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Marseille : un campement de jeunes migrants se déclarant mineurs évacué

Installé depuis début juillet en centre-ville de Marseille, un campement d’une quarantaine de mineurs non-accompagnés en attente de la reconnaissance de leur statut, a été évacué vendredi par les forces de l’ordre. Alors que seuls 12 d’entre eux ont été relogés, la mairie de Marseille et les associations dénoncent la décision de la préfecture.

Les forces de l’ordre ont procédé vendredi 29 août à l’évacuation d’un « campement illégal » de jeunes migrants situé en centre-ville de Marseille. Le campement d’une quarantaine de personnes, toutes se déclarant comme étant des mineurs non-accompagnés (MNA), était installé depuis le 4 juillet au niveau du square Léon Blum, dans le quartier des Réformés (1er Arrondissement).

Ces jeunes réclamaient une solution d’hébergement en attendant la réponse du juge pour enfants concernant leur recours en justice déposé pour la reconnaissance de leur minorité. Leur statut de mineur avait été rejeté lors d’une première évaluation par l’association départementale pour le développement des actions de prévention des Bouches-du-Rhône (Addap 13), la structure mandatée par le département pour prendre en charge les MNA.

Après environ deux mois d’occupation, les « 49 personnes installées illégalement » avaient été notifiées par un arrêté préfectoral daté du 27 août d’une évacuation à compter du vendredi. Cette opération « s’est déroulée dans le calme et sans incident », a indiqué la préfecture des Bouches-du-Rhône qui la justifie en raison des « troubles à l’ordre public » et des « conditions de vie des occupants de ce campement contrevenant aux principes de salubrité ».

L’administration a également informé qu’après « un diagnostique social approfondi et individualisé », « 12 personnes vulnérables » se sont vues proposer une solution d’hébergement d’urgence dans un hôtel. « Neuf autres sont parties de leur plein gré », ajoute le communiqué de la préfecture.

Une mise en danger des personnes selon les associations

En revanche, « après un examen individuel », 28 de ces jeunes exilés ont vu leur majorité être confirmée et ont fait « l’objet d’une obligation d’évacuation ». C’est donc la majorité d’entre eux qui se trouve « sans solution, dans une situation de grande vulnérabilité », indiquent des associations de défense et de soutien aux MNA.

Le 1er juillet, un collectif avait déjà écrit au préfet du département et de la région pour exiger  » la fin de la mise en danger de ces ados isolés » et appeler à privilégier l’accompagnement plutôt que des opérations policières jugées brutales et inefficaces. « Expulser sans proposer d’alternative, c’est mettre des mineur·es non accompagné.es à la rue, en contradiction avec la Convention internationale des droits de l’enfant et le principe de présomption de minorité », soulignent dans un communiqué plusieurs associations, indignées par la mesure prise par la préfecture. Légalement, le département a en effet obligation de prendre en charge les MNA.

Mais comme d’autres département dans l’Hexagone, celui des Bouches-du-Rhône se déclare débordé par les demandes. Il n’y a désormais plus qu’un seul juge pour enfants, contre une dizaine auparavant, chargé de statuer sur les recours en minorité ce qui augmente considérablement les délais de traitement (parfois jusqu’à un an).

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Environ 300 jeunes isolés étrangers seraient en attente de la reconnaissance de leur minorité à Marseille. « Et alors qu’ils devraient bénéficier d’une prise en charge par l’État, suivant le principe de présomption de minorité inscrit dans la loi, ils se retrouvent abandonnés par les pouvoirs publics », rapporte Médecins sans Frontières (MSF). Sans protection et contraints de vivre dans des squats ou des hôtels délabrés, ils n’ont pas accès à la scolarité, ni aux soins de santé, une situation d’exclusion qui aggrave ainsi leur santé mentale et physique. Vulnérables, ils sont aussi plus susceptibles d’être victimes d’exploitation. Pourtant, d’après les associations, 75 % des jeunes ayant déposé un recours finissent par obtenir gain de cause et une reconnaissance de leur statut de mineur isolé.

Bras de fer récurrent entre la mairie et la préfecture

Du côté de la mairie de Marseille, l’adjointe aux Affaires sociales, Audrey Garino, a dénoncé « une décision unilatérale de la préfecture » et a condamné « le recours aux forces de l’ordre contre ces jeunes en demande d’hébergement ».

« Malgré une baisse du nombre de mineurs non accompagnés arrivant à Marseille, nous déplorons que depuis plusieurs mois le recours à la force et l’absence de dialogue soient désormais privilégiés », a-t-elle déclaré dans un communiqué. Elle a fustigé cette évacuation qui « ne résout pas le problème » mais au contraire « ne fait que le déplacer ».

“Depuis 2020, notre position et nos engagements sont clairs et connus de tous : aucune évacuation sans mise à l’abri inconditionnelle des occupants” précise Audrey Garino qui déplore la « défaillance volontaire du Département ». « La Ville et l’État ont toujours su jusqu’alors travailler de concert pour éviter les évacuations sans prise en charge et tenter de trouver des solutions d’hébergement » souligne le communiqué.

L’opposition entre la mairie et la préfecture sur le volet des MNA n’est pas nouveau, et la tension sur le sujet récurrente. Une polémique a éclaté le 15 juillet, lorsque la présidente du département des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal avait déclaré au cours d’un conseil départemental qu’elle ne voulait plus voir de « mineurs-majeurs » les accusant d' »utiliser le système ». L’élue revendique des positions anti-migrants très marquées. Plus qu’un manque de moyens, les collectifs associatifs dénoncent unanimement un manque de volonté politique et un abandon de ces jeunes par les pouvoirs publics.

Sources: infomigrants

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