi le 26 août, transportant 109 migrants à destination de Conakry.

« Ces vols s’inscrivent dans le cadre du programme d’aide au retour volontaire et à la réintégration, qui est mis en œuvre dans le cadre du Programme de Protection, de Retour et de Réintégration des migrants en Afrique du Nord (MPRR-NA) de l’OIM, financé par l’Union européenne » a indiqué l’organisation ce mardi. Le document précise également que le vol du 26 août, a pu être mis en place avec la contribution du gouvernement suédois.

Ce programme permet aux exilés d’être rapatriés chez eux et de bénéficier d’un soutien financier pour développer leur projet au pays. « Avant leur départ, les bénéficiaires ont reçu une assistance complète, incluant des séances de conseil, un hébergement temporaire, des examens de santé pré-départ et un appui logistique pour le voyage, conformément aux standards de protection de l’OIM » indique l’agence.

Une intensification des demandes de « retours volontaires »

Et depuis le début de l’année, le dispositif est très sollicité par les migrants subsahariens qui se trouve dans ce pays du Maghreb. L’OIM explique avoir organisé 14 vols au départ de la Tunisie vers plusieurs pays africains afin d’assurer « le retour volontaire, sûr et digne des migrants ». Entre le 1er janvier et le 30 juillet 2025, 5 336 migrants ont ainsi été assistés pour rentrer dans leur pays d’origine, précise-t-elle. En comparaison, 7 250 migrants originaires d’Afrique subsaharienne avaient pu en bénéficier sur l’année 2024, selon les autorités tunisiennes. Un chiffre qui tombe à 2 250 en 2023.

Cette tendance témoigne du climat particulièrement délétère qui vise les Subsahariens dans ce pays. Les violences à répétition, les démantèlements de camps successifs, les expulsions dans le désert, les arrestations ou le harcèlement des autorités ont rendu la vie de milliers de ces migrants clandestins en Tunisie très difficile.

A lire aussi
L’OIM intensifie les « retours volontaires » de migrants depuis la Tunisie

Une situation infernale qui a convaincu nombre d’entre eux de demander l’aide au « retour volontaire » de l’OIM. « Je n’en peux plus, je veux quitter la Tunisie », rapportait Seydou*, un Ivoirien de 24 ans contacté par InfoMigrants. « La vie en Tunisie est devenue trop difficile. Tout va mal », souffle Abdoulaye*, un autre Ivoirien de 19 ans établi près de Sfax. « On ne peut plus travailler car les employeurs refusent les Noirs, on ne peut plus se loger pour les mêmes raisons. Et les policiers viennent tout le temps détruire nos cabanes en nous disant de rentrer chez nous. On n’ose pas sortir car on a peur d’être agressé dans la rue par des Tunisiens qui nous volent nos téléphones et notre argent », confiait à InfoMigrants le jeune homme.

Des milliers de migrants vivant en Tunisie aspirent désormais à rentrer chez eux. Depuis le début de l’année, l’OIM enregistre une hausse de 20% des demandes de « retour volontaire » de migrants établis dans ce pays du Maghreb. En parallèle, le président Tunisien, Kaïs Saïed, met la pression sur les instances internationales pour intensifier les rapatriements.

L’OIM débordée par les demandes de « retours volontaires »

Mais l’agence, débordée, peine à prendre en charge tous les dossiers. La hausse des demandes et le délai pour les traiter provoquent un goulot d’étranglement dans les structures de l’OIM. Ses quatre centres en Tunisie – qui accueillent environ 500 personnes – sont saturés.

« Le délai de traitement d’un dossier peut varier en fonction de plusieurs paramètres, tels que la situation personnelle du migrant, les procédures médicales et légales, notamment dans les cas de mineurs non accompagnés, les contraintes logistiques ou les formalités administratives liées au pays de retour », souligne l’OIM. « Le départ intervient généralement dans un délai de quelques semaines, sous réserve de la finalisation des aspects logistiques », ajoute l’agence. Car l’OIM a besoin d’un laissez-passer consulaire pour procéder au rapatriement, or les ambassades peuvent mettre beaucoup de temps à délivrer ce précieux sésame.

A lire aussi
« Si j’avais de l’argent, je paierais pour ‘me retourner’ » : l’OIM débordée face à la hausse des demandes de « retour volontaire » depuis la Tunisie

Dans ces conditions, des centaines de personnes se retrouvent alors livrées à elles-mêmes. Plusieurs témoignages de migrants recueillis par InfoMigrants font état de leur désespoir face à la situation. « On se soutient entre nous, on cotise pour acheter de la nourriture mais certains jours, je n’ai rien à manger. On n’a même pas d’eau. On en récupère un peu au système d’arrosage des propriétaires des champs », raconte Seydou. « Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi. Si j’avais de l’argent, je paierais pour ‘me retourner’ ».

Dans le même temps, depuis 2023 et un accord signé avec l’Union européenne, le gouvernement tunisien fait tout pour éloigner les exilés des côtes du pays – notamment en les expulsant dans le désert à la frontière avec l’Algérie ou la Libye – et les empêcher de prendre la mer vers l’Europe. Les traversées vers l’Italie sont ainsi quasi à l’arrêt. Au premier semestre 2025, seulement quelques 2 000 migrants ont atteint les côtes italiennes depuis les plages tunisiennes, contre plus de 10 000 à la même période l’an dernier, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur italien.

Sources: infomigrants

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page